Aujourd'hui, nous allons voir un peu de la multitude de possibilités pour tourner un texte de la manière que l'on veut. Tout d'abord, prenons un texte simple :
Mélanie se regarda dans la glace et observa attentivement ses rides. Certes elle n'avait plus vingt ans, mais elle avait encore un peu de charme dissipé. Aurait-elle de la chance envers l'homme qu'elle aimait ? Elle haussa les épaules et monta dans sa Twingo.
Ca, c'est la version totalement inintéressante, sans la moindre touchez de personnalité de la part de l'auteur. Bien sûr, c'est publiable, comme roman à l'eau de rose, mais ce ne sera pas un chef-d'oeuvre. Voyons un peu. D'abord, un point de vue neutre :
20 h 14
La femme se poste devant son miroir. Là, il y a quelques rides. Elle dégage tout de même un peu de l'aura qu'elle avait autre fois, plus jeune. Elle s'en va. Doit partir au restaurant. Elle prend sa voiture une Twingo, et enfonce la clé dans la fente. La voiture démarre. Elle doit aller voir son amoureux.
La sauce "série noire" :
Mélanie se regarda dans le miroir. C'était une femme aigrie, qui avait appris à vivre dans les quartiers, mais forte et avec la pugnacité de ces vieilles ménagères ainsi que son manque d'illusions. Elle s'observa dans le miroir crasseux de devant sa porte d'entrée. Ca devrait aller. Elle était une vieille peau, à présent, pourtant elle avait encore un certain charme. Descendant les cinq étages avant le garage du sous-sol, elle prit sa voiture et partit pour le restaurant. Elle devait voir un homme se dit-elle. Un homme dont elle ne savait presque rien, mais elle et lui avaient soi-disant entamé une relation ensemble. Elle rit de cette idée avant de s'enfoncer dans le brouillard parisien.
La version "fin de roman" :
20 heures et quart.
Mélanie se reagarde dans le miroir.
Elle a toujours ces rides, elle a toujours ces cernes, ces petits cadeaux que le temps aime vous refiler, mais ça ne fait rien. Elle sait que celui qu'elle aime n'en tiendra pas compte.
Elle descend de son immeuble. Prend sa petite Twingo.
Et dans un joyeux bruit, le voiture démarre tandis qu'elle, les mains sur le volant, sourit, sereine.
Le style Lemony Snicket :
Chapitre I
Je me souviens de bien des cas, mais celui de Mélanie est celui qui est le plus frappant. Je me fais le devoir de vous avertir que les treize chapitres qui vont suivre (et donc tout ce livre) sont non seulement tous aussi désastreux les uns que les autres, mais aussi qu'ils se terminent chacun à leur manière désastreusement, expression signifiant ici "absolument épouvantable, de l'arrivée d'un vieil ennemi à l'embrasement d'une bibliothèque, en passant par les tréfonds d'une organisation extrêmement périlleuse à pénétrer". Hélas pour elle, Mélanie était sur le point d'en faire l'expérience. Malheureusement pour vous, ses méseaventures fructueuses commencent dès le prochain paragraphe.
Ce soir-là, Mélanie se regarda dans la glace. Il s'agissait d'une femme âgée de la trentaine, voire la quarantaine, qui aimait les livres, les glaces, et les matinées ensoleillées, et qui pour une raison inexpliquée, était restée vieille fille. Ce jour-là le cours des choses aurait pu changer : Mélanie s'apprêtait à partir rencontrer un homme au restaurant.
Elle descendit jusqu'à sa voiture -une de ces vieilles Twingo dont la porte s'ouvre avec difficulté- et actionna la clé de contact. Elle s'en alla ainsi à travers les rues de la grande ville où elle habitait, et hélas où ses ennemis de longue date la guettaient de plus belle.
C'est tout pour ce soir. Je crois que je vais continuer longtemps ce segment, n'hésitez pas à me proposer de faire tel style, je m'accomplirais aussitôt. Je commence à adorer ce petit jeu de tourner les histoires de toutes les façons possibles !
Suggéré par JBSchrottenholer : Le style savant fou
Moi, au moins, j'ai du génie. Pas comme certains. Je vous jure ! il y a vraiment des fois où je me sens seul au monde. Pour tout vous dire, c'est exaspérant. Par exemple, prenons le cas d'une fille, allez, je vais vous raconter une histoire. J'ai pas écrit un livre pour rien, non ? (D'ailleurs, ce n'est pas pratique, écrire un livre par rapport à écriree une équation, on ne sait jamais quelle lettre mettre après la précédente. A noter : penser à créer une langue qui soit logique.) Oui, donc je vais vous raconter l'histoire d'une jeune femme qui m'énerve prodigieusement. Elle se nomme Mélanie, elle n'a pas de robot chez elle (même pas un minuscule petit robot-mixeur), et elle vit à Paris, dans un appartement.
Vous pouvez imaginer de la voir, là. Devant son miroir. Elle est belle, elle est bête, et elle aimerait bien un peu profiter de la vie avant la cinquantaine. Bref, elle a invité un type pour ce soir au restaurant. Au restaurant ! Alors que c'est tellement plus rapide de se faire servir dans un repas en pilules !
Bon, d'accord, soyons tolérants, tout le monde n'est pas aussi intelligent que moi. Très bien ! Mettons qu'elle va restaurant, et tant qu'on y est, tiens, elle a une auto à la place d'un tank high-tech ! Allez, on va dire une Twingo bleue ! Ouais, donc elle va au restaurant en Twingo bleue ! Allez, hop ! Bon sang, imaginer la vie de ces aliens, ça me tue ! Je me demande si ça vaut bien la peine de dominer le monde, des fois.
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Exercices de style
RandomQuelques essayages de différents styles afin de vous montrer un peu comment on peut écrire une histoire.