It's a secret

chapitre 5

Je devrais continuer ; je devrais prendre ce putain de rasoir et en finir. Mais je n'ai plus le courage. La force qui m'habitait, cette détermination a disparu. Il y a à peine cinq minute, j'étais persuadée que c'était la bonne chose à faire, qu'il ne restait plus rien pour moi dans ce bas monde, mais les souvenirs sont apparu obligeant cette détermination à disparaître. Les souvenirs de Tatie, de Léa, de mes parents... Ils sont là, et me murmure, tous ensemble avec force, que ma famille sera toujours là avec moi, pour moi, et que l'on peut être heureux, dans n'importe quelle situation. Mes parents m'aimaient et ils sont mort en pensant que je serais heureuse, que je vivrais. Ils se sont toujours battus pour que je puisse être heureuse. Jusqu'à leur propre mort, ils ont pensé à moi.

J'aimerais me dire que c'est normal d'avoir des moments de dépression après un tel choque, que de discuter dans sa tête avec un garçon imaginaire est simplement dut à un choc post-traumatique; mais je sais au fond de moi que c'est faux. Je suis égoïste et folle, en effleurant ma peau avec ce rasoir, je n'ai pas pensé une seule fois à ma meilleur amie, ma sœur de cœur, l'être en qui j'ai le plus confiance sur cette terre. Je n'ai pas pensé une seule fois à tante Marie, mon seule pilier familiale, au choc qu'elle aurait subit en me retrouvant dans sa baignoire, les veines ouvertes baignant dans une marre de sang. Je les aurais laissées seules, Tatie seule survivante de la famille Donn' et Léa détruite.

Maintenant assis dans la baignoire, recroquevillée sur moi même. Je fixe cette horrible petit objet qui aurait pu mettre fin à mes jours, en imaginant leurs réactions et les obsèques. Je revois Léa, mais elle a changé. Son éternel sourire a disparu, de même que la petite étincelle dans ses yeux, sa voix est cassée à force de crier dans le noir, ses habits brillant de mille couleurs ont été remplacés par une simple robe noir, sobre. Ses cheveux brun, d'habitude flottant autour de sa tête grâce à ses milles boucles souples, sont rassemblés en un chignon. Laissant deviner qu'elle ne s'en est pas occupé depuis un bout de temps. Elle tient la main d'une dame de soixante-quatre ans, usée par la mort, fatiguée de perdre tout les gens qu'elle aime. En un certain sens, elle se ressemble deux brunes, vêtues de noir, extenuées, se tenant devant la tombe d'une jeune femme qui ne mérite pas leur amour. D'une jeune femme qui a préférée mettre fin à ses jours plutôt que de se battre. Qu'est-ce qui m'arrive bon sang! Ce n'est pas moi ça... Cette fille désespérée, qui baisse les bras sans même essayer, sans réfléchir.... Ce n'est pas moi.

J'essuyai mes larmes avec rage.

Non, cela n'arrivera pas! Tu vas te battre Eva, tu m'entends? Tu vas te battre et tu vas être heureuse! Pour eux!

Revigorée par ces résolution, je sortis de la douche, attrapai une serviette, avant de me diriger vers ma chambre et de fouiller mon armoire à la recherche d'affaire de sport. Je dénichais un jogging et un débardeur appartenant à ma mère, elle avait surement dut les oublier. Bizarrement, porter des affaires lui appartenant me donnèrent l'impression qu'ils sont là, quelque pars à me surveiller et à me protéger.

Je me fis une rapide queue de cheval avec mes cheveux trempées. Puis, passais, avec une douceur infinie, de la pommade sur ma blessure en grimaçant de douleur, enroulais tout aussi doucement un nouveau bandage autour de mon ventre, redescendais le débardeur de manière à cacher le bandage qui formait malgré tout une bosse bien visible et pris les escaliers. Arrivée dans le salon, je pris une grande inspiration avant de rentrer dans la cuisine où Tatie m'attendait. Lorsque je la vis, une vague d'émotion afflua et je ne pus m'empêcher de la serrer dans mes bras.

-Oh Tatie! Je t'aime tellement si tu savais!, murmurais-je en la serrant de toutes mes forces comme pour la garder avec moi pour toujours.

-Heu... moi aussi je t'aime... mais là, je ne peux plus respirer ma chérie, rétorqua-t-elle d'une voix étouffée.