Chapitre 13

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L'ordre arriva sur le bureau de David quelques jours après la convocation à l'inspection générale : la demande de grâce de Garrand ayant été rejetée, sa date d'exécution était fixée à la semaine suivante.

Après deux reports, cette fois-ci serait-elle au moins la bonne ?

L'exécuteur et son suppléant avaient été avisés parallèlement, ainsi que les proches du condamné et les ayants-droit des victimes de Garrand, lesquelles victimes du quadruple meurtre étaient en l'occurrence ses ex-voisins.


David dut annoncer la nouvelle à Garrand.

Lorsqu'il s'approcha de sa cellule, ce dernier lui lança son sempiternel :

- C'est l'heure, n'est-ce-pas, c'est l'heure ! Vous venez me chercher ! Dieu m'a prévenu que c'était l'heure, qu'il m'attendait.

- Nous ne venons pas encore vous chercher, M. Garrand, mais c'est pour bientôt : votre ultime demande de grâce a été rejetée. La date de votre exécution est fixée à jeudi prochain, à midi. Je regrette, dit David.

- Ne regrettez rien, au contraire, Dieu m'attend depuis si longtemps. Il me l'a dit.


Il fit une sorte de signe de croix puis alla s'assoir sur le lit et se mit à psalmodier, marmonnant un flot de paroles incompréhensibles, devenu soudain imperméable à tout.

David se dit qu'au vu de la réaction de ce type, il n'y aurait sans doute pas de problème puisqu'il semblait souhaiter sa propre mort.


Il n'y eut effectivement pas de problème pendant les jours précédant l'exécution.

Le jeudi matin, « l'Electricien d'Etat » et son exécuteur-suppléant arrivèrent de bonne heure. Ils avaient pris contact par téléphone pour informer qu'ils tenaient absolument à vérifier le bon fonctionnement de la chaise électrique et à prendre en personne toutes les dispositions nécessaires au déroulement de l'opération.

David les accueillit en compagnie de Vince.


L'exécuteur était un petit homme très ordinaire avec de fines moustaches surmontées d'un nez crochu. Avec ses petits yeux enfoncés, il faisait penser à une fouine.

Le suppléant-assistant ressemblait plutôt, lui, à un cochon bien nourri qui aurait porté des lunettes rondes.

En les voyant tous les deux, David pensa que nul n'aurait pu deviner qu'il s'agissait là de deux marchands de mort.

Pendant qu'ils s'affairaient autour de la chaise électrique, on aurait plutôt dit deux garçons coiffeurs très consciencieux préparant le fauteuil afin d'accueillir un client au shampoing.

Il se demanda combien de types ils avaient bien pu expédier ad patres.

Drôle de métier, tout de même...


En fin de matinée arrivèrent peu à peu les « invités ».

David et Vince avaient donné des instructions très strictes afin qu'on vérifie scrupuleusement l'identité des personnes figurant sur la liste adressée par le bureau du procureur : pas question de laisser assister n'importe qui, ni surtout de laisser pénétrer des personnes non autorisées dans le centre.


Vers midi moins le quart, tout ce monde s'installa dans les pièces vitrées.

Ils étaient 12, en tout, à avoir fait le déplacement :

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