Voilà plus d'une semaine que mademoiselle Patrick nous a quittés, et aujourd'hui, en ce dimanche, nous célébrons tous vêtus de noir sa fusion avec la plus profonde des terres.
En me levant ce matin, on avait déjà déposé mes vêtements de cérémonie au pied de mon lit, une robe noire beaucoup trop longue pour être portée en une autre occasion qu'une célébration macabre.
J'ai brossé mes cheveux noirs en une queue de cheval basse, pour la première fois depuis... je cherche une date dans ma mémoire mais me rends compte qu'elle n'a jamais existé.Je sais que la plus part des invités seront des employés et des patients de l'hôpital, même ceux du service médical, Clémentine ayant déjà fait de nombreux voyages entre les deux ailes, mais je me demande s'il y aura des gens de sa vie d'avant.
Des gens avec qui elle a rit en étant jeune, des gens qui la connaissaient avant que le monde ne déduise qu'elle était folle.A ma grande surprise, Thomas m'attendait en bas du perron quand je suis sortie, beaucoup trop bien habillé pour qu'il n'y ai pas d'intentions diaboliques derrière.
Je lui lance un regard interrogateur.
- Un enterrement c'est une excellente distraction quand on veut en savoir plus. Me dit-il.
- Non. Hors de question. Mademoiselle Patrick était très importante pour moi, je compte aller a son enterrement en temps qu'amie !
- Mais moi je n'étais pas son ami !
- Je ne t'ai jamais demandé de venir !
- J'ai pas dit que j'allais rester !
Je croise les bras pour bouder comme une enfant. C'est horriblement malpoli ce qu'il fait ! Mademoiselle Patrick mérite mieux.
- Bon très bien, je vais juste t'accompagner. Se résigne-t-il, faussement triste.J'ai refusé bien-sûr, mais il a insisté.
Ce fût gênant d'expliquer aux invités qu'il n'avait aucun rapport avec la personne dans le cercueil et qu'il était là juste pour les petits-fours.- Je ne suis pas là que pour les petits fours ! S'indigne-t-il.
- Ah oui pardon, il y a aussi les cupcakes. Tu en as mangé trois depuis tout à l'heure, le vieux monsieur là-bas tente de t'assassiner du regard.
- C'est pas vrai !
- Je dis juste que si tu le vois utiliser un couteau, tu devrais t'absenter aux toilettes quelques instants.Cette fois, c'est lui qui boude les bras croisés. Je lui rit au visage, ce qui me vaut le regard désapprobateur du vieux tueur en série qui voit dans Thomas sa prochaine victime.
- On fait pas tous le deuil de la même façon, tocard ! Lance-t-il en direction du vieux.
Morte de honte, je dois le tirer vers le jardin donnant sur la route dans l'objectif de ne pas revenir avant que la cérémonie ne commence pour de bon.
Je me prépare à le sermonner quand tout à coup quelque chose me coupe dans mon élan. Thomas le remarque et cherche du regard le sujet de ma perturbation.
Jay Whitelaw.
Il se fond complètement dans la masse avec son costard cravate noir, si ce n'est qu'il est arrivé dans une superbe voiture noire plus proche de la limousine que de la Peugeot 106 et qu'il est accompagné de la directrice de la section criminelle, ma formatrice, Amity Grahaam.
Thomas me tire par le bras afin de nous cacher derrière le panneau d'affichage en bois de l'église qui, dieu merci fait une taille humaine, et nous empêche d'être recroquevillés comme des mineurs de charbon.
Il me donne un coup de coude pour que je regarde par l'unique espace entre les planches de bois.
A l'instant même où je pose mes yeux sur eux, ceux de Jay rencontrent les miens et je me m'accroupis à la vitesse d'un ninja sur-entraîné en lâchant un gracieux juron.
VOUS LISEZ
OPACITY - Entre deux mondes [Green]
Science-FictionLe ciel est trop bleu, les nuages sont trop blancs, l'encre est trop noire, les oiseaux grésillent autant que le monde tourne et les gens sont trop aveugles pour remarquer leurs opacités étranges.