Chapitre 1: La fuite

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Nous sommes en train de courir. La brise fraîche du vent nous donne l'impression de nous transporter dans un autre monde. Les feuilles des arbres paraissent onduler, danser au rythme du vent. Je la sens, la liberté. Pourtant,les ravages de la guerre sont toujours présents autour de nous et surtout gravés dans nos mémoires. Des maisons détruites, des familles déchirées, la vision du monde s'obscurcit après de tels événements. Mon frère a eu de plus grosses séquelles émotionnelles que moi. Entre nous deux, ça a toujours été le plus fragile. Souvent malade, j'ai toujours été là pour l'aider dans sa vie. Il est aussi très sensible, du moins il l'était. Petit, il était toujours avec notre père, qui nous a élevés seul après la mort de notre mère durant l'accouchement du benjamin. Il était toujours dans ses pattes, cherchant à l'impressionner. 

D'ailleurs,mon père est ou était lui aussi un personnage bien à lui, mais je préférais passer du temps avec ma mère et sortir pour me changer les idées après sa mort. Avant d'accoucher, elle possédait des problèmes de santé et, faute de moyens, elle a dû accoucher dans notre foyer. C'est la raison pour laquelle elle est morte. En accouchant, elle ressentait tant de douleur qu'elle n'a pas survécu.Je me souviens avec précision de cet instant là, cet instant qui me parut durer une éternité. J'étais là à sa naissance, j'essayais d'aider tant bien que mal notre mère, lui adressant les paroles classiques que l'ont dis à quelqu'un qui se bat contre la mort, en vain. Son cri hante encore parfois mes nuits, à la recherche d'un chagrin oublié. 

Mon père a été marqué lui aussi, d'une manière différente. Voir deux êtres chers en danger de mort et la perspective que sa femme va mourir est une épreuve qu'un homme ne devrait subir. Surtout pour mon père, qui avait vécu tant d'épreuves. Il était auparavant soldat et a été forcé de prendre sa retraite à cause d'une amputation à la jambe. Et même en y laissant une jambe, ses supérieurs n'ont pas trouvé meilleure idée que de lui supprimer une partie de sa retraite. 

Quoi de plus stupide ? Ils auraient dû l'augmenter et elle aurait bénéficié de soins médicaux, elle n'aurait probablement pas rejoint le monde des âmes.

Faille psychologiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant