Chapitre 2

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A mon réveil, je mis un moment pour me souvenir pourquoi je ne me trouvais pas dans mon lit confortable, avant que tout me revienne.

Ce n'était donc pas un rêve... soupirais-je intérieurement.

Je regardais autour de moi. La place du conducteur était vide et il régnait dans l'habitacle une légère odeur de plastique et de savon. Tatie avait visiblement nettoyée sa voiture il y a peu. En regardant par ma vitre fraîchement propre, je m'aperçu que nous nous étions arrêtées sur le parking d'une aire d'autoroute occupée par une seule Mégane rouge, si vieille que je doutais qu'elle puisse encore faire le moindre mètre. Épuisée, je m'étirai douloureusement, il faut dire que la voiture n'est pas le meilleur endroit pour dormir dans ma position semi-assise.

Je retirai la couette dont Marie m'avait affectueusement recouverte et détachai ma ceinture pour trouver une position plus confortable. N'ayant rien à faire, je m'intéressais au vol isolé d'une hirondelle. Je m'étonnais de sa présence en ce dimanche 15 janvier. Elle n'avait rien à faire là. Mais malgré le temps douteux elle semblait à son aise. Je secouais la tête et me pinçais le nez, cette odeur commençait à me rendre légèrement nauséeuse, il me fallait de l'air frais. Je m'extirpai donc de cet engin qui hantait mes cauchemars et inspirai un grand coup. Je refermai la porte derrière moi et m'y adossai avant de glisser doucement et d'atterrir sur le sol bétonné. Ainsi j'avais une vue imprenable sur la national qui bruissait à droite et le magasin Super  à ma gauche.

Mon portable vibra dans ma poche arrière. Je le sortis sans me presser et le déverrouillai.

Un juron s'échappa de la barrière de mes lèvres en découvrant le nombre de messages qui m'était destiné. Le petit chiffre "36" rouge au-dessus de mon application message attira mon attention et je cliquais dessus. Je découvris certain sms d'amis du lycée, d'autre du restaurant où je travaillais le week-end, pour gagner un peu d'argent de poche. Et d'autre encore, de la salle de sport à laquelle j'avais l'habitude d'aller après les cours et pendant mes temps libres.

Je m'y rendais certes pour me défouler, mais surtout pour l'ambiance et les amis que je m'étais fait là bas. On était presque devenu une team soudée et encourageante. Ils me demandaient à peu près tous si j'allais bien et quand est-ce que je revenais. Je répondis rapidement que j'allais mieux, prétextant une maladie qui me clouait au lit, et que je ne reviendrai sûrement pas avant deux ou trois semaines -même si en réalité je n'en savais rien.

Un seul sms de Tatie Marie m'annonçait qu'elle était partie acheter quelques trucs pour grignoter et que, si j'étais réveillée il ne fallait pas que je m'inquiète et que je reste au chaud. Je lui répondis un simple "Okay, je prends juste un peu l'air."

La petite dizaine qui restait était de Léa, ma meilleure amie, qui disait, en gros, qu'elle s'inquiétait pour moi et que, si je ne la rappelais pas, elle viendrait personnellement me voir. Qu'elle m'étranglerait avec mes intestins avant de me jeter au fond d'un gouffre, pour lui avoir donner aussi peur.

Ou qu'elle appellerait la police, pour disparition. Elle ne sait pas trop. Je ne pus m'empêcher de sourire.

Je décidais donc de l'appeler, préférant pouvoir la rassurer de vive voix, plutôt que de débattre des heures avec elle par messages sur le pourquoi du comment. 

Elle répondit à la troisième sonneries:  

-Ivi? Merci mon dieu! Tout vas bien? En tout cas, tu as intérêt à avoir une très, très, trèèèsss bonne raison pour m'avoir ignoré pendant un mois!, s'écria immédiatement sa voix légèrement plus aigue, à travers de l'appareil.

Je ris à l'entente du surnom affectif, même si le cœur n'y était pas. Je l'adorais et même si elle avait une certaine tendance à exagérer toujours les choses et un petit côté... comment dire... Je crois qu'il n'y a pas de mot pour décrire sa manie de parler et de rire toujours un peu trop fort et ce magnétisme qu'elle exerce sur les connards, qu'elle ose appeler "petit ami"...

It's a secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant