Huit.

243 14 0
                                    

« Ce sont les autres les égoïstes ! C'est égoïste de demander à quelqu'unqui crève intérieurement de rester. Parce que quand on meurt, on neressent plus. On est libéré. Et eux, ils veulent que je reste car ilsne veulent pas souffrir. Ils n'avaient qu'à être parfaits dans leurrôle de proches et je n'aurais jamais commencé tout ça car jesaurais ce qu'est le bonheur. » 

 Après.

Ailis avait fini par être trop faible pour marcher alors, Niall l'avait prise dans ses bras pour l'emmener loin de cette institution. Loin de ces malades. Loin de tous ses problèmes. Le docteur McCall avait regardé du coin de l'œil cet homme que sa jeune patiente décrivait comme son héros. Il examina sa façon de la porter, d'embrasser son front fiévreux ou encore de lui murmurer de tendres mots pour calmer les pulsations de son cœur. Et l'espace d'un instant, le psychiatre crut presque à cette idylle. Durant quelques secondes, le médecin envia presque ce couple et leur relation vicieuse. Il regretta presque la fusion qu'il y avait entre eux et qui les menaient à leur perte. Mais lorsqu'il reprit ses esprits, il se rendit compte que la plupart des patients présents regardaient le couple avec cette même envie. Certains, parce qu'ils auraient aimé être aussi forts que Niall pour accepter sa petite-amie folle. D'autres, parce qu'ils auraient aimé être cette fille bercée par l'amour d'un homme. Mais les plus jeunes, elles, ne virent en Ailis que le rêve que devait être la vie en couple avec la pop star irlandaise. Harry se tenait contre la portière de sa voiture, impassible. Il n'avait pas supporté longtemps l'ambiance qui régnait en ces lieux et les nombreuses mesures de sécurité mises en place. Il avait déjà rencontré des personnes malades. La bipolarité, c'était courant dans ce monde de strass et paillettes mais rares étaient les personnes qui avaient fait un tour en hôpital psychiatrique ou autre clinique privée. Certains avaient un traitement. Les autres, ils se contentaient de tenir debout dans un monde qui s'écroule. Alors, Harry se demanda quelle était la différence entre ceux qui habitaient ces murs et ceux qui arpentaient les rues. Et il ne trouva aucune réponse convenable. Parce que dans toutes les versions possibles, l'injustice était la seule chose qui ressortait.

Niall s'avança jusqu'à son ami, le visage creusé et les larmes étant sur le point de s'écouler. Harry s'activa à ouvrir la porte de derrière et laissa son meilleur ami glisser le corps de la jeune femme avant de prendre soin d'attacher sa ceinture mais dès l'instant qu'il claqua la porte, l'irlandais s'effondra. Il se laissa tomber sur le sol goudronneux et pleura à chaudes larmes. Il avait vraiment foiré, cette fois-ci.

*  

Niall savait qu'Ailis était fragile. Il la connaissait mieux que quiconque. Mieux encore que ses parents qui ne voyaient en elle que le sourire rayonnant qui habitaient sa bouche hypocrite. Il avait toujours été plus simple pour la jolie blonde de mentir plutôt que de dire la vérité. Assumer la vérité lui faisait peur. Comme faire face à ses démons. Elle tentait de les fuir par tous les moyens mais un jour, ils avaient été trop forts. Et Niall n'était pas là. L'irlandais essaya de se dissuader, de se dire qu'il n'était pas responsable d'Ailis mais il l'était. Quoiqu'il dise, quoiqu'il pense, la jeune femme était sous sa protection. Il était le seul à savoir pour sa dépression profonde. Le seul qui connaissait l'ampleur de ses crises qu'il savait à peu près gérer. Mais avec le temps, il était devenu fainéant. Fatigué de devoir jouer le sauveur d'Ailis. Sauf que maintenant, alors qu'elle dormait sur la banquette arrière pendant que Harry conduisait, Niall comprit que jouer ce rôle était plus acceptable que perdre la femme qu'il l'aimait. Il avait failli la perdre. Un suicide. De lâches lacérations sur ses poignets. Il les connaissait, ses cicatrices. Il connaissait chacune de leur emplacement et il pouvait deviner celles qui commençaient doucement à se former sous ses bandages. Il connaissait les émotions qui devaient habiter Ailis depuis un mois et la lâcheté dont il avait fait preuve. Trente jours sans nouvelle et il n'avait pas cherché à en avoir. A cet instant, tous les mots du monde n'auront pu apaiser le cœur tourmenté du blondinet. Il était inconsolable.

Baisers Salés.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant