Faille psychologique

Epilogue

L'instant d'après, j'eus l'impression d'être foudroyé. À une vitesse inimaginable, je vis toute ma vie défiler. Mes parents, la naissance de mon frère, nos chamailleries, notre premier jour au camp, notre première bataille, notre fuite. Après la fuite, je compris. Je revivais ce qu'on avait vécu, Khaled et moi, il y a plus de 20 ans, en ayant le sentiment d'y être. Notre course dans la forêt, le brasier, l'arrivée au village, le meurtre, la tentative de fuite... La «tentative» de fuite. C'est à ce moment-là que je vis toute la scène du drame. Je revis sa chute à cheval, les coups qui défilaient et son corps mutilé. Il était donc mort ainsi, à mes côtés. Il n'était pas mort seul, nous avions ressenti la même douleur nous traverser chaque membre du corps, senti par moments les craquements de nos os lorsque ceux-ci ne pouvaient supporter les coups. Et pourtant, je suis toujours là, et lui a rejoint nos parents. En étant logique, je me rends bien compte que mon père n'a pas dû arriver à un grand âge, il est en paix désormais.

Je me réveille une nouvelle fois, déçu. J'aurai préféré ne jamais me réveiller. Après tout, qui me reste-t-il aujourd'hui ? Tous mes proches sont partis depuis longtemps, je ne sais pas ce que je fais encore ici. Tâtant mon matelas pour appeler l'infirmière, je décide d'y renoncer, de peur qu'elle n'arrive en compagnie d'hommes venue m'interroger.

J'examine la pièce de mon regard vide, quand enfin il se posa sur l'élément recherché. Je me redresse, arrachant au passage les tuyaux attachés dans mon bras. Je sors du lit difficilement, mes jambes ont l'air encore endormis, j'ai du mal à marcher. Mais j'arrive enfin à mon objectif. Jetant un regard derrière moi, je revis un instant la fillette de mon passé. L'instant d'après, c'était une femme se précipitant vers ma chambre. Elle n'aura pas le temps d'arriver avant. Je me retournai, puis fis basculer mes jambes de l'autre côté de la fenêtre.

J'arrive, Khaled.