Partie 1 - Chapitre 1

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Elle se réveille, lentement, mais le soleil l'éblouit trop.
Elle détourne le regard, à demi-fermé, laissant ses yeux parcourir ce qui l'entoure : des murs. Quatre vieux murs de terre comme elle en a vu des centaines de fois, mais c'est la première fois qu'elle se retrouve entourée par ces murs. D'habitude elle ne les voit que de l'extérieur puisque qu'elle a toujours dormi dehors comme un chien galeux.
Elle remarque que le mur en face d'elle n'a qu'un énorme trou comme entrée. Manque de porte, manque d'argent aussi sans doute. Et puis il n'y a pas à proprement parler de toit non plus : celui-ci se résume qu'à de vieux tissus usés et épais posés les uns sur les autres, reposant sur une charpente en bois approximative.

Elle s'allonge à nouveau sur le dos et ferme les yeux, fronçant les sourcils, songeuse.

Des murs... des murs... elle est entre quatre murs...dans une sorte de maison donc...mais pourquoi ?
Sur cette question, elle ouvre à nouveaux les yeux. Cette fois-ci prise de panique. Se redressant d'un coup sur la montagne de vieux coussins et tissus qui lui servaient jusqu'à lors de lit.

Que fait-elle ici ? Comment ? Quelqu'un aurait enfin eu pitié d'elle et l'aurait ramené chez lui ? Bien sûr que non, il faut qu'elle reste logique, personne ne veut d'elle. C'est certainement un trafiquant d'enfants comme il y en a beaucoup dans le pays qui l'a trouvée.
Elle se pétrifie de terreur à cette idée. Un trafic d'enfant ? Quelle horreur ! À cette pensée elle se replie sur elle-même, entourant ses fines jambes avec ses bras maigres, l'angoisse prenant largement la place dans son esprit.

Il faut à tout prix qu'elle s'en aille d'ici. Plutôt continuer à mener une vie de fantôme que d'être le jouet ou l'esclave d'elle ne sait qui.
Il faut que je m'en aille, continue-t-elle de penser, avant que quelqu'un...

Trop tard.

Une silhouette vient d'entrer par le large trou dans le mur, son ombre s'étirant de tout son long et la couvrant entièrement de la lumière qui l'éblouissait jusqu'à présent.
Elle n'ose pas tourner la tête vers l'intru, gardant ses yeux fixés sur ses genoux, tremblante de peur à l'idée de ce qu'il risque de lui arriver.
Elle continue de trembler. L'individu n'a pas bouger depuis tout à l'heure, il la fixe, elle le sait, elle le sent.

-Est-ce que ça va ?

Cette voix. Une voix masculine. Elle a déjà entendu cette voix quelque part. Mais où ? Quand ? Était-ce hier ? Hier... Elle essaie de se remémorer sa journée, toujours secouée de tremblements de plus en plus incontrôlables au fur et à mesure que sa mémoire lui revienne.

Hier. Comme toujours elle avait marché plus ou moins sans but. Puis elle est arrivée dans une autre ville. Dharamsala d'après ses souvenirs. Elle s'était finalement écroulée sur la place centrale à l'entrée de la cité et après...

-Hé...

Et après...

-Hé !

Et après qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

-Camille !

C'est à ce moment précis, lorsqu'elle a entendu son prénom que tout lui revient, cessant inconsciemment de trembler en même temps.
C'est ce garçon. Ce garçon qui l'avait trouvée mourante sur la place. Ce garçon qui lui avait adressé la parole, le premier depuis plusieurs années. Ce garçon qui l'a appelé par son vrai prénom pour la première fois. C'est ce garçon, pourtant semblables aux autres, qui a été le premier à lui tendre la main après tant de temps à avoir été rejetée par tous.

Enfances : les Élus du Cercle [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant