Chapitre 20

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"Un problème Merenïs ? Demanda Mereïn.
- Non, tout va bien. Dit elle d'un air absent, le regard perdu, le teint pâle."
Lanan éperonna son Aenïs, et Soïko l'imita à son tour. Mereïn craignait qu'à leur arrivée le peuple ne les insultent, mais il n'y avait pas âme qui vive dans les ruelles de la capitale. Tous les habitants étaient tapis chez eux, pas un seul sabot de cheval faisait résonner les dalles de pierre. Habituellement, à cette heure là, les gardes prenaient leur relève, les artisans fermaient boutique, ce qui causait une forte agitation dans la capitale.
« Et bien, Hëleit Döm a bien changé depuis notre dernière visite. Commenta Soïko. »
Aussitôt avait il fini sa phrase que des cavaliers arrivèrent au trop. Sermante et Miner accompagnés du capitaine de la garde se présentèrent à eux.
« Soïko, Mereïn, Merenïs, avez vous fait bonne route ? Je vois que lors Bäyel vous a prêté ses magnifiques Aenïs.
- Oui, tout va bien. Répondit Merenïs. Même si les Aenïs ne sont...
- Mais je n'ai pas l'honneur de vous connaître monsieur, puis je vous demander qui vous êtes ? Coupa Sermante à l'adresse de Lanan.
- Je me nomme Lanan. Je suis garde à Maenetrin, lord Bäyel m'a chargé de m'assurer de la sécurité de Merenïs et Mereïn.
- Et bien, cette sécurité aurait été nécessaire plus tôt, ne croyez vous pas ? »
Lanan se contenta de baisser la tête et de rougir. Soïko, sentant le malaise causé, se pencha et murmura un mot à l'oreille de Sermante. Celui ci ne paraissait pas satisfait, et fit volte-face vers le château. Une gène profonde s'installa puis Soïko emboîta le pas à Sermante, et Lanan fit de même. Les grilles du palais étaient ouvertes. Un homme accourut pour conduire les Aenïs aux écuries.
« Ça ne sera pas nécessaire, monsieur, laissez les juste dans la plaine, il sauront trouver leur chemin jusqu'à Maenetrin. Assura Lanan. »
Ils descendirent de leurs montures.

