Chapitre 6: Souffle d'exode

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Une interminable fuite. Jusqu'ici, nos vies n'ont été qu'une interminable succession fuites. Après l'incident, si on peut supposé que ça en soit un, mon cerveau était en ébullition. Nous devions partir, partir très loin, là où ils ne pourront pas nous trouver.Là où ni les soldats ne pourront nous forcer à combattre, là où il n'y aura aucun villageois chez qui tout se finirait mal. 

En fin de compte, nous ne sommes peut-être pas fait pour cohabiter. Tous les humains ne sont pas tous faits pour cohabiter. Nous devons fuir dans un endroit isoler, à des kilomètres de toute forme de vie.

Sans réfléchir, j'attrape mon frère par le bras et le tire en arrière,vers la fenêtre. Quelqu'un n'allait pas tarder à arriver, il allait découvrir le corps et penserait que c'était intentionnel. En le poussant à l'ouverture de la fenêtre, j'eus l'impression de jeter un poids mort. Il semblait incapable de réagir à ce qui venait de se produire, comme paralysé, partagé entre l'effroi et la culpabilité. Après l'avoir entendu chuter, je pris appui sur mes mains pour faire basculer à mon tour mes jambes de l'autre côté de la fenêtre. Des pas se rapprochaient, des pas précipités.

 Dans un inutile réflexe, ma tête s'est tourné de moitié, comme pour faire comprendre à mon esprit que la scène qui venait de se produire était bien réelle. J'en eut la certitude lorsque j'entendis un cri retentir du rez-de-chaussée. Il a découvert le corps. Le corps de sa fille, immaculé de sang et inconscient. En plus du coup de couteau, sa chute n'a fait qu'empirer les choses, la faisant souffrir plus encore avant sa mort. Quelle vision plus terrible quand on pense qu'il y a à peine quelque dix minutes cet homme riait à pleine voix ? Encore une victime à ajouter sur la liste. Réalisant l'erreur de mon arrêt, je saute par la fenêtre et atterris non loin de mon frère, il était cloué en deux.

Ma jambe ... Dis-t-il tandis que je me précipitais vers lui.

Voyant sa jambe, je compris qu'il avait du se faire une entorse.

Tu as du te blesser en tombant, mais je ne peux la soigner ici, on doit repartir. Cet homme va aller prévenir l'armée et nous serons accusés de meurtre.

Bras sous ses épaules, nous commencions à courir. Cette fois-ci, nous n'allons pas vers la forêt, c'est trop prévisible. Au lieu de cela,nous nous dirigeons vers la place centrale du village. Là-bas, nous pourrions trouver le nécessaire pour nous enfuir pour de bon.

On doit ralentir, on est trop repérable. On s'en tient au plan de secours.

L'obligeant à ralentir, nous marchons désormais, préférant l'ombre des arbres ou des maisons environnants. Nous progressons rapidement, passant proche de diverses maisonnettes, toutes abritant une famille.

Attends, je n'en peux plus, je dois m'arrêter, dit mon frère en se laissant tomber contre un mur.

- Khaled, on ne peut pas attendre, ils doivent déjà être à notre recherche.

Comme pour confirmer mes dires, nous entendîmes un cri assez proche retentir. Un cri mêlant rage et souffrance. Les habitants environnants ont dû accourir vers leur fenêtre après avoir entendu le cri perçant du supposé père. Je ne sais pas s'ils nous chercheront. Par les temps qui courent, beaucoup préfèrent rester cloîtrés chez eux, à l'abri des balles et des meurtriers. Chacun ses problèmes, des gens meurent chaque jour, pourquoi s'occuper des voisins quand on a la vie de sa famille et la sienne à protéger ?

Faille psychologiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant