13. Je suis une tête de linotte

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Durant les deux jours qui ont suivi, j'ai beaucoup discuté avec Alena. Elle m'appelle Hamburger, je l'appelle Bradwurst, on s'amuse toutes les deux comme des folles et Haileen semble passer du bon temps avec Kim. Tout semble être rentré dans l'ordre, à l'exception du fait que j'aie une nouvelle super copine et que le grand et terrible Aaron McMillan soit maintenant en couple depuis six jours.

Ah oui, j'avais oublié ce détail : Burrito vient au lycée tous les matins avec moi maintenant. J'ai fini par arrêter de mettre mes écouteurs et hier nous avons même discuté tous les deux. Il est beaucoup plus drôle que je ne l'imaginais !

J'enfile un pull en maille puis descend dans la salle à manger. Mon frère affiche une sale tête, fixant d'un air absent son bol de céréales multicolores.

« Salut ! » je lance en tirant la chaise à côté de lui et en m'asseyant dessus.

Il ne me répond pas. J'agite alors ma main devant son visage, attendant une réaction : rien. Je hausse les épaules, c'est son problème après tout, et attrape la boîte de céréales. Plongeant ma main dans le carton, j'attrape une poignée d'anneaux multicolores que je fourre goulument dans ma bouche. Mon frère se tourne vers moi et me fixe d'un air dégoûté.

Oh non, je sais ce qu'il va faire...

« Bob, ne...

— MAMAN ! hurle-t-il en me coupant.

— Qu'est-ce qu'il y a mon poussin ? demande-t-elle en entrant dans la pièce, une serviette sur la tête et sa brosse à dents en main.

— Liv mange encore ses céréales avec ses doigts sales ! cafte-t-il.

— Mais ferme ta bouche, mes mains sont propres ! je tente de me défendre.

— Olivia, combien de fois je t'ai dit de ne pas manger les céréales directement dans le paquet, mais de prendre un bol et une cuiller ?

— Oui mais maman, ce sera salir de la vaisselle pour rien si je ne mange qu'une...

— Pas de mais ! me coupe-t-elle. Donne-moi ton portable, je te le confisque pour la journée.

— Quoi... Pour des céréales ? je m'étrangle.

— Exactement, pour des céréales. Mon médecin a dit que je devrais me faire mieux respecter à la maison pour équilibrer mon flux de je ne sais plus trop quoi...

— Bah alors commence par empêcher Bob de sortir la nuit ! », je lâche.

Le silence tombe sur la cuisine. Oups, j'avais promis à mon petit frère de ne rien dire... Il me jette un regard encore plus noir que ceux d'Haileen.

Je suis dans de beaux draps... Je ferais mieux de mettre toutes mes affaires sous clef et de l'éviter pour les trois mois à venir, vu l'ampleur de la punition que ma mère va lui donner d'ici quelques minutes.

Mais pour l'instant, il faut simplement que je fuie. Maintenant. Tout de suite.

« Oh mon Dieu mais vous avez vu l'heure ! » je m'exclame. « Je vais être en retard si je ne pars pas maintenant ! »

Je me lève, le paquet de céréales toujours en main, et cours jusque dans le vestibule où j'attrape mon manteau, mon sac et mon écharpe, et dévale les escaliers pour me précipiter au dehors. Burrito est déjà là devant mon portail, les mains dans les poches et expirant d'énormes nuages de buée.

« Hé salut Olivi... Pourquoi tu as un paquet de céréales avec toi ? »

Je jette un coup d'œil à mes mains : ah oui, mince, j'ai oublié de le reposer.

« Euh c'est pour... Un projet d'arts plastiques, j'improvise.

— Ah je vois. T'as arts pla' aujourd'hui ?

— Non ! Mais... je vais le déposer dans la salle pour être sûre de ne pas l'oublier ! », je mens.

Il va plutôt finir dans mon casier à la première occasion ouais...

« Ah et au fait ! s'exclame-t-il soudainement.

— Quoi ?

— T'as hâte d'être à la récrée de dix heures ?

— Hein ? Pourquoi ? Pour manger mon paquet de Pepito ?

— Mais non tonta !

— Hé arrête de m'insulter en espagnol Burrito ! je m'offusque.

— J'arrêterai quand tu m'appelleras par mon prénom.

— Mais tu sais que venant de moi c'est affectueux...

— Ça n'en reste pas moins blessant. Enfin bref, soupire-t-il en roulant des yeux. Comme tu ne sembles pas au courant, Aaron va faire une annonce dans la cafétéria, par rapport au truc sur Facebook.

— Quel truc sur Facebook ? je demande en fronçant les sourcils.

— Mais tu n'as vraiment rien suivi ma parole ! Laisse-moi t'expliquer... »

Le Père-Noël est un Bad BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant