Partie 1 - Chapitre 16

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Je me réveille difficilement, la lumière m'éblouissant jusqu'à presque me rendre aveugle et la salle entièrement blanche ne m'aide pas vraiment à me faire retrouver la vue correctement. Il y eut un mouvement à ma droite, comme une silhouette qui se déplace, puis la lumière se fait moins claire me permettant d'ouvrir lentement les yeux. Ma vue est encore trouble pour je ne sais quelle raison. J'analyse ce qui m'entoure pour savoir où je me trouve. Je suis dans un lit en plastique avec des draps blancs, entourée de murs blancs, un rideau à ma gauche blanc lui aussi, il me semble que je suis donc dans une chambre d'hôpital. En fait je n'en sais trop rien mais la description ressemble fortement à ce que j'ai pu entendre dire à ce sujet. Mais une question persiste : pourquoi et surtout comment j'ai atterri ici ?

Je regarde mes mains, mes bras recouverts de bandage ainsi que mon front et sans doute tout mon corps également. Je dois ressembler à une vraie momie en ce moment. Des perfusions relient mon bras gauche à un sachet de sang et un autre produit transparent, et des sortes de capteurs relie ma poitrine à des étranges machines qui émettent des «bip» réguliers et autres trucs. Puis je vois une silhouette sombre à ma droite. Je tourne la tête vers elle. Mon corps me fait souffrir le martyre rien qu'en clignant des paupières, mais je fais abstraction à la douleur. Je fixe tout de même la silhouette sombre qui se dresse devant moi, peu à peu ma vue devient moins flouettée. Est-ce Papa ? Mama ? Ou bien Jay ?

Ma vision se fait nette et je croise des yeux bleus lagons. Papa n'a pas les yeux bleus, tout comme Mama ils les ont marrons, pas bleus. Et ça ne peux sûrement pas être Jay, il les a noir lui ! Mais qui c'est alors ? Je me souviens les avoir croisés quelque part pourtant.

Des images, des souvenirs me reviennent en tête tous en même temps, me provoquant une migraine abominable. La fête, la prière, la corne de brume, l'incendie, les morts, la prise d'otage, leur mise à mort. La mort de mon frère. Puis tout ce sang que j'ai versé avec cruauté et sans vergogne. Mon combat contre Uqbah le Diable borgne. Puis ces yeux bleus. Il était là. C'est à ce moment là que je les ai vu.

Je me redresse violemment en voulant parler mais aucun son ne sort et mon corps se recouche aussitôt que je me suis levée, la douleur étant insupportable encore pour le moment. Il s'approche de moi, l'air inquiet avant de s'adresser à moi.

-Non, non. Surtout ne bouge pas, tu as de multiples blessures. Calme-toi, tu es à l'hôpital. On va prendre soin de toi ne t'inquiète pas.

Il vient de me parler en anglais et je le regarde avec de grands yeux. Ce n'est pas que je n'ai pas compris, c'est juste que je suis surprise d'entendre cette langue être parlée par quelqu'un d'autre que Mama ou moi. Il me fixe un moment avant de se taper le front l'air embêté avant de reprendre pour lui-même, ne sachant pas que je comprends ce qu'il dit.

-Non mais que je suis con. C'est vrai qu'elle pige que dalle à ce que je raconte. Comment je vais faire moi maintenant ? Je suis bien dans la merde. Il me semblait pourtant que... Oh et merde...

Je ne le quitte pas des yeux. Il s'assoit lourdement sur la chaise en plastique -blanche elle aussi pour ne pas changer- à ma droite avant de mettre sa tête dans ses mains et de souffler en grand coup. Mes lèvres se lèvent en un rictus amusé. Le pauvre, si seulement il savait que j'ai parfaitement compris ce qu'il vient de dire. Au moment où j'allais lui parler, on entend quelqu'un toquer à la porte puis entrer. Le rideau me cache la vue de l'entrée mais l'homme à côté de moi doit savoir de qui il s'agit puisqu'il se lève pour se diriger vers le rideau.

Avant de disparaître derrière le tissu, il s'arrête devant mon lit et commence à bafouiller. Cherchant à faire en sorte que je le comprenne. Sauf que je comprends rien à ses bafouillages et il a dû comprendre car il souffle un coup avant de mimer des trucs. Il me montre d'abord ses deux mains, me désigne du doigt puis le lit. Rester ici, ok compris, je hoche la tête. De toutes façons où je pourrai aller vu mon état ? Il sourit puis se désigne lui-même avant de désigner le rideau. De l'autre main il ouvre et ferme sa main comme un bec de canard. Il va parler à quelqu'un. Ok compris, je hoche de nouveau la tête avec un sourire. Ce type est plutôt marrant quand même. Il me sourit avant de disparaître derrière le rideau.

Enfances : les Élus du Cercle [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant