Nous sommes tous assis près de la rivière, sois a toucher l'eau de notre main, soit a essayer de faire des rebonds avec des cailloux sur la surface. L'affluent reflète la couleur unique du ciel, rendant sa nappe mauve, et les ondes qui la parcourent en fabriquent les nuances, délicieuses à celui qui en prône l'existence.
- C'est violet, nuance ! S'indigne Emilie.
Je la regarde les yeux écarquillés, ayant peur qu'elle sache dorénavant lire dans les pensées.
- Quoi, vous ne le voyez pas de couleurs différentes ? S'étonne Aaron.
- Non, il est violet ! Insiste Thomas.De son côté, Jamie est toujours allongée au même endroit depuis le début de l'après-midi, pensive, ou peut-être juste l'esprit dépressif.
- Tu le vois comment toi Aiden ? Me demande Aaron.
- Violet, pour la centième fois ! Commençais-je à m'énerver.Il soupire avant de poser une main sur son menton, visiblement en train d'essayer de résoudre le mystère. Je décide, un peu en colère de ne pas être assez qualifié pour l'aider, de m'occuper en revanche de l'abri commencé par Emilie.
Elle vient automatiquement m'aider, ne se supportant pas inutile. Ce fut horriblement long et mes lombaires s'en sont retrouvées douloureuses. Lorsque que nous avons enfin terminés, le soleil commençait déjà à se coucher, et Jamie se plaignait déjà depuis trente minutes de son interdiction de bouger.
- J'en peux plus. Laissez moi au moins me tourner, mon dos est en train de se briser je rigole pas ! Gémit-elle.
Nous ne lui répondons même plus, se disant que c'est peut-être mieux ainsi.
- Je crève la dalle. Continue Jamie.
- Manger te réchaufferai trop. Répète pour énième fois Aaron.Elle lâche un énorme soupir, et nous finissons notre abri par l'installation des grandes feuilles isolantes sur le dessus. Emilie me fait signe d'essayer en première le confort, mais je lui retourne la proposition. Sans se faire prier, elle s'allonge au centre de l'abri, sur les feuilles et l'herbe fraîche disposées en guise de lit.
- C'est tellement frais ! S'exclame t-elle en fermant les yeux.
Sans plus attendre, je me jette à côté d'elle. Et là, c'est la délivrance. C'est tellement agréable, on a l'impression de baigner dans une mer de glaçon en comparaison avec la température extérieure. Peut-être que Jamie se sentirait beaucoup mieux là dessus.
- Les gars apportez Jamie, elle va se sentir beaucoup mieux là dessus. Ordonne Emilie à ma place.
Ils s'exécutent rapidement, et une fois le dos posé contre les tiges vertes et fraîches, Jamie se crispe tant l'écart de température est énorme.
Nous avons dû creuser dans la terre, enlever tous les cailloux, humidifier la terre, puis reboucher le trou avec des herbes et des feuilles pour que notre plan fonctionne. Je suis très heureuse de voir que ça a au moins servi à soulager Jamie.
- Je peux mourir ici... Souffle-t-elle.
- Hors de question, demain on repart. L'encourage Emilie.Thomas lâche un soupir, en se touchant la jambe, constatant son état. Nous avons décidé de ne pas manger ce soir, pour ne pas nous alourdir. Ce serait bien trop difficile pour nos organismes de digérer quoi que ce soit maintenant, même des baies cuites par le soleil.
Alors, quand le ciel a arrêté d'être violet, quand le soleil est allé se coucher, on s'est tous installés sur les feuilles et l'herbe, là ou Jamie s'était reposée toute la journée, et on a fermé les yeux. Pas un mot, juste le silence, la chaleur, la lourdeur,vpas un bruit de feuille qui bouge ni de plume qui tombe.
Juste, la fatigue. Comme si le monde nous jetait du sable dans les yeux pour qu'on ne les ouvre plus jamais. Notre sommeil, j'ai l'impression, n'a duré que quelques heures puisque, à mon réveil en sursaut, le ciel était encore noir. Mais j'ai vite senti une autre sensation juste après ça.
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OPACITY - Entre deux mondes [Green]
Science FictionLe ciel est trop bleu, les nuages sont trop blancs, l'encre est trop noire, les oiseaux grésillent autant que le monde tourne et les gens sont trop aveugles pour remarquer leurs opacités étranges.