Mereïn était à présent avec Sermante et Merenïs dans une pièce ornée de nombreuses tapisseries, peu après avoir dîné.
« Très bien. Très bien. Vous êtes là saints et saufs. Maintenant racontez moi tout. Je veux d'abord savoir Mereïn ce qui s'est passé lorsque vous êtes remonté aux étages supérieurs de Vivequo pour aller chercher Uliva. J'aurais dû vous demander cela plus tôt. C'est de ma faute, Je n'aurais jamais dû vous laisser partir comme ça, c'était imprudent.
- Comment va-t-il ?
- Nous aurons le temps de parler d'Uliva plus tard Mereïn. Le plus important actuellement est de savoir qui vous pourchasse.
- Je ne me souviens plus très bien. Tout s'est passé très vite et j'ai tellement perturbé que... Je ne pensais qu'à m'enfuir.
- Je comprends, mais tu dois faire un effort. Donne moi le plus d'informations possibles.
Mereïn hésita un instant
- Uliva avait senti leur présence. Il nous a dit de nous mettre dos à dos. Puis un des hommes est apparu est s'est jeté sur lui. Il s'est approché de Deniss en pensant que c'était moi. Un de ses acolytes l'a rejoint. Je crois qu'ils voulaient m'emmener. Uliva a fait diversion et nous avons pu échapper à leur attention une seconde. Nous avons descendu les escaliers, mais deux hommes nous attendaient en bas. Soïko et Dellah sont arrivés à ce moment là. Un des étrangers m'a attrapé par l'épaule, et j'ai ressenti une drôle de sensation. J'avais l'impression de tomber dans une fosse immense. Puis j'ai pensé très fort à rester à Vivequo, et l'homme a volé en éclats. Comme du verre. Et l'autre homme s'est aussi volatilisé en un nuage de fumée.
Sermante se contentait de hocher la tête de haut en bas.
- N'as tu rien remarqué d'autre ?
Mereïn réfléchit un instant.
- Si. Cet homme. Quand je l'ai agrippé, il n'avait pas de bras. J'ai juste sentit sa manche... Rien d'autre...
Sermante le regarda impassiblement.
- Tu as rêvé, je te confirme que ces hommes sont bien humain, et que cela m'étonnerait qu'un manchot devienne mercenaire. Non, cela n'est pas vraiment une information de taille... Dit il en souriant. »
Mereïn sentait cette odeur pestilentielle de mensonge. Il fulminait de rage. Il ne pouvait supporter l'idée de ne pas savoir ce que cachait Sermante. Après tout, il allait devenir roi, ce n'est pas rien. Finalement, après son couronnement, Mereïn commençait à imaginer des multitudes de choses à changer.
« Oh mais la nuit est déjà tombée depuis le repas ! Je ne m'en étais pas rendu compte. Allez vite vous coucher et nous reprendrons cette discussion demain, qui sera une journée chargée. »
Merenïs allait dire quelque chose, mais emporté par la colère, Mereïn l'entraîna dans le couloir, sans dire au revoir.
« Qu'est ce qui ne va pas Mereïn ?
- Tu ne te rends pas compte que Sermante nous ment sur tout ! Qu'est ce que ça lui coûte de nous le dire ?
- Il a sûrement ses raisons, et parfois mieux vaut laisser les adultes gérer tout ça...
- C'est sûr, toi, tu t'en fiches, on ne va pas te passer une couronne sur la tête !
- Ça n'a aucun rapport, Mereïn !
- Bien sûr que si ! Quel roi serai je, si même mes conseillers ne sont pas honnêtes avec moi ! Je veux savoir en détails ce qu'ils savent sur nos agresseurs, et pourquoi ils ne veulent pas nous le dire.
- Mais enfin ! Tu penses bien que si ils ont une raison de ne pas te le dire, elle doit être importante ! Même Uliva, lui qui te dit tout, ne t'a pourtant rien révélé...
- C'est sûr, il est complètement frappé en ce moment !
Ils allaient franchir la herse qui séparaient le palais de la forteresse souterraine. Une large enceinte séparaient les deux parties du château, à l'intérieur même de la montagne, dans laquelle avait été creusée la forteresse, puis le palais rajouté plus tard devant celle-ci. Le lieu était plongé dans la pénombre, à peine percée par de faibles lueurs de torches alignés sur les murs.
- Et puis parlons en d'Uliva ! Où est il ? Nous ne l'avons pas vu depuis que nous sommes rentrés ! Mereïn marqua une pause car sa sœur s'était arrêtée. Merenïs, tu m'écoute ? »
  Mais elle ne l'écoutait pas. Mereïn suivit son regard et compris ce qu'elle regardait. Une vague de dégoût le fit frissonner des pieds à la tête. Il ne put s'en empêcher, il hurla, il hurla à s'en arracher la gorge, il hurla si bien que tout le palais aurait pu être réveillé. Il ne s'en souciait pas. Il avait envie de s'enfuir, mais il ne le put, ses jambes étaient de roc. Il voulait fermer ses paupières, mais il ne put y réussir.
  Au dessus de leur tête, en plein milieu de l'embrasure de l'enceinte, un homme avait été embroché sur la herse. Un filet de sang coulait lentement sur les barreaux de métal. La victime était restée suspendue dans une position grotesque, semblable à un pantin. Un horrible sourire était figé sur son visage blême et déformé par le pic qui passait en plein milieu de sa tête. Merenïs parut courageuse lorsque, s'approchant de la marre de sang qui jonchait le sol, elle se pencha. Elle s'approcha de son frère et fit face à une foule qui se densifiait peu à peu. Elle avait ramassé et tenait dans ses mains une magnifique rose noire, tachetée de gouttelettes de sang.

Les roses noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant