Onze.

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« C’est le KO. Je suis comme morte. Je me sens si vide mais à la fois tellement brisée. J’avais oublié ce que ça faisait d’être misérable. Je me souviens bien maintenant. »

Avant.

Ailis n'allait pas bien. Niall l'avait toujours su mais depuis qu'il sortait avec elle, il n'avait jamais entrevu la profondeur de sa détresse. Parce qu'Ailis était une menteuse. Elle aurait aimé se laisser aller dans ses bras et étendre l'immensité de son chagrin mais l'occasion ne s'était jamais présenté et l'irlandaise n'était pas du genre à entamer la conversation. Elle préférait souvent le silence aux conflits. C'était préférable. Elle pensait que Niall ne l'aimait pas assez pour pouvoir supporter l'une de ses crises d'hystérie et souvent, Ailis se sentait trop mal pour exprimer ses sentiments. Mais elle ne craquait pas. Jamais en la présence de Niall. Parce que jusqu'à présent, il avait toujours eu besoin d'elle. La première fois, lors de son aventure à x factor. Le télé-crochet l'épuisait plus que ce qu'il avait imaginé et les disputes rythmaient la vie du boysband. S'ils prétendaient être les meilleurs amis au monde depuis la formation du groupe, les conflits étaient nombreux. On les avait forcé à cohabiter, à vivre vingt-quatre heures sur vingt quatre ensemble, leur faisant oublier qu'ils n'étaient que des gamins de seize à dix-neuf ans qui voulaient seulement profiter de la vie. Alors, bien sûr, ils se disputaient. Souvent. Mais des disputes constructives qui consolidaient leur amitié. C'est du moins ce qu'Ailis pensait à chaque fois qu'elle voyait One direction. A chacune de ses visites, elle retrouvait un groupe différent. Plus mûre. Plus réaliste. Plus vrai. Et surtout, plus professionnel. Etre à x factor les rendait meilleurs. Seulement, ils avaient dû renoncer à leur rêve en atteignant la troisième place du podium et s'en était suivit une longue période d'interrogations et de doutes pour le blondinet. Et si, finalement, leur défaite était un signe ? Et si, finalement, il ne méritait pas de faire carrière ? Et si, finalement, sa vie était en Irlande et toutes ses tentatives pour devenir un artiste serait vaine car le Destin avait choisi que son avenir devait être celui de quelqu'un d'ordinaire ? Et si, et si, et si. Ailis avait été présente dans chacune des étapes de sa vie. Dans l'ombre, elle avait veillé à ce que son petit-ami s'accroche à son rêve et persévère alors qu'on lui disait que la carrière de One direction touchait peut-être à sa fin. Elle l'avait soutenu lorsque le groupe avait obtenu un entretient avec Simon et qu'il leur avait promis un contrat. Elle l'avait regardé sourire, reprendre vie et rassembler lui mêmes ses propres pièces pour se reconstruire et entamer leur carrière. One direction était en train de sortir de ses cendres et le blondinet se réjouissait de la nouvelle. Il n'était pas perdu, en fin de compte. Il y avait encore une chance pour lui. Mais était arrivé le moment où Niall n'avait plus eu besoin d'Ailis pour l'accompagner dans chacun de ses déplacements et la jeune femme avait mal vécu la situation. Elle se retrouvait seule en Irlande, à traîner avec les amis de Niall –qui étaient devenus les siens- et à tenter de tenir bon en attendant son retour qui ne serait tarder. Parce que si Niall arrivait à avancer sans Ailis, il ne savait pas comment vivre une semaine loin d'elle. Elle était devenue son centre de gravité et il ne supportait pas cette distance physique. Skype n'était pas la solution à tout.   Niall se rendit précipitamment jusqu'à chez Ailis, sous les encouragements de ses meilleurs amis restés dans le taxi. Harry sourit en voyant l'irlandais être aussi heureux, pensant au propre bonheur qu'il vivrait quelques années plus tard avec la femme qu'il espérait aimer autant que Niall aimait Ailis. Il s'imaginait déjà lui aussi courir sous les cris de ses amis pour retrouver sa moitié mais ce n'était pas pour tout de suite. Il devrait attendre avant d'être heureux. Et l'amour dans tout ça, ce n'était pas quelque chose qu'il connaissait encore. Bientôt, il goûterait sa première expérience aussi belle que douloureuse. Un voile se posa sur les yeux de Louis, nostalgique. Il était un Niall, avant. Il était ce garçon fou de joie, transit d'amour, passionné. Il avait aimé Hannah comme Niall aimait Ailis. Lui, il connaissait l'amour avec un grand « A », comme disent les films. Il le connaissait, oui. Mais c'était avant. Maintenant, il errait ici et là, avec son cœur brisé et l'espoir que quelqu'un vienne le réparer. Zayn ne regarda pas la scène qui se jouait devant lui, trop occupé à penser à l'amour qui l'avait unit à une femme de plusieurs années son aînée. « De l'amour ». Il sourit à cette pensée. Il ne savait pas vraiment si ce qui l'avait unit avec Rebecca en était mais il l'avait bien aimé. Juste ça. Elle était gentille. Et puis, la vie avec une femme mûre lui avait permis de grandir et de voir la vie avec une vision plus juste, moins rêveur. Mais Zayn restait un artiste et sa réalité ne correspondait pas vraiment avec celle du commun des mortels. Un frisson traversa l'échine de Liam lorsqu'il vit Niall sonner à la porte d'Ailis. Le garçon se tortillait sur place, comme s'il avait envie d'aller aux toilettes. Louis fit une remarque à ce sujet et tous rirent. Niall sembla l'avoir entendu puisqu'il se tourna vers le taxi et fit l'une des mimiques dont lui seul avait le secret. « Un truc d'irlandais », pensa Liam, un sourire collé aux lèvres. Parce que la rumeur disait vraie. Les irlandais avaient cette capacité de rendre à l'aise tout le monde, peu importe les circonstances. Mais Niall restait unique en son genre et Liam remerciait le Ciel chaque jour d'avoir mis le blondinet sur son chemin. Car si la vie n'était pas toujours facile avec lui, Liam se savait entouré pour l'affronter. Niall se tourna vers ses amis et leur fit un dernier signe de la main avant que le taxi s'éloigne, le laissant seul avec cette porte close. Il frappa à nouveau contre celle-ci, pestant contre les parents de la jolie blonde qui était encore absents. Il voulait revoir Ailis. Maintenant. Mais il était à peine huit heures et il se doutait qu'elle était profondément encrée dans les bras de Morphée, profitant de ce samedi matin pour rattraper le sommeil qui lui manquait désespérément. Niall savait pour les insomnies de la jeune femme et il se mordit la lèvre en se rendant compte que par sa faute, Ailis dormirait aussi peu. Il songea l'espace d'un instant aller faire un tour et de ne revenir que sur les coups de midi mais il était trop tard désormais. Il entendit du bruit de l'autre côté de la porte et bientôt, cette dernière s'ouvrit, laissant apparaître le corps de sa petite-amie et un sourire sincère collé aux lèvres. Ailis se hissa entre la paroi de la porte et vint enlacer Niall. C'était si bon de le retrouver.

Baisers Salés.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant