Six.

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« On est insignifiant. Rien. Nothing. Nada. Le néant. Voilà ce que je suis : Un puits sans fond qui crie dans la foule pour qu'on me voie. »

Après.

Harry avait roulé une bonne partie de la nuit, Niall endormi sur la banquète arrière. L'irlandais lui avait proposé de dormir à l'hôtel et de prendre l'avion le lendemain mais le plus jeune de la bande avait refusé. Pour l'instant, il ne voulait pas dormir, juste rouler. Harry avait des problèmes qu'il ne pouvait résoudre et la route était la seule chose qui lui apportait un peu de réconfort pour rendre ses journées plus douces. Il ne dormait plus la nuit, il n'y arrivait pas. Il arrivait à grappiller quelques heures par-ci, par-là, entre deux répétitions et deux voyages pour les besoins de leur carrière mais ça s'arrêtait là. Harry n'arrivait plus à trouver le sommeil depuis qu'il avait trahi son meilleur ami.

Niall se réveilla avec le soleil. Il s'étira longuement, regretta sa position douteuse et étouffa un bâillement en voyant qu'il n'avait dormi que cinq heures et à en croire la mine fatiguée de Harry, il comprit que lui n'avait pas fermé l'œil. Encore. Il soupira.

- On arrive bientôt, lui indiqua le bouclé en fixant la route.

Niall n'avait jamais compris pourquoi Harry prenait tellement à cœur cette histoire. Lui avait réussi à le pardonner, pourquoi ne faisait-il pas la même chose ? Des deux hommes, l'irlandais était celui qui aurait dû être en colère, triste ou encore insomniaque. Mais c'était Harry qui se trouvait dans cet état et cela n'était pas passé avec le temps. Il continuait de se rendre malade pour quelque chose qui n'avait jamais vraiment existé. Tout le monde fait des erreurs mais le châtain ne voulait pas se pardonner. Il était rongé par la culpabilité et ça n'irait pas en s'améliorant. Niall le savait.

Bientôt, Harry tourna le volant à droite, se glissant entre deux places d'un parking résidentiel et mit le frein à main. Il lança un regard en coin à Niall qui n'avait pas réagi à la vue de l'immeuble devant lequel ils se trouvaient. Le bouclé soupira et décida de quitter le véhicule, l'air devenu irrespirable ici. D'une main incertaine, il saisit son paquet de cigarettes laissé dans la poche de sa veste en cuir. Il glissa l'un des cylindres entre ses lèvres et embrasa le bout. A chaque bouffée de nicotine, il sentait son corps se relâcher et sa tête se vider. Alors que le tabac lui détruisait la santé, c'était comme s'il prenait un second souffle. Niall abandonna enfin la voiture, les mains plongées dans ses poches, et devança son ami. Il ne prononça pas un mot, se contentant de se rendre jusqu'aux portes du bâtiment. Il glissa la clé dans la serrure et cala la porte avec une pierre pour que Harry puisse le rejoindre plus tard. Le blond monta une à une les marches de l'escalier jusqu'au huitième étage, celui d'Ailis. Il se doutait que ses parents ne seraient pas là –comme souvent. Aussi, il décida de sonner malgré l'heure matinale. Elle lui en voudrait sûrement pour son manque de nouvelles mais il pourrait encaisser. Depuis des semaines, il se préparait pour ce moment. Il savait exactement quoi faire et surtout, quoi lui dire. Et si vraiment elle refusait de l'entendre, Harry serait son joker. Ailis ne pourrait résister bien longtemps au regard intensément désolé du bouclé.

Mais Ailis continua de ne pas répondre et Niall commença à s'impatienter. Il n'entendait aucun bruit de l'autre côté de la porte et cela l'inquiéta. Samedi. On était samedi, Ailis ne pensait pas à mourir les week-ends. C'était une théorie stupide mais la blonde avait planifié son suicide et en avait fait part au blondinet. Pourtant, Niall se mit à avoir peur face à la porte blindée, éternellement close. Et s'il avait perdu Ailis ? Et si elle en avait eu assez de l'attendre et qu'elle avait fuit avec un autre ? Elle l'avait déjà fait. Plus ou moins. Elle pourrait le faire, à nouveau. Niall joua nerveusement avec ses mains jusqu'à ce qu'il décide de quitter l'immeuble. Il savait où elle pourrait être. Le parc qui se trouvait à côté de chez elle et qui... A peine Niall eut-il franchi la porte du bâtiment qu'il remarqua les parents de la blonde, les traits peints de chagrin, en train de parler péniblement à Harry. L'irlandais s'approcha doucement d'eux, redoutant le poids de leurs mots et l'impacte qu'ils auraient dans sa vie. Pourquoi étaient-ils dehors à une heure pareille ? Il était rare qu'ils se trouvent en ville, d'autant plus un week-end. Et Ailis, alors ? Où était-elle ?

Baisers Salés.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant