CHAPITRE 14 : Because I'm easy come, easy go

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Un loup, une paroi transparente qui dessine des vagues dans l'air, des câbles contenant un liquide bleu, du sang violet qui touche le sol par gouttes, toutes ces images passent en boucle dans ma tête. Je plonge dans son sang, dans ce qui le rends humain, dans son énergie. Lui de son côté n'a plus rien en ressource, j'en ai l'héritage. Son sang touche le sol encore et encore, pendant que j'en ai le goût dans la bouche.

Je commence à prendre conscience du monde, du vrai, pas celui à l'intérieur de moi-même. J'entends des pas dans la neige, et des mots.

- Alors ? Demande une voix féminine.
- Lapin. Réponds une autre voix du même genre.
- Baies. Ajoute quelqu'un sonnant masculin.

J'ouvre les yeux et ils se posent sur un tissu qui ressemble à celui d'une tente. Je suis emmitouflée dans des couvertures, et, soudainement je trouve qu'il y en a beaucoup trop. Je me débat contre la masse de matières, énervée d'être si bloquée, d'avoir si chaud.

Je suis encore dans mes vêtements, je reconnais mon pantalon kaki. Je n'ai plus mes chaussures, et j'ai trop de paires de chaussettes. Je les enlève et fait partir mon pull et mes gants, me retrouvant en débardeur.
J'ouvre la porte de la tente et sors immédiatement dehors, posant mes pieds nus dans la neige.

Ils me regardent, encore assis devant un feu. Nous sommes dans une forêt, mais sur la droite, une plaine enneigée s'étant à perte de vue.

Jamie se lève d'un bond, court vers moi, et me prends dans ses bras. Je ferme les yeux, sa chaleur humaine me contamine, me faisant sentir connectée au monde.

- Cinq jours ! Cinq jours t'as mis à te réveiller ! On pensait vraiment pas que t'allait y arriver ! Me crie-t-elle, les larmes aux yeux.

Tour à tour, mes amis viennent m'enlacer, m'ébouriffer les cheveux, me soulever du sol, tous heureux, criant et sifflant de joie.

- C'est même pas scientifique, c'est un miracle ! S'exclame Aaron.

Tout le monde explose de rire, et je souris, n'étant pas prête a utiliser assez d'énergie pour me joindre pleinement à eux.
Soudain, je prends conscience de ce qu'à dit Jamie. Cinq jours. Cinq jours. Qu'est-ce qui s'est déroulé en cinq jours ?

Je balaye les alentours du regard et remarque des fils accrochés aux arbres, des vêtements qui y pendent. Sous un drap dépassent au pied d'un grand arbre des bûches de bois. Des boites de conserves sont posées au sol, empilées les unes sur les autres, des sachets plastiques qui reposent à leurs côtés.

Au dessus du feu est installé trois bâtons de bois. Deux qui soutiennent et un qui plane au dessus des flammes, faisant cuire quelque chose que je reconnais immédiatement être de la viande.

Sur une petite branche est accroché un arc, visiblement fait main, et, posé contre le tronc, les flèches qui l'accompagnent.

- Comment... commençais-je sans réussir à finir ma phrase.
- On est pas loin de la faille. Explique Emilie. Mais il fallait bien qu'on survive jusqu'à ton réveil.
- Vous auriez juste pu y aller sans moi...Soufflais-je.
- Et te laisser te faire enterrer par la neige ? Oui certainement, c'est ce que tous les amis font ! Réplique Thomas.

Je ne sais quoi répondre, alors je me tais. Que c'est ridicule. Je me sens inutile.

- Il y a quelque chose je peux faire ? Demandais-je.
- Te reposer. Réponds catégoriquement Aaron.
- J'ai dormis pendant cinq jours, ça va ! M'indignais-je.

Il lève les yeux aux ciel et me fait signe de le suivre. Je comprends très vite qu'il m'emmène vers l'arc.

- Voilà, on a besoin d'autres flèches, elles se cassent super vite. T'as tout ce qu'il faut ici, c'est juste un peu long donc ton aide n'est pas de refus. Me dit-il.

OPACITY - Entre deux mondes [Green]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant