Nous avons marché une heure et demie, interminable, difficile, sur un chemin dont on ne voyait jamais la fin.
- Amputez-moi la jambe. Supplie Jamie.
- Même chose pour la table trois. La rejoins Thomas.Emilie, en tête de file après Aaron, s'est retournée vers nous avec un grand sourire avant de parler.
- Il a trouvé un endroit où on peut poser nos tentes !
Thomas a immédiatement arrêté de se servir de ses jambes et s'est retrouvé par terre, mordant la terre. J'ai poussé un soupir de soulagement et Jamie a remercié le ciel dans un geste de prière.
Nous nous sommes rendus au fameux camp, les pieds traînants au sol, éreintés.
J'ai remercié Aaron d'un signe de la main quand il a gentiment entreprit de monter ma tente, m'évitant ainsi d'utiliser le peu d'oxygène restant dans mon corps.
Je ne me suis honnêtement jamais sentie aussi fatiguée, aussi vidée de mes sens ; et c'est seulement lorsque que j'ai relevé la tête pour regarder les grands sapins pointant vers le ciel que je me suis sentie revigorée. J'ai fermé les yeux en m'asseyant par terre, contre mon sac, et cette fois-ci je suis presque sûre qu'il y a une véritable odeur de sirop d'érable.
En tout cas, réelle ou non, elle me berce, et je me sens comme aspirée au fond de l'eau.
- Mangeons ! S'exclame Emilie.
J'émets un grognement plus proche du tractopelle en panne que de l'animal, puis j'ouvre les yeux et découvre un assortiment de nourriture, étalée comme un cadeau devant moi. Je suis presque sûre que je bave.
- J'ai dormis ? Demandais-je.
- Trente minutes minimum. Me réponds Aaron.J'hoche la tête, soupçonneuse. Comment ais-je fait pour m'endormir aussi rapidement ? Je deviens peut-être narcoleptique ? Ce qui est sûr, c'est que je suis véritablement fatiguée étant donnée que j'ai la main dans le sachet de viande séchée et que je ne m'en rends compte que lorsque je vois tout le monde me regarder avec de gros yeux.
Je l'ai retirée d'un mouvement brusque, très surprise par mon envie de détruire mes principes.- Je crois que je vais directement aller dormir. Soupirais-je.
- Tu devrais manger d'abord. S'inquiète Emilie.
- Je me lèverai tôt demain matin pour manger.Elle acquiesce, et j'espère que je vais sérieusement réussir à ne serais-ce que me lever le lendemain matin. Bizarrement, j'ai mis plus de temps que je ne l'aurai voulu à m'endormir. Je les ai écouté à la place.
-Vu qu'Aiden dort, je vais devoir vous faire part du plan seulement demain. Cependant je vous conseille de prendre des forces. (C'est la voix d'Aaron. Il s'est arrêté un temps avant de reprendre.) Mais pas trop, Thomas.
Je crois que Thomas n'a pas compris que la digestion était aussi très importante pour marcher longtemps.
- Pour l'instant ce qu'on a traversé, c'est rien. C'était un stupide chemin de randonné, tous les promeneurs passent ici, et ça implique Gisèle quatre-vingt-cinq ans qui s'échauffe avant son cours de krav-maga. Blague Emilie.
- Sachez que je la respecte, moi, Gisèle. Grommelle Thomas.Je peux entendre à sa voix qu'il a environs trois kilos de nourriture en bouche.
- Je vais aller au lit aussi, j'ai assez mangé. Dit Jamie.
Je suis presque sûre qu'elle l'a dit en dévisageant Thomas, puisque il a fait un bruit de quelqu'un qui tire la langue comme un enfant. La jeune-fille est arrivée dans la tente et j'ai fait semblant de dormir. C'est bizarre, mais je n'ai pas envie de parler. J'ai envie d'écouter, de sentir, de réfléchir, seule.
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OPACITY - Entre deux mondes [Green]
Ciencia FicciónLe ciel est trop bleu, les nuages sont trop blancs, l'encre est trop noire, les oiseaux grésillent autant que le monde tourne et les gens sont trop aveugles pour remarquer leurs opacités étranges.