En préparant mon sac ce matin, je n'oublie pas d'y mettre mon cahier de partitions, mais surtout beaucoup de self-control. Parce que là, je fais abstraction, mais il y a ma tutrice qui est actuellement entrain de me faire la morale. Oh non, je recommence à l'écouter.
- Aiden. Ton comportement hier soir est à revoir. Impérativement. Je veux que ce soir cela ne se reproduise plus. M'écoutes-tu ? En tout cas, hier soir au dîner, tu as été impertinente. Je te rappelle que tu m'avais promis de te tenir à carreaux vu la moyenne avec laquelle tu as décroché ton diplôme. Aiden, m'écoutes-tu ?
Sans lui répondre, je descends les escaliers en vitesse, passe le hall d'entrée, et n'oublie pas de claquer la porte en partant.
Visiblement, j'ai encore oublié mon self-control.
Ce n'est que devant le regard triste de Joseph après l'avoir royalement ignoré alors qu'il avait prit la peine de hausser la voix pour me dire bonjour que je me reprends.
- Désolé Joseph, bonjour à toi aussi ! Me rattrapais-je.
Il me rends un sourire, et cela me fait l'effet d'un calmant pour cheval injecté directement dans une veine. Je me sens tout de suite mieux !
C'est toujours comme ça, je pars de chez moi avec un nuage de pluie au dessus dans la tête, et l'hôpital le chasse très vite à l'autre bout du monde.
J'aperçois Amity au loin et décide de prendre les devant.
- Bonjour Amity. Je vais dans la chambre de Mademoiselle Patrick, c'est l'histoire de dix minutes.
La tête dans ses papiers, la seule réponse qu'elle me donne est un hochement de tête à peine distinguable.
Je toque à la porte de Mademoiselle Patrick, cinq fois, comme j'ai l'habitude de le faire pour lui faire comprendre que c'est moi. J'ouvre la porte et elle tourne son fauteuil en ma direction quand elle entends le couinement distinctif d'un encadrement qui aurait besoin d'être huilé.
- Bonjour mademoiselle Patrick ! J'ai apporté quelque chose pour vous. Vous vous souvenez hier, je vous ai parlé de partitions de piano ? J'ai pensé que vous pourriez choisir un morceau.
Je lui tends le livret mais sans surprise, elle ne bouge pas d'un pouce, je le lui pose alors sur les genoux et lui lance un sourire un peu compatissant.
Compatissant plus pour moi que pour elle, je m'étais imaginée se dessiner un grand sourire plein de souvenirs sur son visage tout en me sélectionnant un titre lui rappelant sa jeunesse. Très cliché, c'est vrai, mais c'est vraiment tout ce que je lui souhaite, un éclair de bonheur.
- Je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit. Mais je joue du piano, mais je n'arrive pas a apprécier d'en jouer. Mais je crois que si c'est pour vous, cela me ferait vraiment plaisir.
Je la fixe quelques secondes, pour essayer de détecter la moindre micro expression. En vain.
- Bon, je repasserai certainement dans la journée, d'accord ? A tout à l'heure mademoiselle Patrick. Soufflais-je en lui disant au revoir de la main.
En sortant, je ne vois ni Amity, ni Tony.
Toujours pas en me faufilant discrètement dans le couloir de l'aile criminelle.
Ok, 8h45, je crois que c'est le meilleur moment pour y aller. Ils sont tous endormis à cette heure-ci.
En entrant dans le secteur criminel, une vague de panique m'envahis. Je regarde derrière moi, peut-être que ce n'est pas une si bonne idée que ça ?
Tant pis.
Je m'avance en prenant toute la délicatesse dont je dispose pour ne pas faire grincer la porte, puis me mets à la recherche d'un registre. Certes j'ai envie d'en savoir plus, mais je ne suis pas suicidaire pour autant. Hors de question que je parle au pédophile fana d'épingles a nourrice.
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OPACITY - Entre deux mondes [Green]
Science FictionLe ciel est trop bleu, les nuages sont trop blancs, l'encre est trop noire, les oiseaux grésillent autant que le monde tourne et les gens sont trop aveugles pour remarquer leurs opacités étranges.