Prologue

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Qui suis-je ? Où suis-je ?

N'est-ce pas le genre de questions que l'on se pose inconsciemment le matin? Lorsque nous émergeons d'une longue nuit de rêve et que l'état de semi-sommeil nous accueille.

État où notre vie se mélange au rêve. Où l'on se sent si bien, juste avant que les souvenirs bons comme mauvais, nous sautent dessus et que nous nous réveillons alors vraiment.

Mais d'habitude c'est notre chambre chaude, les volets entrouverts laissant filtrer la lumière faible du jour et notre lit moelleux qui nous accueillent.

D'habitude, n'est-ce pas votre réveil, une amie un peu folle ou même votre mère, vous annonçant qu'il est bientôt midi... qui vous réveillent? Et bien, moi aussi c'était mon quotidien: joyeux et innocent.

Mais, ce jour là, lorsque j'ai émergé du coma, dans cette chambre d'hôpital froide et sans l'odeur du parfum de mon père qu'il m'était, par habitude, tout les matins dans la pièce d'à côté. Ce jour là ces questions eurent une toute autre signification, ce jour là je sus que rien ne serait jamais comme avant.

Habitude, ce mot ne fera plus jamais parti de mon vocabulaire à présent.

Mes paupières se soulevèrent difficilement, une lumière blanche très vive, trop vive, m'accueillit, rapidement suivit d'un mal de crâne, tout aussi brutal.

Épuisée, je me frottai douloureusement les yeux et détaillai la pièce autour de moi, un lit simple recouvert de draps blanc dans lequel j'étais couchée, une télé, une table de chevet, une fenêtre aux rideaux blanc, un carrelage et des murs d'un blanc éclatant et enfin une porte noir qui faisait tâche.

Cet ensemble me rappela immédiatement une chambre d'hôpital. Les perfusions qui me piquaient les avant bras, ainsi que la robe de chambre que je portais qui semblait être fabriquée en papier, achevèrent de me convaincre. Le bip bip de la machine qui surveillait mon rythme cardiaque s'affola alors que je comprenais.

Qu'est-ce que je fais là... m'étonnai-je en fronçant les sourcils.

Mes souvenirs semblaient flous, inaccessibles et déjà le sommeil me tirait vers cet oreiller si moelleux, mais je ne sais comment je parviens à capter une image parmi toute celle que mon cerveau ne parvenait pas a traiter. Ainsi, doucement, mon passé apparut sous mon crâne.

Flashback

J'étais dans ma voiture, une douce musique dont le nom m'échappe flottait dans l'air et le paysage défilait par les fenêtres entre ouverte, laissant voir la petite ville calme que nous traversions.

Il faisait nuit et les lampadaires éclairaient légèrement notre chemin. Mon père au volant se moquait gentiment de notre débat sur la manière de cuir les crêpes, alors que ma mère soutenait mordicus qu'il fallait les cuirs lentement à feu doux, moi, assis au milieux de la banquette arrière, la contredisais en insistant.

-Il vaut mieux les faire chauffer rapidement, en les surveillant!, assurai-je

-Mais non! En faisant cela tu risque, à coup sur, de les cramer!, Avec un peu de patience, elles seront encore meilleures! rétorqua-t-elle

-Encore faut-il en avoir, de la patience, n'est ce pas Eva?, nous interrompit de nouveau mon père en riant.

Je me souviens maintenant...

Nous revenions de ce qui était censé être une surprise pour mes dix-sept ans, mes parents avaient décidés de m'offrir une magnifique journée de bateau. J'ai toujours adoré cela quand j'étais petite je rêvais de devenir capitaine d'un navire de pirate. Désespérant...

A mes 16 ans j'avais investie toutes mes économies pour passer le permis bateau et à défaut de m'offrir un bateau à moteur, par manque d'argent, ils m'avaient donc loué un Camarat, une petite merveille, et nous avions passé la journée à s'amuser sur l'eau en s'arrêtant de temps en temps sur des plages plus magnifiques les unes que les autres.

Je dis "censé " car le vingt-neuf décembre n'est pas ma véritable date d'anniversaire, à vrai dire personne ne la connaît, en réalité c'est la date du jour où mes parents m'ont trouvés.

J'étais là, toute seule, abandonnée dans la neige. Mes parents revenaient du ski le soir dans la nuit et ils m'ont vu, sur le bord de la route, enroulé dans un plaide avec pour seule objet une lettre où il n'y avait écrit que deux simples et uniques mots: "pardonne moi".

L'histoire a fait le tour des médias, comment une jeune fille de seulement quelques semaines avait pu survivre seule en pleine neige pendant des heures, peut-être même des jours?

Impossible!

La police a fait de longues recherches sur l'identité de mes géniteurs et les médias ont diffusé pendant des jours une photo de moi, espérant que ceux-ci veulent bien daigner se présenter. Mais personne ne l'a fait alors mes parents ont décidé de m'adopter.

Mon père me disait toujours que grâce à toute cette histoire j'étais devenue un véritable radiateur. Je n'avais absolument jamais froid et, d'aussi loin que remonte mes souvenirs, ne suis jamais tombée malade!

Mais comme toutes les histoires, les gens ont finit par se lasser, et je suis redevenue une anonyme comme n'importe qu'elle autre.

Je sais ce que vous allez me dire. Si ces gens ne sont pas vraiment mes parents alors pourquoi les définir comme tel? On m'a souvent posé la question et je n'ai qu'une chose à vous répondre tout simplement parce que c'est le cas. Peut-être que ce n'est pas leurs sangs qui coulent dans mes veines, mais pour moi ce sont mes vrais parents, ils m'ont élevé et ont toujours été là avec moi, pour moi, sans jamais rien me cacher et je ne les échangerai pour rien au monde car dans mon cœur ils sont et seront à jamais mes véritables parents.

- Levanah ! Eh Eva! tu m'entends ?!? Tout va comme tu veux ? Qu'est-ce qu'il y a ma puce ? m'interrompit ma mère, inquiète.

Je la regardai un moment avec étonnement avant de me rendre compte que j'avais arrêté de rire et m'étais tue depuis de longues minutes. Un sourire rassurant apparu sur mes lèvres et je lui murmurai :

-Mais oui maman, ne t'inquiète pas. J'étais juste plongée dans mes souve.... Papa attention !

Ma phrase se termina par un cri lorsque je vis le camion arriver.... Le crissement des pneus... Des cris... Le choc.... Puis plus rien... le noir complet...

Fin du flash-back

Un cri de désespoir, légèrement éraillé à cause de mon si long sommeil, s'échappa douloureusement de ma gorge. J'avais mal, horriblement mal, les larmes roulaient comme un torrent sur mes joues, ma gorge me faisait souffrir. J'avais envie de vomir et tout me paraissait trop clair, trop lumineux, pour mes pauvres yeux. Je n'en pouvais plus, je voulais que tout s'arrête, mon cœur se serrait si fort que j'avais l'impression que quelqu'un l'avait pris entre ses mains pour l'écraser.

Je criai de toutes mes forces à nouveau et me recroquevillai sur le sol carrelé, sans même savoir comment diable j'avais bien put y atterrir, arrachant au passage les perfusions. Je sentis une certaine activité autour de moi mais je n'y fis pas attention. Une véritable tempête faisait rage dans mon esprit. Les larmes coulaient toujours inlassablement tandis que je me répétai doucement : ils ne sont pas morts, ils ne sont pas morts, ils ne sont pas morts...

C'est alors que dans ce chaos, j'entendis une voix claire comme de l'eau de roche, qui résonna dans ma tête : *Tout va bien se passer, je te promets, je suis là avec toi, je ne te laisserais pas tomber princesse* puis tout redevint noir.

It's a secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant