Chapitre 9: Tombé d'ivresse

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- Alors messieurs, on s'est perdu ? L'ordre était pourtant clair. Vos talkies-walkies sont en panne ? Demanda-t-il sur un ton faussement étonné.

- Non chef, répondit mon frère, droit comme un i.

L'homme,une mauvaise lueur dans les yeux, se rapprocha de mon frère. Il se plaça à quelques centimètres de son visage et prit une grande inspiration.

- Alors dites-moi ce que vous attendez pour m'attraper ce tueur ! Hurla-t-il en déversant sur lui une pluie de postillons.

Déstabilisé par cette soudaine montée sonore, Khaled faillit faire un pas en arrière mais s'obligea à ne plus bouger.

- On nous a ordonné de fouiller tout le village, chef, répondit Khaled, forçant ses muscles à se raidir.

- Tout le village ? La maison est au nord de notre position, mes hommes ont encerclé le périmètre. Un témoin affirme avoir vue un homme courir vers une maison, alors fouiller tout le village serait une perte de temps ! Hurla le sergent en me regardant cette fois-ci.

Au moins, on possède plus d'informations. Ils pensent qu'il n'y a qu'un homme, et qu'il s'est réfugié au nord de notre position, soit assez loin de nous. Tous les agents de garde ont dû y aller, excepté deux ou trois peut-être, ce qui veut dire qu'en cas d'attaque nous avons toutes nos chances de l'emporter. Mais avant, on doit se débarrasser de lui.

- Chef, on a reçu l'ordre de fouiller la place du village, au cas où l'homme aurait des complices, dis-je en m'avançant vers lui.

Tournant la tête vers moi, je lus de l'étonnement dans ses yeux.

- Et qui vous a ordonné cela soldat ?

- Le sergent-chef, chef, répondis-je en prenant soin de ne pas vaciller du regard.

Chaque village était pourvu d'une troupe de dix à trente soldats, d'un sergent et d'un sergent- chef. Le nombre de soldats dépendait de la taille du village. En voyant ce village, il devait y en avoir une vingtaine.

- Le sergent-chef ? Répéta-t-il, semblant perdre son audace.

Il était perdu. En tant que sergent, il n'avait pas l'autorité nécessaire pour contrer un ordre de son supérieur. Néanmoins, il cherchait quand même quelque chose à nous dire, ou à nous hurler.

- Eh bien qu'attendez-vous alors ? Déguerpissez de ma vue, avant que je ne le prévienne. D'ailleurs, donnez-moi vos noms, je l'informerais que vous n'exécutez pas ses ordres, dit-il avec un sourire mauvais.

Nos noms ? Non. On ne peut pas. En tant que sergent, il devait connaître tous les noms de ceux de son poste de garde. Il ne les connaît peut-être pas physiquement, mais il leur lance des ordres grâce à son talkie-walkie et connaît tous leurs noms par cœur,contrairement à nous. Khaled jeta un regard sur le côté, attendant que je lance l'ordre convenu. Hochant la tête d'une manière presque imperceptible, je lance le signal. Soudain, nous jetons nos armes à terre. Khaled s'accroupit légèrement et tend sa jambe en direction du sergent, lui faisant lâcher un juron et le faisant tomber en arrière. De mon côté, je lui assénai un coup de poing en plein nez, si fort que sa tête heurta le sol.

Le sergent évanouit, nous le traînions au sol jusque dans une rue étroite. Vers les poubelles, nous avions aperçu plus tôt durant notre tour de ronde une bouteille d'alcool vide. Khaled la prit et la mit dans la main du soldat, qui sera sans doute trouvé plus tard dans la nuit et sera puni pour avoir bu pendant son service. Il ne sera pas renvoyé, même ceux qui commettent des crimes ne sont pas renvoyé par manque d'hommes. Des centaines meurent chaque jour, l'armée ne peut pas se permettre en plus d'en renvoyer.

Faille psychologiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant