Chapitre 12

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La vie carcérale avait repris son cours dans le centre.

On fumait de nouveau, y compris en cellule, et le verre de bière avait réapparu sur le plateau repas du midi.

Ce matin-là, lors de l'inspection quotidienne à laquelle il n'avait pas renoncé, David s'adressa à Mac Callum, dans sa cellule vitrée du fond.

- Vous m'avez étonné, M. Mac Callum. Dans le bon sens. Vous êtes l'un des rares, avec Garrand, à n'avoir pas pris part activement à cette mutinerie...

- Mutinerie n'est guère le mot approprié, M. Chessman. Je dirais plutôt qu'il s'agissait d'un coup de force de vilains garnements que vous aviez privés de certains petits privilèges. Cela ne me concernait pas et je savais que ça ne mènerait nulle part. Cela aurait cependant pu très mal tourner. J'ai entendu parler de mutineries, des vraies celles-là, où des gardiens et des prisonniers ont été tués par dizaines. Que cela vous serve donc de leçon M. Chessman. Avertissement sans frais, du moins pour l'instant. Mais dites-moi le fond de votre pensée : je vous ai déçu. Vous m'imaginiez profitant de cet instant de diversion pour foutre le camp ou tuer tout le monde, n'est-t-il pas ? Eh non, c'est notre ami William Lucas qui est parti...

- Il n'ira pas loin, sans argent, sans rien.

- C'est vous qui le dites, M. Chessman. Je note qu'il s'est évadé depuis plusieurs jours et que tout le monde a perdu sa trace. Connaissez-vous bien Bill Lucas ?

- Je le connais de ce que j'ai pu en voir ici et de ce qui a motivé sa condamnation à la peine capitale...

- Vous ne le connaissez donc pas. Lucas est un type très malin. Pas forcément d'une grande intelligence, mais très malin, dans le mauvais sens du terme. Et aussi très rancunier. Ainsi, compte tenu de ce que j'ai pu entendre de ses propos depuis cette cellule, à la place de M. Finch, où qu'il soit, je me méfierais.

- Lucas a sans doute bien d'autres soucis en ce moment que de mettre à exécution ses vaines menaces à l'encontre de l'ex-directeur.

- Voilà qui me confirme que vous ne le connaissez pas bien, dit Mac Callum avec un sourire inquiétant.

******

Les deux policiers, fumant des cigarettes dans la voiture, attendaient devant le portail.

David et Vince montèrent à l'arrière de la Ford qui démarra doucement.

Les flics n'étaient pas loquaces. David se dit que ce voyage de presque 5 heures aller-retour qui leur était imposé pour servir de chauffeurs-escorte à un directeur et à un gardien-chef de prison ne devait pas forcément leur plaire, dérangeant sans doute leur routine.

A l'exception de celui qui conduisait, tout le monde sombra dans une sorte de demi-sommeil qui ne prit fin qu'une fois arrivés à destination.

David reconnut l'immense bâtiment où il avait été auditionné quelques semaines auparavant, lors du recrutement.

Seulement cette fois, il ne se rendait pas au bureau du personnel mais dans les services de l'inspection...

Allait-on le débarquer alors qu'il venait à peine de prendre ses fonctions ?

Il s'était en tout cas préparé à devoir répondre à nombre de questions serrées.

L'inspecteur général Burnett, son adjoint et une femme inconnue l'attendaient en buvant du café.

- Bon, que s'est-il passé au juste ? demanda l'inspecteur général. Je veux dire, avez-vous une idée des raisons pouvant avoir provoqué cette mutinerie et, surtout, comment elle a pu se produire, techniquement parlant.

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