Le Jeu Mortel (Terminée)

XVIII - Quand le maître se fait prendre à son propre jeu

Cassie regarda le visage de Mackenzie se décomposer. Elle aussi, se sentait désarçonnée par cette annonce, pourtant, ce n'était pas le moment de flancher.

— Tu mens, tu n'as fait que nous mentir, tu t'es foutu de nous ! lança-t-elle, la rage lui brûlant la gorge.

Le regard amusé de Damon la refroidit cependant. Mackenzie, subitement vaine, relâcha l'épée qui tomba lourdement au sol. Ses yeux autrefois colériques, n'étaient désormais plus que le reflet de son esprit troublé, perdu dans un océan d'idées sombres.

— Tu es à moi Mackenzie, quoi que tu fasses... Je t'ai ressuscitée. Tu es ma création. Tu me dois fidélité. Tu m'appartiens.

Les yeux du brun se radoucirent et il fit un pas vers la jeune fille, glacée de la tête aux pieds.

— Tu as mon cœur, il t'appartient, souffla-t-il avec douceur et si Mackenzie n'avait pas gagné en force, elle aurait probablement faibli devant de telles paroles. Tu es ma princesse, on peut encore tout changer, continua-t-il.

Mais Mackenzie ne se laissa pas berner. Elle ressentait tout ce qu'il ressentait. Elle devinait alors que Damon savait à quel point elle tenait à ses camarades. Elle comprit également que si sa souffrance à lui, lui était retransmise, cela devait aller de pair avec la sienne : le démon aussi était lié à elle.

Voyant en cette pensée, une possible porte de sortie, la blonde récupéra avec adresse l'épée, s'éloignant en assurant ses arrières. Les mains crispées sur l'armure, elle gagna l'autre coin de la salle. Alice et Steven, tout comme Cassie, qui se tenait désormais au côté d'Aaron reprenant ses esprits, regardaient eux aussi la scène.

Damon leva un sourcil, son arrogance détestable ne désertant pas son visage parfait. La jeune fille, un peu tremblante, se mordit les lèvres et tenta de refouler les frissons qui gagnaient sa colonne vertébrale. Tout en soufflant pour se donner du courage, elle leva son poignet. Les doigts blanchis par sa pression sur l'épée, elle approcha cette dernière de sa peau. Le regard à nouveau fixe, elle s'entailla le poignet, sous les yeux de Damon qui grimaça aussitôt en serrant les dents. Malgré la supplication de son cerveau, la jeune fille continua sa scarification.

— Liés comme tu as dit, lâcha-t-elle, la voix tremblante à cause de la douleur.

Damon, surpris et blessé, recula alors que Mackenzie, sentant sa confiance la regagner fit quelques pas vers lui.

— Ce que tu ressens, je le ressens et c'est pareil dans l'autre sens. Si je me tue, tu mourras toi aussi, bien que tu te dises immortel. Tu as commis une erreur en me ramenant d'entre les morts. Deux, même je dirais, ajouta-t-elle en enfonçant plus profondément la lame dans sa peau. La première était de croire que je t'aimerai et la deuxième, de me redonner vie.

Ses amis, tous silencieux, la regardaient mi-admiratifs, mi-compatissants.

— Jusqu'où peut aller ce lien Damon, continua Mackenzie en faisant un pas de plus. Souffrance physique ? Morale ?

La blonde se concentra alors sur les douleurs qu'elle avait subi tout au long du jeu et le visage du brun se déforma aussitôt.

— Il ressent tout ce qu'elle ressent, souffla Steven, fasciné, les yeux scrutant les deux adversaires.

— Ouvre le portail, ordonna Mackenzie durement. Laisse-nous partir et j'arrêterai de te torturer.

Damon secoua la tête en chancelant. Alors Mac se concentra un peu plus sur ses souffrances. Ce voyage émotionnel n'était pas plus agréable pour elle que pour lui.