Métamorphes

Ca fait mal

Lundi

PDV Marie

Je courais désormais à la vitesse d'un loup, usant beaucoup de mes capacités surnaturelles pour ne pas le perdre. Aucune branche ne craquait, aucune feuille ne se froissait, je ne faisais pas le moindre bruit.
Je ne voulais pas le perdre. Je ne devais pas le perdre. S'il parvenait à m'échapper, il continuerait ses meurtres. Je ne savais toujours pas pourquoi il tuait. À mes yeux, il n'y avait aucune raison valable et logique. On ne tuait pas pour le plaisir. On n'ôtait pas la vie à un humain comme ça, simplement parce qu'on en avait envie. Ce n'était pas possible. Donc, soit il ne se contrôlait pas, soit il avait une idée derrière la tête. Ou alors, c'était un parfait psychopathe possédant des capacités surnaturelles. Je pencherais davantage pour l'une des deux dernières solutions.
Quand on se maîtrisait pas, il était rare qu'on entre dans un lycée bondé de jeunes lycéens pour ne tuer qu'une seule personne : on faisait plutôt un massacre bien sanglant. Or, il n'avait agressé qu'Alyson. Et il se contrôlait parfaitement puisque ses deux victimes avaient été tuées de la même manière ; il savait parfaitement ce qu'il faisait. C'était indéniable.

Apres bon nombre de détours, ma course me mena à la clairière. Circulaire, entourées de tous ces arbres différents, éclairées pas les rayons du soleil rares en octobre. Et silencieuse. Incroyablement et beaucoup trop silencieuse. Je ne percevais aucun son : pas de vent dans le feuillage, pas de chant d'oiseaux... rien, le néant, le calme absolu.
Je dus m'arrêter, non-pas parce que j'étais fatiguée, mais je venais de le perdre. J'avais perdu sa trace en moins de deux petites secondes.

- C'est pas vrai... je marmonnai.

Il était encore là il y a deux minutes. Je me concentrais sur mon odorat, espérant trouver une odeur particulière : Harry, Alyson, du sang, n'importe quoi. Mais là encore, je ne sentais absolument rien mise à part la terre, les végétaux et l'humidité. Ça commençait sérieusement à me mettre les nerfs à vifs : je n'avais pas franchement l'habitude de ne pas réussir ce que j'entreprenais. Merde, mais c'était impossible qu'il ait tout simplement disparu en à peine quelques secondes.

" Ha ha, secret professionnel. "

Ces quelques mots prononcés par Chris il y avait de cela quelques jours me revinrent alors en mémoire.

- Il ne manquerait plus que ça... je pestai en imaginant le désastre que donnerait un Métamorphe sanguinaire ayant la capacité de camoufler sa présence et par conséquent sa véritable nature.

La catastrophe. Le désastre. L'horreur. Et j'étais à cours de synonyme pour décrire cette situation totalement pourrie. Et de toutes manières, je n'aurais pas pu continuer mon accumulation  ( merci monsieur Martins pour cette figure de style ) bien longtemps. Une respiration rauque et chaude glissa sur mon oreille, en même temps qu'un faible craquement se faisait ( enfin ) entendre. Je réagis en moins d'une demi-seconde, faisant un bon de bien deux mètres, évitant ainsi de justesse une morsure. Crocs et griffes dehors, je toisait dans un mélange de colère, de haine et d'inquiétude mon ennemi.

Ses cheveux très foncé étaient plein de sang, tout comme sa peau et la plupart de ses vêtements. Ses lèvres légèrement entre-ouverte laissaient apercevoir des crocs sanglants tandis que ses mains aux griffes pointues étaient entièrement rouge. Il y avait même encore du sang qui coulait et tombait sur l'herbe de la clairière. Quant à ses yeux, il paraissaient encore plus horrible que ceux de ma soeur : deux disques rouge flamboyant ne révélant que haine, violence et soif de sang.
Les traits de son visage changés par sa métamorphose, je ne saurais dire avec exactitude son âge. Peut-être la vingtaine ?...

- Tu n'es qu'une gamine. Ne cherche pas à me mettre des bâtons dans les roues sinon tu risques de le regretter morveuse.

- Je ne compte pas vous laissez commettre des meurtres à votre guise, je répliquai en essayant de ne pas paraître trop intimidée.

Je n'avais jamais fait face à un autre Métamorphe, si ce n'était ma soeur que je gérais plus ou moins bien. Mais ça ne pouvait pas être pire que se retrouver face à deux Chasseurs aguerris dans une église pour arène de combat. Si ?

- Ils méritent de mourir.

- On ne mérite pas de mourir sous prétexte qu'on est seulement humain. Sinon les gens comme nous feraient un génocide sur toute la planète !

Et la dernière personne qui avait essayé avait fini par perdre la guerre...

- Tu n'es vraiment pas une flèche petite.

Et sans même que je n'ai le temps d'analyser et comprendre ces mots à moitié crachés vulgairement, le meurtrier se jeta en ma direction. J'évitai une nouvelle fois un coup de crocs et m'engageai dans un combat beaucoup plus violent que je ne l'avais imaginé. Mon adversaire, alias l'Assassin dont je ne connaissais toujours pas le nom, était bien plus fort et brutal que moi. Les griffes du Métamorphe passaient très, voire trop souvent très près de ma peau. Il était encore plus dangereux que Laura en période de Manifestation. Je commençais à comprendre que je n'avais aucune chance et qu'en me lançant à sa poursuite j'avais probablement fait la pire connerie de ma vie... Je tenais de l'atteindre au visage, mais il saisit rapidement mon poignet en y plantant profondément ses griffes. Il le tordit et serra de plus en plus fort allant jusqu'à me briser les os, m'arrachant ainsi un cri de douleur. Il en profita pour me saisir par les épaules, avant de me jeter littéralement contre le tronc d'un érable. J'en eus la respiration coupée et le choc dans ma colonne vertébrale avait été un peu trop vigoureux. Un peu plus et mes vertèbres auraient, elles aussi, finies cassées. Le monstre se rapprocha de moi, qui avait retrouvé apparence humaine à cause des blessures. Je haïssais ce genre de situation où je ne contrôlais rien pour n'être qu'une petite lycéenne sans défense. Mince à la fin ! Je possédais un don qui me faisait toujours défaut lors de moments critiques comme celui-ci.

- Pour éviter que tu ne me suive une nouvelle fois, déclara simplement l'homme avant de saisir ma cheville pour la fracturer dans un craquement sec, réduisant mes os à l'état de petits morceaux de puzzle.

Oui je sais, je suis cruelle de faire souffrir autant mon personnage ! 😁
Comme toujours, dites-moi ce que vous en pensez : ça peut m'aider à m'améliorer pour la suite !

Bizz