Mes pas résonnaient dans la ruelle vide. Mes talons claquant contre le goudron humide, mes mains glacées jouant avec les manches de ma veste en cuir; je tentais du mieux que je pouvais d'avancer le plus rapidement possible afin de rentrer chez moi après une longue et épuisante journée.
Être tueur à gage est beaucoup plus difficile que je ne le pensais lorsque je m'étais lancée dans ce domaine. Il faut localiser la cible, l'observer, attendre le moment parfait puis l'abattre sans jamais ressentir de compassion. Alors il était tout à fait compréhensible que je me sente éreintée en fin de journée.
Mon appartement se situait dans un quartier chic de New York, quartier chic et extrêmement vide le soir... pourtant je pouvais sentir une présence. Je sentais le regard perçant de quelqu'un sur mon dos mais je me retournai pas, faisant comme si je n'avais pas remarqué qu'un inconnu m'espionnait.
Je ralentis légèrement, tendant l'oreille dans le but d'entendre tout bruit suspect. J'aperçus une voiture à quelques mètres de moi. Il suffisait que je me rapproche un peu de cette voiture pour pouvoir jeter un œil sur le rétroviseur et démasquer l'inconnu qui me suivait.
Une fois au niveau de la Lexus grise, je dirigeai mon regard vers le miroir du rétroviseur et reconnus immédiatement la personne qui se tenait à quelques mètres de moi. Mais je ne réagis pas. Je continuai d'avancer comme si de rien n'était puis je me retournai subitement et plaquai l'idiot qui m'espionnait contre le capot d'un camion.
"Ta maman ne t'a-t-elle jamais apprit que c'était vilain d'espionner d'innocentes jeunes filles ?" demandai-je, mes mains sur son cou
"Oh voyons Avalon, nous savons tous les deux que tu as cessé d'être une 'innocente jeune fille' le jour où je t'ai fais jouir au bord du lac, en Italie" répondit-il avec un sourire arrogant
Une chaleur étouffante s'éprit de moi et je sentis le sang remonter au niveau de mes joues et de mes oreilles. Je tentai tout de même de me reconcentrer malgré les souvenirs de notre première fois qui envahirent mon esprit. Je reserrai mon emprise sur son cou et je vis une veine proéminente apparaître au niveau de son cou.
"Qu'est-ce que tu fais là Enzo ?" dis-je, les dents serrées
Cela faisait déjà une semaine depuis que je l'avais revu. Quand je suis revenue chez moi, tout était à sa place; il n'avait rien touché. On aurait presque dit qu'il n'était jamais là. Je me suis même demandée à un certain moment s'il était réellement revenu ou si mon esprit me jouait des tours...
"Je suis là pour toi, cara mia" répondit-il avec ce même sourire idiot
"Ne m'appelle pas comme ça. Je ne suis pas ta chérie." rétorquai-je froidement
Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais la referma immédiatement. Ses yeux s'abaissèrent au niveau de ma poitrine et je m'apprêtais à le traiter de pervers quand je compris ce qui avait attiré son attention. Le collier. Il le prit entre ses doigts, jouant avec l'émeraude, retraçant l'inscription.
"Tu l'as gardé" constata-t-il, la voix pleine d'émoi
Je ne dis rien, à la place je l'attachai d'entre ses doigts. En un instant, les positions changèrent. Je n'étais plus en position de force. Bien au contraire, j'étais en dessous de lui, son corps me pressant contre la voiture, ses bras de fer m'empêchant de m'échapper et son regard me faisant fondre en dessous de lui.
"À ce que je vois, tu te laisses toujours aussi facilement distraire" dit-il avec un sourire narquois
Je fronçai des sourcils, me sentant soudainement idiote. J'avais agis bêtement, me laissant affecter par ses actions. Je détestais cela, je me laissais distraire beaucoup trop facilement. Mais ce n'était pas de ma faute, Enzo avait cet effet sur moi. Il me faisait complètement perdre la tête et je déteste perdre mes moyens.
Dans un monde comme le nôtre, un monde plein de danger et de tromperies, une simple erreur pouvait nous coûter la vie. Avec le nombre d'erreurs que j'avais commis jusque là, j'aurais du être six pieds sous terre depuis bien des années.
"Alors ? On perd ses mots ?" demanda-t-il en souriant de plus belle
"Non mon amour, je préfère laisser le bruit des balles combler le silence." répondis-je en réciproquant son sourire arrogant
Il ne réagit pas pendant quelques secondes puis il écarquilla les yeux lorsqu'il ressenti le métal froid de mon arme contre son ventre. Je lui donnai mon plus beau sourire, laissant mes dents briller dans l'obscurité.
J'étais à nouveau en position de force, et j'adorais ça. Je le poussai alors avec mon pied, me relevant agilement. Mais il ne recula pas, m'observant prudemment de haut en bas.
"C'est la deuxième fois en moins de deux semaines que nous nous retrouvons dans cette situation" dit-il avec un rire faux
"Quelle situation ?"
"Toi me menaçant avec une arme à feu" dit-il comme s'il s'agissait d'une évidence
"Ne testes pas ma patience, Vescovi. Je risque d'appuyer sur la gâchette cette fois-ci." répondis-je avec assurance
"Voyons, amore mio. Tu n'oserais pas tuer ton propre fiancé" répondit-il en s'approchant doucement de moi
"Ne sois pas aussi sûr de toi. En plus, tu n'es plus mon fiancé" expliquai-je tandis qu'il continuait de s'avancer
"Laisse moi te prouver du contraire" murmura-t-il d'une voix naturellement sexy et masculine
Il se trouva alors en face de moi. En un mouvement plein de force et de souplesse, il m'arracha l'arme de la main et me plaqua contre son torse, ses mains trouvèrent place au creux de mes reins et sa tête trouva refuge dans mon cou.
Enzo déposa un doux baiser en dessous de mon oreille. Puis il en déposa un autre plus bas, et encore un autre. Il commença alors à mordiller ma peau et à l'aspirer avec une telle passion que je ne pus m'empêcher de gémir. Ses baisers brûlants se multiplièrent tandis que je déposais ma main gauche sur sa nuque et ma main droite dans ses cheveux.
Me mordant la lèvre et fermant les yeux, je gémis encore. Je le sentis sourire contre ma peau; ce fichu sourire vainqueur qui m'avait hanté durant des nuits. Il se sépara de moi et ce ne fût qu'à ce moment là que je me rendu compte de mon erreur : je l'avais laissé m'amadouer... encore une fois.
"N'oublies pas à qui tu appartiens, Calamità" dit Enzo d'une voix rauque
"Je n'appartiens à personne." réussi-je à murmurer
"Évidemment" sourit-il enfin avant de me rendre mon arme et de s'en aller, me laissant bouche bée
"Je n'appartiens à personne." répétai-je si bas que je suis certaine qu'il ne m'ait pas entendu
Je répétais plusieurs fois cette phrase comme si à force de le dire encore et encore je finirais par y croire. Mais la vérité était que je savais que j'étais à lui. Et c'était exactement pour cela qu'il fallait que je l'anéantisse avant qu'il ne me détruise une seconde fois.
VOUS LISEZ
Eternità
Teen FictionEternità - nom (origine italienne) temps infini, durée sans début ni fin Deux ans plus tard, tout a changé. Tandis qu'Enzo refait son apparition dans les ruelles sombres de New York, Avalon, elle, est le seul véritable danger qui rôde dans la vill...