CHAPITRE 15 : Little high, little low

7 0 0
                                    

Nous avons collé nos tentes pour en faire une seule et même maison, et seule nos chaleurs corporelles arrivent a nous garder un minimum chauds.

La neige ne s'est pas arrêtée une seconde de tomber ces trois derniers jours. Les flocons heurtaient le sol en boucle, et il n'y a pas eu une seule seconde où je n'ai pas souhaité qu'ils s'arrêtent. La température a chuté de même façon que notre moral et nous nous sommes vite retrouvés sans feu.

- Ça va aller, respire ok ? Chuchote doucement Emilie a Aaron, en lui caressant les cheveux.

Il se repose à l'intérieur de son sac de couchage, lui même enseveli sous une montagne de couvertures. Il est si fiévreux que Thomas a émit l'idée de faire cuire de la viande sur son front. La maladie l'a frappé d'un coup d'un seul, en même temps que la neige s'est remise à tomber du ciel.

Je joue avec le cailloux que j'ai dans le creux de ma paume depuis au moins deux jours. La culpabilité ne me quitte pas et j'en suis venue à me demander comment je faisais pour encore respirer.
Emilie, parfois, elle me lance des regards horribles. De ceux qui ne me donnent qu'envie de silence. Ses yeux ne cessent de me rappeler que je n'arrive pas à vivre avec ça. En sachant que tout le monde ici va mourir par ma faute.

« Mourir ».

Ce mot d'apparence fatale, brute, sans début ni fin. Personne ne sait ce qu'il y a après, et je ne peux pas leur promettre que tout s'y passera bien. Je ne peux même pas leur promettre qu'elle n'arrivera jamais.

Ketri se repose la tête sur ma jambe. Je suis tellement reconnaissante de sa présence. Son pelage est toujours doux et son corps toujours chaud, mais surtout il est bien le seul ami que je n'ai pas livré à la mort. Il a maigri, pourtant, et il est devenu incapable de se déplacer au milieu de tant de neige, mais il survivra. Parce que c'est son instinct.

Nous sommes tous habillés d'une couche impressionnante de vêtements, Jamie a même deux bonnets. Nous aurions plus chaud en bougeant, mais au lieu de ça nous restons tous assis dans la même tente, en ayant très froid et très faim.

- Je n'en peux plus. Lâche Emilie lorsque Aaron s'endort enfin. Je ne veux pas mourir ici, je ne veux pas mourir tout court. Je ne sais même plus pourquoi nous sommes au beau milieu de nulle part, seuls, et sans nourriture. Cela fait des jours et des jours que nous sommes partis, et je commence même à ne plus les compter ! Je ne sais plus pourquoi j'ai décidé de participer et crois moi, jusqu'ici je t'ai ménagée Aiden, mais là, il faut que je te le dise.

Elle me regarde droit dans les yeux, maintenant.

- Si on meurt tous ici ce sera de ta faute.

Cette fois, elle détourne le regard et se tourne vers les parois de la tente, pour cacher son expression. Je crois qu'elle pleure.
Ma poitrine semble se serrer de plus en plus, et l'air devenir au fur et a mesure des secondes plus difficile à respirer.

Il faut que je sorte le plus vite possible.

J'ouvre la prote de tissu et hésite devant le spectacle que découvrent mes yeux. La nature semble vouloir ma mort, le paysage est blanc à en vomir et l'épaisseur de la neige est indécente. Impossible de faire la différence entre un buisson et une pierre.

Je jette un coup d'œil derrière moi et, à la vue du regard désolé de Jamie, je pose la pied à l'extérieur. Ketri ne bouge pas et se contente de dormir, beaucoup trop faible pour me suivre dans mes lubies de pauvre humain.

Ma jambe s'enfonce dans la neige et je referme la porte ne prenant le soin de ne pas croiser le regard de qui que ce soit.

En me retournant vers l'horizon, le froid me mord immédiatement le nez et les joues. J'en viens presque à regretter ma décision, mais toujours pas suffisamment.

OPACITY - Entre deux mondes [Green]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant