20. Nous avons une discussion profonde

2.7K 479 400
                                    

(nda : je vous invite très franchement à écouter la musique avec, ça donne une ambiance et touuut )

« Alors ? Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

— Je vais au bal avec Gabriel, je lâche dans un soupir. »

Même sous sa fausse barbe et ses faux sourcils je discerne l'incompréhension d'Aaron :

« Ouais je sais, mais pourquoi tu me le dis ? Je m'en fous tu sais.

— C'est bien ce que je me disais, je soupire en fixant le bout de mes chaussures mouillées par la neige.

— Quoi, ça t'importe ce que je pense de toi ?

— Plus que je ne l'aimerais ! je m'emporte. Une fois je suis ta complice pour faire les quatre cent coups, la fois d'après tu me traites comme une étrangère ! Ça me rend folle à la fin !

— Parle moins fort, on pourrait attirer l'attention ! me reproche-t-il en chuchotant.

— Je m'en fous. J'ai des choses à dire, je les dis.

— Là tu as plutôt des choses à crier...

— Oh la ferme Aaron ! »

Pourquoi est-ce qu'il est à chaque fois comme ça d'abord, hein ? C'est tellement injuste ! Je sens les larmes me monter aux yeux...

« Olivia, viens avec moi, déclare-t-il en prenant soudainement un ton beaucoup plus posé.

— Pourquoi ? On va où ?

— Dans un endroit où tu pourras gueuler. »

Je me lève et le suis ; nous empruntons la même porte interdite aux non-employés que la dernière fois et nous nous retrouvons dans le même coin isolé.

« Allez vas-y, défoule-toi. Je suis prêt à encaisser. »

C'est marrant, mais dans ce genre de moment, les mots ne viennent plus.

« Je n'ai plus envie de crier. C'est bon ? T'es content ?

— Quoi t'es sérieuse ? Tu m'as fait arrêter mon job pour finalement me dire que tu n'as rien à me dire ?

— Euh... Ouais. Mais arrête d'agir comme si ça te tuait de devoir arrêter de faire le Père-Noël ! »

Aaron détourne le regard et fixe la hanse de sa hotte qu'il tient fermement dans ses deux mains.

« Quoi, ce job te plaît Aaron ? je déglutis.

— Ouais... »

Il a lâché ce "ouais" dans un souffle discret, comme s'il avait peur que je l'entende. Je fronce les sourcils...

« T'es vraiment bizarre comme type, tu le sais ? Qui a déjà aimé faire le Père-Noël et être l'esclave de gosses pourris gâtés toute la journée ? Personne à part toi !

— C'est compliqué Olivia...

— Compliqué comme quoi ? Comme le fait que tu passes ton temps à te comporter comme une fille qui a ses règles ? je réponds en haussant le ton.

— Je me comporte comme... Hein ? Quoi ?

— Exactement Aaron ! je continue de hurler. Tu es toujours là, à m'attirer et me repousser...

— Ce n'est pas mon intention Olivia, j'en suis vraiment navré.

— Tu peux être désolé ! Moi ça me tue ! Après je ne sais pas quoi penser et ça m'empêche de dormir !

— Mais pourquoi ? demande-t-il en fronçant les sourcils.

— Mais parce que je ne sais pas si je suis vraiment amoureuse de toi ou si c'est simplement ton effet bad boy ! », je lâche enfin en criant.

Le silence tombe ensuite. Je suis rouge de colère et essoufflée. Et honteuse aussi. Pourquoi j'ai dit ça au juste ?

« Olivia tu... Mais pourquoi m'avoir demandé de ne pas briser le cœur de Jade alors, si tu es amoureuse de moi ? Pourquoi ne pas m'avoir demandé...

— Parce que premièrement je ne l'étais pas à ce moment-là et secondement j'espérais pouvoir prouver au monde, et à moi-même surtout, que tu étais un type bien, capable de tomber amoureux.

— Je ne suis pas amoureux de Jade.

— Mais qu'est-ce qu'il te faut ?

— Je ne sais pas. Mais ce n'est pas en sortant avec quelqu'un qu'on tombe amoureux de lui. Surtout pas si l'on y est contraint...

— Tout comme ce n'est pas en humiliant quelqu'un qu'on résout un problème, je le provoque.

— Et qu'est-ce que tu aurais fait à ma place si tu es si intelligente que ça Olivia ?

— Il y a cet épisode de Black Mirror, le final de la saison 3 si je me souviens bien, qui critique justement le harcèlement sur internet et cette façon que les gens ont de prendre une victime et de la détruire par la masse...

— Tu penses vraiment que les gens seraient restés tout ce temps à regarder un épisode d'une série british ?

— Je serais allée voir la directrice, elle aurait accepté. Sans doute. On l'aurait passé devant toute l'école, ils auraient compris. J'espère.

— Toi même tu doutes de l'efficacité de ton idée ! me fait-il remarquer.

— Mais c'est que les autres sont tellement imprévisibles ! je m'emporte de manière un peu dramatique.

— C'est vrai que toi tu es bien prévisible... La vraie fille timide qui se prend un café par le bad boy qu'elle pense détester mais dont elle tombe finalement amoureuse. Comme dans les histoires sur internet ! »

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir.

« Tu lis des histoires de ce genre Aaron ? je décide de répliquer.

— Jade le fait.

— Ah tout s'explique...

— Et moi, suis-je prévisible ? poursuit-il. Suis-je réellement le bad boy qui n'est en fait qu'un adolescent avec des problèmes familiaux parce que mon père passe son temps dans son bureau et que ma mère est plus souvent à l'hôpital qu'à la maison à cause de sa maladie ?

— Aaron je ne savais pas... Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

— Pourquoi je te l'aurais dit ? Personne n'est au courant, lâche-t-il l'air soudainement beaucoup moins inquiétant que d'habitude. »

Nous avons tous les deux l'air grave, et le silence s'abat sur notre petit carré de bitume délimité par quatre murs de béton. C'est bien triste comme endroit de confidence, mais c'est le nôtre. Soudain...

« Aaron, est-ce que c'est... »

[bon techniquement on est encore le 20 sur la moitié de la planète donc je suis pas tellement en retard T-T]

Le Père-Noël est un Bad BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant