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V I C T O R I A
Le lendemain de mon rendez-vous avec le Prince Aidan, alors que je ressassais encore ma déception, maintenant métamorphosée en énervement profond, nous eûmes toutes le droit à une visite surprise.
Ayant été accordées un long moment de détente, nous nous étions données rendez-vous dans le petit salon qui nous avait fait patienter la veille. J'étais aller rejoindre Camille qui m'avait présentée à sa sœur Leila, une jeune fille tout aussi charmante que sa jumelle... Je me rendais compte que ça me faisait du bien d'avoir des amies.
La Reine Arabella fit soudainement irruption dans la pièce. Nous nous inclinâmes toutes dans une profonde révérence. Impressionnée, j'étais tendue. Mais la Reine respirait la gentillesse et nous sourit chaleureusement. Elle nous dérida immédiatement, nous complimenta et nous rassura sur les épreuves à suivre.
Je ne sais pas si c'est la discussion animée et chaleureuse que j'avais eu avec Camille et Leila, ou le discours chaleureux de la Reine, mais il se trouve que je me sentais bien déterminée à m'épanouir et surtout à rattraper ce que j'avais perdu avec Aidan la veille.
D'ailleurs je fus bien vite mise au test. À peine une demi-heure après ma détente au salon et source de motivation, j'eu de nouveau le droit à une visite inattendue. Je discutais tranquillement avec Catherine que je considérais d'ailleurs de plus en plus comme une mère plus les minutes passaient. Jamais je n'oublierais mes parents mais si une source de confort et de douceur m'était miraculeusement envoyée, il ne se devait pas de la refuser... Alors plus les heures passaient, plus je l'acceptais, mon apaisement grandissant progressivement. Installée sur mon lit, elle sur un fauteuil, étant dans sa cinquantaine, nous avions joyeusement décidé de nous raconter des histoires drôles. Pour donner le change à celles de nos malheurs peut-être... Ironiquement.
Trois coups distincts mais nullement impolis ou exigeants, juste formels retentirent alors que nous étions en plein éclat de rire.
Catherine se pressa à la porte et je m'étalai souriante sur mon lit, en soupirant, heureuse et détendue. Mais je me relevai bien vite alors que j'entendis la voix de Catherine s'adresser avec la plus grande courtoisie possible à son interlocuteur. Interlocuteur qui n'était pas n'importe qui... Loin de là, même, puisqu'il s'agissait du Prince Aidan en personne ! Quand je reconnus sa voix, j'en eu le souffle coupé de nervosité.
Mais les sages résolutions et la motivation qui m'animaient il y a encore quelques minutes refirent bien vite surface, et c'est m'étant recoiffée machinalement à l'aide de ma main, accompagnée d'un sourire forcé mais qui se voulait franc, que je me présentai à la porte aux côtés de Catherine.
Quand le Prince me vit, un sourire sincère illumina son visage. Je ne sais pas pourquoi je décris toujours le sourire du Prince. Mais il sourit toujours. Sincèrement. Contrairement à moi... 'Victoria ne plonge pas...ne plonge pas...ne plonge pas...' La phrase résonnait dans ma tête.
Je me ressaisis et le Prince me dit:
-Je...voulais vous parler.
Il hésita:
-À propos d'hier...
Je me tournai vers Catherine qui hocha la tête comme encouragement puis me retournai vers le Prince et le suivis.
Il m'emmena jusqu'à son bureau et m'invita à m'assoir là où je m'étais installée la veille. Il se plaça en face de moi comme 24 heures plus tôt puis hésita avant de me regarder franchement puis de commencer:
-...J'ai été pensif après notre discussion hier. Je vous ai trouvé troublée...distante...et je ne voulais pas vous laisser dans cet état, à vrai dire.
J'étais sans voix. Mon trouble pathétique l'avait préoccupé? J'étais touchée. Émue. Même gênée. Inhabituée à recevoir de l'attention comme cela.
- Vous m'avez avoué hier avoir traversé de douloureuses épreuves. Voulez-vous vous confier à moi?
Face à une proposition si généreuse qui se mariait à merveille avec ma motivation récemment trouvée, il était impossible de refuser de parler. Mais que pouvais-je dire ?
Je pris finalement la parole, encouragée par le Prince qui hochait lentement la tête comme pour m'inspirer confiance. J'étais décidée, j'allais parler. M'ouvrir. Me libérer.
-Mes parents sont... décédés.
Je ne tressaillis pas. Je ne tremblai pas. J'étais forte. Je ne le regardais pas, mon regard perdu dans le vide comme si l'événement tragique qui avait bouleversé ma vie défilait tel un film, devant mes yeux. Je poursuivis, pas moins, pas plus hésitante:
-C'était il y a cinq ans...
Puis je lui ai raconté toute l'histoire. D'un coup. Ma voix chargée d'émotion, je me suis ouverte. Confiée, libérée... Enfin, tout ce que je pouvais. Parce que, je ne pouvais pas aller plus loin, c'était impossible que j'enchaîne avec 'Mais aussi... Un événement pendant mon enfance...'
Cette phrase, je finirais bien par la terminer. Mais seul ma sœur avait le droit de savoir en premier. Quand je serais prête...
La cage qui avait donné naissance à ma déception enfin ouverte, celle-ci était vide, l'oiseau était libéré. Un secret le hantait toujours, mais il volait.
Le Prince était lui aussi perdu dans ses pensées...
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L A P R I N C E S S E ♛ - Jeu de rôle
Sonstiges►Inscription Fermées◄ { Inspired by ♦La Sélection♦ de Kiera Cass } 20 Candidates. Une couronne à gagner. Un prince à conquérir. La compétition de votre vie.