Chapitre 3 : Stalker

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PDV ENZO

Je grognai bruyamment lorsqu'elle me donna un coup de genou au niveau de l'entrejambe. Me tordant de douleur, les yeux fermés, je serrais les poings en tentant de me calmer. Le bruit d'une porte se faisant fortement claquer me fit ouvrir les yeux.

Je me dirigeai alors vers le salon où je ne vis personne. Avalon était partie. Quelle bêtise de me laisser seul dans son appartement... Je commençai donc à fouiller chaque recoin de la maison et je pus constater qu'elle était toujours aussi ordonnée qu'avant.

"Avant..." murmurai-je avec nostalgie

Avant que tout ne se soit écroulé sous mes yeux. Avant que je ne me sois fait piéger par son père. Avant que je ne me sois retrouvé face à cet ultimatum : ma famille ou la femme que j'aime ?

J'ai choisis ma famille. Je ne le regrette aucunement, mais je dois avouer que lorsque, tard le soir, la solitude me ronge de l'intérieur, je repense à tout ce que j'aurais pu faire pour éviter cette catastrophe. Mais la réalité me rattrape toujours à temps. Et elle tache de me rappeler que la femme de ma vie est à présent mon plus grand ennemi.

Et je l'ai remarqué cette nuit là. Elle n'avait plus cette étincelle dans les yeux, ni ce sourire irrépressible ou encore cette fossette qui apparaissait constamment sur sa joue gauche lorsqu'elle plissait des lèvres.

On m'avait raconté de nombreuses histoires sur Calamità, l'ange de la nuit, la tueuse sanglante, la femme cruelle et hypnotisante. Mais je m'étais forcé à penser que ce n'était pas elle. Je m'étais convaincu qu'elle n'était pas ainsi, que ce que l'on me racontait n'étaient que des idioties; mais c'était bel et bien vrai.

C'était bel et bien vrai et je l'avais constaté lorsque je l'avais vu achever cet homme dans une ruelle sombre un peu plus tôt aujourd'hui. Elle l'avait tué sans aucun regret ni remord.
Et elle l'avait fait avant, je l'avais vu puisque je n'ai jamais cessé de l'observer depuis deux ans.

Elle pense sincèrement que j'ai disparu pendant des mois mais la vérité était que j'étais toujours là, à tout moment, l'observant dans l'ombre. Je l'avais vu changer au fil du temps, elle avait abandonné son ancienne image de fille modèle pour devenir une femme fatale.

Et moi étant moi, je trouvais cela extrêmement excitant. J'aimais les jeux, je ne pouvais le nier. Mais cette fois-ci c'était différent. Cette fois-ci, contrairement au reste du temps, il y avait un risque que je perde. Mais je n'allais certainement pas laisser cela arriver.

Je ressentis quelque chose sous ma chaussure, en relevant mon pied, je constatai qu'il s'agissait d'une clé. Je la ramassai et commençai à chercher ce que cette clé pouvait bien ouvrir. J'allai alors dans la chambre d'Avalon, fouillant un peu partout.

J'ouvris son armoire et vis des sous-vêtements. Un soutien-gorge en dentelle rouge attira mon attention, je souris tandis que les pensées les plus malsaines traversèrent mon esprit. Je décidai alors de le prendre, enfonçant le sous-vêtement en satin dans la poche de ma veste.

Je fis le tour du luxueux appartement pendant plus d'un heure, faisant attention à chaque détail, examinant chaque objet. Mais je ne trouvai rien qui puisse calmer ma curiosité maladive.

Je m'apprêtai à quitter l'appartement lorsque je me rendis compte que j'avais oublié d'inspecter une des pièces. Je mis ma main sur la poignée mais elle était fermée à clé, je souris alors en insérant la clé dans la serrure. Mon sourire s'élargit encore lorsque la porte s'ouvrit.

Je pénétrai dans la sombre pièce, cherchant l'interrupteur. Une fois la chambre éclairée, mon cœur faillit rater un battement. Les quatre murs étaient blancs, une table avec des armes ainsi que des cartes était placée au milieu. Il n'y avait aucune ouverture mis à part la porte. Et enfin, sur le dernier mur était accroché un panneau en bois avec diverses photos de moi, de mes amis ainsi que de ma famille. Il y avait des écritures au rouge et des punaises reliant chaque document à un autre.

Cette pièce n'était pas une simple chambre d'appartement. Il s'agissait du bureau d'Avalon, là où elle passait probablement des heures à chercher toute trace, toute preuve qui expliquerait clairement que j'existais encore. Elle était déterminée à me retrouver... et à me détruire.

"Allo ?" répondit une voix rauque au bout du téléphone

"Alejandro, tu dois venir tout de suite. C'est plus grave que je ne le pensais. Elle veut réellement m'anéantir." murmurai-je

"Donne moi l'adresse. Je serais là dans un instant" dit-il sans poser de question

Qui aurait cru que Alejandro Donati, ancien chef des Dark Knights deviendrait mon bras droit ainsi que mon meilleur ami.

Après que Alfredo DeParfiolo m'ait arraché l'amour de ma vie et m'ait supprimé de son plan dont le but était de détruire les Dark Knights, j'avais décidé de créer une alliance avec Alejandro.

Nos famiglias s'étaient donc réunies et à présent, nous n'étions plus les Dark Knights et les Night Whisperers. Non, ensembles, nous formions The Outsiders, un gang formé de plus de trois cents hommes dispersés dans le monde entier.

Nous étions les plus doués, les plus forts et les plus nombreux. Mais surtout, nous étions impatients de mettre fin au gang des Black Spades dont le leader était ce bâtard de DeParfiolo.

Alejandro arriva enfin, je le menai alors vers la sombre 'pièce d'étude' de l'appartement. Il ne dit rien pendant un certain moment. Nous restâmes tous les deux sans mots, fixant le mur devant nous.

"Putain..." souffla-t-il

"Ouais..." continuai-je les yeux sur le panneau en face de moi

"Cette fille est vraiment folle" dit-il sèchement

"Non. Elle est simplement alimentée par la haine et la vengeance" expliquai-je comme si j'essayais de justifier ses actes

"Tu as dû la détruire..." murmura-t-il doucement

"Pardon ?" demandai-je déconcerté

"Tu as dû la détruire pour qu'elle soit devenue ainsi. Tu as dû lui causer tellement de mal qu'à présent elle veut ta fin. Non, en fait, elle ne veut pas simplement t'anéantir Enzo, ce serait trop simple" dit-il

"Qu'est-ce qu'elle veut alors ?" demandai-je la gorge nouée

"Elle veut que tu ressentes cette même douleur qui l'a déchirée de l'intérieur durant des mois. Elle veut que tu souffres autant qu'elle a souffert lorsque tu l'as quitté. Et elle ne s'arrêtera pas jusqu'à ce qu'elle ait réussit. Jusqu'à ce que tu la supplies d'arrêter et d'avoir un peu de pitié envers toi." expliqua-t-il sans jamais croiser mon regard

"Et comment est-ce que je peux l'en empêcher ?" demandai-je d'un ton désespéré

"À toi de le découvrir, mon ami" répondit Alejandro

Puis il quitta l'appartement, me laissant seul, plongé dans un silence morbide.

EternitàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant