Je me réveillai en sursaut, le souffle coupé, quelques perles de sueur sur mon front et une douleur agonisante me déchirant de l'intérieur. La première pensée qui me vint à l'esprit fut l'image de l'homme vêtu de noir qui se tenait au bas de l'immeuble. Enzo. C'était lui, ça ne pouvait être que lui.
"Tu es toujours aussi jolie lorsque tu dors"
Je sursautai à nouveau lorsqu'une voix imposante éclata dans la pièce. Je tournai alors ma tête vers l'origine de cette voix et vis l'homme qui me hantait depuis maintenant deux ans. Il avait changé. Il était plus... sombre; comme si une aura morbide flottait autour de lui. On ne pouvait déceler aucun sentiment sur son visage inexpressif dont les traits qui jadis étaient délicats, s'étaient à présent endurcis.
Mon regard tomba alors sur ses lèvres tachées de liquide cramoisi, il passa alors sa langue sur sa lèvre inférieure et s'y attarda, comme s'il voulait goûter tous les mots qu'il aurait voulu avoir le courage de dire, comme s'il voulait connaitre la douceur et l'amertume de ces mots qui ne furent et ne seront probablement jamais prononcés. Comme s'il voulait se remémorer le gout de mes lèvres sur les siennes.
Mes yeux voyagèrent alors sur le long de son corps. Il était beaucoup plus imposant qu'avant et je pouvais le remarquer même à travers ses habits de teintes obscures. Je remarquai une fois encore le tatouage de chiffres romains sur la base de son cou, me demandant ce que ces nombres pouvaient bien symboliser.
Il avait changé, je ne pouvais nier cela. Mais dès qu'il eut levé la tête à nouveau afin de croiser nos regards, mon cœur rata un battement. Tout avait changé. Lui. Moi. Les circonstances. La situation entière avait changé. Mais je ressentais tout de même cette pointe de folie qui envahissait mon esprit lorsqu'il me regardait de ses yeux sombres. Et je me demandai alors ce qui était plus beau : ses yeux ambrés qui pouvaient déceler tous les secrets du monde ou les sensations qui s'emparaient de moi lorsqu'il plongeait son regard dans le mien ?
"A ce que je vois, je t'intimide toujours autant. Moi qui croyais que tu avais changé..." dit-il d'une voix rauque
"J'ai changé." dis-je convaincue, comme s'il suffisait que je prononce ces mots avec assez d'assurance pour que je puisse y croire
"Oh vraiment ?" rétorqua-t-il avec son fameux sourire arrogant
"Vraiment."
"A ce que l'on m'a dit, tu es la terreur qui rode dans les rues sombres de New York mais tout ce que je vois devant moi est une femme confuse et intimidée-" commença-t-il
"C'est vrai. Je suis la terreur qui rode dans les rues sombres de New York, prête à attaquer à tout moment. Je me fais appeler Calamità mais 'L'ange de la mort' serait un surnom plus adéquat car partout où je vais, je sème la tempête et je laisse un chaos. Je leur vends du rêve mais je suis leur pire cauchemar. J'arrache la vie et je peints le désastre. Alors fais attention Vescovi, tu pourrais être ma prochain victime."
Il ne dit rien. Il laissa le silence combler l'espace, ne quittant jamais mes pupilles du regard. Je ne fis aucune remarque mais les secondes se transformèrent en minutes et les minutes s'écoulaient lentement, trop lentement, mais il n'avait toujours pas détaché le regard de mes iris.
"Que fais-tu ?" demandai-je déconcertée
"Je cherche l'ancienne Avalon, comme si je pouvais revoir son reflet dans tes yeux." murmura-t-il
"Tu ne la trouveras pas."
"Pourquoi cela ?" demanda-t-il à son tour
"Parce que tu l'a détruite."
J'aperçus de la culpabilité inonder son regard mais il ferma instantanément les yeux pour les rouvrir quelques secondes plus tard et cette fois-ci, son regard était vide, comme toujours. Je pouvais voir clairement qu'il avait perdu les mots, mon honnêteté l'avait pris au dépourvu et il ne savait comment agir à présent.
"Pourquoi es-tu là ?" demandai-je alors
"Tu as passé les deux dernières années à me chercher. N'es-tu pas heureuse de me revoir ?" répondit-il
Je lâchai un rire amer "La seule raison pour laquelle je t'ai cherché était pour assouvir ma vengeance"
"Alors qu'attends-tu ?" demanda-t-il
À ces mots, je souris de manière arrogante avant de le plaquer contre le mur. Je lui donnai un coup de genou dans le ventre et il se plia, suffocant à cause de ma brutalité. Je sortis alors une dague d'argent et la plaçai sur son cou. Je le regardai alors de mes yeux embués avec un sourire vainqueur comme pour lui montrer que moi aussi je pouvais l'intimider. Mais il ne semblait guère surpris.
Je pressai la lame contre sa peau et quelques gouttes de sang s'évadèrent, comme des pétales de roses rouges coulant de l'orifice de la terre. Je faillis me perdre à nouveau dans ses yeux mais je m'en empêchai subitement, la réalité m'aurait rattrapé tôt ou tard alors à quoi bon se perdre dans le labyrinthe que forment ses yeux noisettes.
"Fais le. Tranche moi la gorge, qu'on en finisse avec cette tragédie." dit-il d'un ton monotone
Je ne répondis pas. J'étais beaucoup trop confuse à ce moment là. Il avait raison, je devrais l'achever maintenant, tout de suite. Alors pourquoi je n'y arrivais pas ? J'avais rêvé de ce moment des nuits et des nuits alors pourquoi suis-je incapable de réaliser mes fantasmes les plus malsains ?
"Non." dis-je d'un ton glacial
"Je ne le ferais pas." ajoutai-je
"Vraiment ?" chuchota-t-il en rapprochant nos corps
"Mmm" murmurai-je en baissant mon arme et en posant ma main sur sa joue
"Et pourquoi cela ?" demanda-t-il avec un sourire éclatant
"Parce que..." commençai-je en rapprochant nos visages
"Parce que..." répéta Enzo après moi
Nos lèvres n'étaient qu'à quelques millimètres les unes des autres et je dis alors :
"Parce que la vengeance est un plat qui se mange froid." puis je lui donnai un dernier coup dans ses parties intimes avant de m'en aller
Que la fête commence...
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Eternità
Teen FictionEternità - nom (origine italienne) temps infini, durée sans début ni fin Deux ans plus tard, tout a changé. Tandis qu'Enzo refait son apparition dans les ruelles sombres de New York, Avalon, elle, est le seul véritable danger qui rôde dans la vill...