Chapitre 10 : Rooftops

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Cela faisait exactement douze jours que je n'avais pas vu Enzo. Après ce qui s'était passé à la salle de sport, nous étions chacun partis de notre côté et je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis. Non pas parce que je l'évitais mais parce que nous étions tous les deux occupés durant ces quelques jours.

J'étais tout de même gênée. Je ne regrettais pas ce qui s'était passé mais je ressentais toujours cette chaleur au niveau des joues et des oreilles à chaque fois que j'y pensais. D'ailleurs, je n'ai fais que penser à ça, à lui, et surtout à nous.

J'étais déchirée entre le fait de m'abandonner pleinement à cette délicieuse relation et entre le fait de repousser Enzo à nouveau et de reconstruire ce mur autour de mon cœur que j'avais commencé à bâtir le jour où il m'avait quitté.

Mais je ne voulais plus de cela. Je ne voulais plus me renfermer sur moi même, je ne voulais plus rejeter toute personne tentant de m'aider ou de m'aimer; je ne voulais plus avoir peur. Car c'était vrai, j'étais tiraillée et absolument effrayée.

Mes pensées étaient bien trop éveillées et mes sentiments bien trop meurtris. Mes paroles ne faisaient plus de sens, mes mouvements étaient lents et mon regard absent. J'étais complètement épuisée et cela était dû à mes longues nuits blanches passées à penser à Enzo. C'est fou de le dire de cette façon mais il reste l'homme de mes rêves même lorsque je suis insomniaque.

Je soupirai et attachai mes lacets avant de commencer mon parcours. Un des autres moyens qui me permet de me vider l'esprit -en dehors de la boxe- est le "parkour" un sport urbain qui consiste à sauter de toit en toit, seul ou entre amis. Cette activité est souvent considérée comme dangereuse mais cela m'aide réellement à oublier mes soucis et à me concentrer sur autre chose.

Je continuais alors de sauter, de me balancer, de courir et d'admirer la vue qu'offrait New York un jour d'automne. Il était 17h et le soleil se couchait déjà, la ville était ensevelie de feuilles oranges et jaunes, ce qui me rappelait en quelque sorte mon ancien quartier, celui où j'ai grandi avec ma mère et mon père adoptif; avant que ce dernier ne m'abandonne après la mort de ma mère.

Je vis alors une silhouette de l'autre côté du toit sur lequel je m'étais assise pour me reposer, je m'approchai donc par curiosité. Je venais ici au moins une fois par semaine et jamais qui que ce soit n'était monté sur le toit de ce hangar abandonné. L'homme était habillé en noir de la tête aux pieds, son dos me faisait face et il me semble qu'il observait quelque chose -ou quelqu'un- au loin.

Je m'avançai lentement et une fois à une distance abordable, je m'apprêtai à m'adresser à lui mais il se retourna subitement, m'agressant et me plaquant contre le rebord du toit en un clin d'œil. Je ne pouvais voir clairement son visage car il portait la capuche de son hoodie noir et parce que quelques mèches brunes retombaient sur ses yeux. Je réussis tout de même à apercevoir brièvement son regard qui était d'un gris aussi pâle que le clair de lune. Il me lâcha subitement, sans même que je n'aie à lutter.

"Merde, Avalon, tu aurais pu me dire que c'était toi" murmura l'homme en grognant de culpabilité

"Tu vas bien ? Je ne t'ai pas fais trop mal, j'espère" ajouta-t-il en s'approchant vers moi

Je m'apprêtai à tirer mon canif et à l'attaquer à nouveau car le fait qu'un inconnu connaisse mon prénom était assez inquiétant pour moi. Mais il enleva sa capuche et passa une main dans ses cheveux désordonnés; et ce ne fut qu'à ce moment là que je le reconnus.

"Alejandro ?" demandai-je avec surprise

"Le seul et l'unique" répondit-il, son assurance frôlant l'arrogance

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