Métamorphes

Réunion en ennemis

Jeudi

PDV Laura

J'avais évidemment compris, bien que trop tard, que je n'étais pas sous la protection de monsieur Emilio Delaney. Maintenant, j'étais enfermée dans une chambre sans fenêtre. La seule sortie était la porte fermée à clé qui menait au couloir. J'avais bien essayé de m'échapper avant d'être ici, quand j'avais reçu les dizaines de messages envoyés par Marie au moment où les bois ne bloquaient plus réseau. Cela n'avait guère plus à mon ravisseur. J'avais été surprise de voir à quel point il était puissant. Il avait suffi d'un seul regard rouge pour me calmer et me dissuader par la même occasion de faire quelque chose de stupide. J'appréhendais. J'étais presque sûre de ne pas seulement être une jeune fille séquestrée. Il attendait quelque chose de moi c'était certain, cependant je n'avais aucune idée de ce dont il pouvait s'agir. Je n'étais pas contrôlée, pas puissante, pas spécialement intelligente et courageuse contrairement à mon aînée. Alors pourquoi moi ?

Le son de la porte qui s'ouvre m'obligea à délaisser mes pensées pour me focaliser sur la silouhette du nouveau venu : ses cheveux noirs, ses yeux noisette cernés d'or, sa peau claire, son visage hermétique n'affichant que de la froideur...  Il me fichait les jetons.

- Bonjour Laura.

- Bonjour Théo...

PDV Marie

Je refusais évidemment de le montrer, mais la situation dans laquelle je me trouvais était franchement dérangeante. Impossible de faire pire selon moi : l'humaine avait la trouille comme ce n'était pas permis, mais ma "bête intérieur" enrageait et voulait ardemment retrouver sa fierté perdue. Bien sur, je faisais en sorte de garder mes pulsions bien loin de la surface. Mieux valait éviter de commettre un meurtre ; je ne tenais pas spécialement à avoir du sang sur les mains et la conscience.

- Donc, on est bien d'accord, déclara Chris pour briser le silence de réflexion de chacun : personne ne touche à Laura, mise à part Marie. Pour ce qui est de Théo, vous faites ce que vous voulez... Mais u e fois qu'il est arrêté, on ne veut plus vous voir ici. Jamais. Cette ville et Ancestrale n'ont plus rien à se dire maintenant que vous avez le journal de Judith.

Ouais, le mauvais journal puisque c'est nous qui avions le bon. D'ailleurs, il fallait vraiment qu'on se penche sur le MoonWorld. Mais toute cette histoire de meurtre était placée en tête sur la liste des problèmes dûs à à la lycanthropie.

Brady enrageait clairement. Cela se voyait à des kilomètres. N'importe qui passant près de nous aurait rapidement compris que le Chasseur se sentait humilier et en colère. En même temps... Jamais il ne!Avait dû passer un accord avec des Changeurs, ce n'était pas dans les usages de l'organisation.

- Et comment va-t-on piéger le Tueur de San Francisco si vous ne savez même pas où il se trouve ? demanda la Chasseur.

- Si tu ne m'avais pas enlevée, je le saurais depuis bien longtemps... je marmonnai pour moi-même.

J'eus droit à un regard noir. Mes pulsions devinrent subitement plus violentes et je sentis mon pouvoir me picoter le peau. Se calmer, se calmer tout de suite. Après tout, je venais de dire la vérité. S'il ne m'avait pas enlevée, j'aurais retrouvé ma soeur depuis au moins vingt-quatre heures !

- Chaque année depuis la mort de sa famille, Théo organise un jeu durant la nuit d'Halloween. C'est notamment grâce à ce jeu morbide que je pouvais retrouver sa trace à travers le pays...

Emilio venait d'ouvrir la bouche pour ma première fois. Et de manière assez précipitée. Je ne pense pas qu'il ait peur des Chasseurs... On dirait plus qu'il cherchait à détourner l'attention vers lui plutôt que vers moi. Comme s'il avait senti que j'avais des problèmes.

- C'est une chasse à l'homme pour être exacte. Il envoie dix cartons d'invitation à dix adolescents, accompagnés d'une rose noire. Comme des idiots, chacun des joueurs se présente dans les bois et finissent par y mourir s'il ne décide pas de les transformer.

J'avais récemment appris qu'on pouvait devenir un Métamorphe grâce à une morsure. Seul les Alpha possédaient ce pouvoir lors de la pleine lune ou d'une éclipse. C'était toujours bon à savoir. Mais, parce qu'il y a toujours un mais, ma morsure pouvait avoir deux effets différents : transformer la personne qui devenait alors un Bêta, ou alors la tuer si elle n'était pas assez forte pour supporter la douleur.

- Pour univers cette année et punir en quelque sorte la ténacité de Marie, je pense qu'il va probablement se servir de Laura : il va l'affamer, et la nuit de pleine lune elle ne se contrôlera pas et tuera tout ce qu'elle trouvera.

Je palis à vue d'oeil d'après le regard inquiet de Chris. Cette nouvelle n'était pas pour me plaire, loin de là. Savoir que ma sœur serait un monstre sous l'influence de la lune n'était pas une bonne chose. C'était même une catastrophe ! Sans compter les dix abrutis finis qui allait se rendre dans les bois pour une rencontre avec la Mort en personne le trente-et-un...
Et le 31 octobre, c'était demain.

PDV Chris

Avec l'aide des Chasseurs, nous allions arpenter les bois toute la nuit demain pour éviter un massacre.
Nous étions rentrée il y a près d'une heure maintenant, et Marie n'avait toujours pas décroché un mot, enfermée dans ma propre chambre. J'en venais même à ne plus pouvoir y entrer sous peine de me prendre un déluge d'insultes au visage. Alors que c'était quand même ma maison, ma chambre et mon lit. Je soupirai. Qu'est-ce que les filles pouvaient être agaçantes.

- Tu devrais vraiment aller lui parler, déclara Emilio en s'affalant à mes côtes sur le canapé du salon. Elle va me rendre dingue à s'acharner pour contrôler son loup !

Je lui lançai un regard interrogateur en biais.

- Elle est plus puissante que moi. Alors mon loup réagit à ses humeurs et ses envies. Qu'est-ce que je n'aime pas quand l'Alpha est une femme... Elles ont toujours des dizaines d'émotions contradictoires : c'est chiant.

- Ouais bah il n'y a pas que le loup qui est chiant. Même la fille est incompréhensible. Elle a beau être intelligente et sportive...

- Et sexy.

- Elle n'en reste pas moins un véritable casse-tête !

Suivi un silence durant lequel on fixait l'écran de télévision. Le film était franchement nul, mais c'était mieux que rien. Ou pas. Je commençais à bien aimer Emilio : il ressemblait à un grand frère un peu trop franc mais très calme et posé.

- C'est à toi de lui parle, pas à moi.

- Pourquoi ? C'est pourtant toi qui peut sentir ses émotions.

- Peut-être, mais c'est toi le Gardien mec. Et puis, c'est quand même ta petite amie, pas la mienne.

- Putain, mais comment tu es au courant de ça ?!

Un sourire fut ma réponse. Merde, il ne manquerait plus qu'il nous ai entendu ce matin. Ce qui ne m'étonnerait pas vraiment venant de sa part pour être honnête.

- OK j'y vais. Mais tu n'écoute rien !

Emilio leva les mains en l'air, signe d'innocence, mais son sourire disait bien le contraire. Finalement, c'était bien d'être fils unique.

Voilà comme promis mon petit cadeau ! J'espère que ça vous a plu !