Courir, il me fallait fuir. Trop de révélations en même temps. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Si quelqu'un pouvait m'expliquer ? Par pitié sortez-moi de ce cauchemar !
La nuit était tombée depuis maintenant un bon moment, et depuis de longues heures je réfléchissais. J'étais encore assis sur mon lit les bras croisés collant mes genoux à mon torse, essayant de comprendre le pourquoi du comment. Je savais bel et bien que ce n'était pas en restant ici que j'allais avoir mes réponses. Un instant, mon esprit était si sombre. Je me sentais gelé sur place. Puis une envie plus forte que les autres.
Fuir, était le seul mot qui me venais en tête. À près tout, je ne suis plus à ma place ici, alors pourquoi rester ? Je me levais en sursaut du lit pour trouver dans cette chambre un sac pouvant contenir quelques affaires. Une fois ce sac trouvé, j'enfournais sans délicatesse quelques affaires : un pantalon, quelques t-shirts, une veste et des sous-vêtements ainsi que le nécessaire de toilette. Je pris aussi une lampe de poche, le peu d'argent que j'avais réussis à économiser ainsi que mon téléphone et son chargeur.
Je pris le temps de passer dans la chambre de celle que je pensais jusque-là être ma sœur pour lui embrasser le front une dernière fois. Ses longs moments à parler ensemble, de tout et de rien allaient me manquer. Elle semblait endormie, ses cheveux blonds en bataille me firent esquisser un dernier sourire avant de sortir définitivement de sa chambre. Je pris silencieusement mon blouson et le mis sur mes épaules avant de le fermer. Toujours dans le silence, je passais, ou plutôt escaladais, ma fenêtre de chambre pour enfin partir. Hors de la maison, je mis mon sac sur l'une de mes épaules, alluma ma lampe et parti en direction du premier chemin que je voyais : celui d'une forêt assez profonde que j'avais l'habitude d'aller visiter dès que j'en avais le temps. Avant.
Cette forêt dans la soirée bien avancée, n'avait pas le même aspect que le jour. En cette nuit plutôt glaciale pour un mois de mars, j'essayais à l'aide de ma lampe torche de me repérer dans cette végétation assez dense que j'avais l'habitude de côtoyer. Je me mis à courir, laissant mes jambes obéir à cette seule envie de partir. L'envie et le besoin de fuir ce que l'on m'avait dit quelques heures plus tôt. Les lieux m'étaient familiers, jusqu'au moment où la texture sous mes pieds changea. Des feuilles mortes qui auparavant jonchaient le sol quelques minutes auparavant étaient désormais des pierres de tailles moyennes. Je continuais mon chemin, mais voulant accélérer la cadence encore plus qu'avant, je me pris les pieds dans un caillou plus gros que les autres, me faisant chuter puis rouler sur le sol.
Les secondes qui me paraissaient minutes, passaient et je roulais toujours comme une boule de bowling contre les cailloux. Je fus d'un coup arrêté par un arbre, me blessant plus que je ne l'étais déjà au niveau de mon ventre. Je sentais mes lèvres qui saignaient et un goût de sang dans ma bouche me fit comprendre qu'elles étaient bien abimées. Ma hanche me faisait souffrir, pareil pour ma jambe droite. Mon bras gauche me faisait également bien mal. Dans ma chute, ma lampe de poche s'était égarée, j'essayais de voir mais mes yeux ne semblaient pas de cet avis. Je tâtais l'état de mes vêtements, ils étaient assez mal en point. Je n'avais plus ma veste, seul mon t-shirt était abimé à certains endroits. Le froid commençait aussi à glacer mon sang qui était soi-disant chaud. Le froid mordait mon corps meurtri par cette chute. Ne voulant pas mourir ici, je tentais de me relever. C'était peine perdue. Mes jambes ne supportaient même plus mon corps pourtant fin. C'était à bout de force que je m'écroulais à nouveau au sol. Autant mourir de cette manière, cela valait mieux d'apprendre à être ce que j'étais censé être. Un fils de personne, sans passé et sans avenir. Je fermais ainsi doucement les yeux, laissant couler une larme pour partir, oubliant peu à peu cette journée terrible qui allait me changer à jamais.
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