Carpaccio, Waller et Task Force X

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- Excusez-moi de vous avoir fait attendre, Waller.

- Bonsoir Tone. Vous n'allez pas retirer votre... écharpe ?

C'est vrai qu'utiliser un bout du manteau de crâne d'œuf pour stopper le sang, c'est un peu suspect.

- Non, ça ira. Vous avez déjà mangé ?

- Non, je vous attendais, bien sûr.

Bien, on a eu notre dose de mondanités tout les deux.

- Est-il possible de me guérir ?

- Vous guérir de quoi ?

Elle commence à faire l'innocente. Je déteste ça.

- De ce que vous m'avez fait.

- Bien. Je crois qu'il est inutile de vous mentir à ce sujet. ( Merci de jouer carte sur table ! )Pendant votre inconscience, nous vous avons examiné et je crains que l'opération pour vous rendre votre ouïe vous serais fatale.

J'avoue que je n'avais pas d'espoir. Et quelque part, je pense pouvoir faire des choses avec mon don. Je sais que j'ai déjà trop tué mais là je parle de vraiment faire des choses bien. On verra...

- Que faisons-nous ici ?

- Nous allons manger.

Le petit moustachu de l'entrée arrive avec deux assiettes sous des cloches. Il les dépose dans un geste que certains qualifieraient d'élégant mais que je trouve grotesque. Il soulève les cloches et nous annonce le plat en tortillant sa moustache.

- Carpaccio de thon rouge avec sa sauce au basilic à aux olives. ( Marrant, j'ai toujours trouvé que l'accent français me cassait les oreilles, sauf que maintenant je peux le vérifier : c'est insupportable ! ) En accompagnement, assortiment de petits légumes « al dente » et confit de poivron rouge. Bon appétit !

Je goûte. Ouf ! Il casse les oreilles mais il ramène de l'or comestible, ce français !

- Comment vous trouvez, Tony ?

- Délicieux.

On mange un peu. C'est vrai, c'est très bon, mais j'ai mal à la nuque et elle a quelque chose derrière la tête ( Pas pour de vrai, c'est une expression ).

- Vous n'avez toujours pas répondu à ma question. Que voulez vous ?

- Le contrôle sur autrui. C'est mon métier.

Elle commence sérieusement à me les briser.

- Waller, cessez de tourner autour du pot.

Elle pose sa fourchette, s'essuie la bouche d'un geste cette fois-ci très élégant et me fixe droit dans les yeux. Son regard me fait peur. C'est le regard du reptile qui se tient immobile mais qui peut vous mordre à la gorge à tout moment.

- Votre opération a eu des effets imprévus. Mais ça ne veut pas dire que vous êtes inutile. Vous savez utiliser votre nouveau talent mais peut-être pas à son maximum. Nous verrons cela en temps voulu. Je veux que vous m'aidiez à assembler une équipe de gens mauvais qui pourraient faire du bien. Des gens de votre trempe.

- Vous mettez à exécution le projet Task Force X ?

- Oui. J'ai des noms, mais très peu d'informations. J'aurais besoin que vous m'en fournissiez.

- Vous voulez que je reprenne du service ?

- Oui.

J'ai un instant de réflexion. Je bois une gorgée de vin. Puis je prend mon couteau entre mes doigts.

- Et si je vous tuais ? Pour ce que vous m'avez fait et pour enfin payer les conséquences de vos actes ?

- Je ne ferais pas ça si j'étais vous.

Elle sort son téléphone et me montre l'écran. Dessus, il y a un gros bouton rouge avec marqué « detonate ».

- Ça existe vraiment cette application ?

- Nous avons placé un explosif dans votre tête pour vous aidez à coopérer et vous éliminer si besoin.

Merci d'avoir noté ton mode opératoire dans les dossiers, ça m'a déjà donné de l'avance. Je lui prend le portable des mains et j'appuie sur le bouton. Il y a une détonation vers les toilettes. Comprenant la situation, elle sort une arme de dessous la table et la braque sur mon front (Décidément, elle sort un tas de choses de dessous cette table, une vraie Mary Poppins !).

- Inutile d'en arriver là Waller. Calmez-vous, à moi de vous faire une proposition.

Elle pose son arme sur la table et croise les bras. Là, on dirait juste une gamine qui boude.

- J'ai des revendications en échange de mes services.

- J'écoute.

Réponse claire et concise, sans trop blablater. Continuons comme ça.

- Merci. Je veux que vous guérissiez ma sœur.

- De ?

- Cancer.

- Ok. Autre chose ?

Ce « ok » m'a fait du bien. Je sais ce que Waller peut faire et je sais qu'elle est largement capable de guérir Lucy.

- Liberté de mouvement. Vous en me suivez pas, vous ne savez pas où j'habite, vous n'avez qu'une oreillette pour me contacter.

- Admettons.

- En échange de cela, j'accepte de travailler avec vous.

- Pour moi.

- Non, avec.

- Admettons. Vous trouverez vos anciennes affaires à l'hôtel. Je vous donne un peu plus de détails sur votre première mission.

- Collecter les infos sur-

- Non, laissez moi finir. Pour votre mission d' « essai », vous devrez trouver et ramener une clef USB en possession d'un ancien agent de police de la Nouvelle-Orléans. Il est parti vivre sa retraite au Mexique et il est protégé par la famille Bataligni, des alliés des Falcone, la mafia de Gotham.

- Ça m'a l'air bien risqué de confier une telle mission à un simple stagiaire.

- Vous n'êtes pas un stagiaire, Tone. J'ai conscience de ce que vous savez faire. Et vous ne serez pas seul. Puisque nous n'avons pas de moyen de vous suivre ou de vous localiser-

- Ou de me faire exploser ?

Elle ne tient pas compte de la remarque.

- Vous serez accompagné d'une nouvelle agente. Une japonaise. Vous allez très bien vous entendre tout les deux.

- Son nom ?

- Elle vous le dira.

- Bon. Je crois qu'il est temps de se dire au revoir ?

- Au revoir Tony. Et une dernière chose. Je n'ai jamais voulu t'infliger ceci. Pardonne-moi.

- Vous connaissiez les risques, Amanda. Au revoir.  


Le Mélomane : Morceaux de choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant