Chapitre 4 : Monster

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Après avoir agressé physiquement ce connard de Vescovi, je quittai l'appartement et me dirigeai vers le refuge familial, là où tous les membres importants du gang de mon père habitaient -y compris Papa et Jonah bien sûr.

Je jetai un coup d'œil à ma montre et vit qu'il était déjà 3h du matin, ce qui expliquait le froid pénétrant qui régnait sur la ville. Je me frottai les mains dans le but de me réchauffer, je me maudis alors d'avoir choisi d'y aller à pied. J'aurais vraiment du prendre ma voiture...

J'habitais à New York depuis maintenant quatre ans alors je m'étais plus ou moins habituée aux changements de température constants mais étant donné que je ne portais qu'un léger pyjama je- Pyjama ?

J'écarquillai les yeux lorsque je me rendis compte de la situation. Je venais de sortir de la douche lorsque j'avais aperçu Enzo en bas de chez moi. Le choc émotionnel que je ressentis à sa vue eut pour conséquence de me faire perdre les esprits, c'est donc à ce moment là que je me suis évanouie. Une fois réveillée, Enzo était dans mon appartement et j'étais habillée de la tête aux pieds.

Alors... c'est bien lui qui m'a habillée. Je me sentis soudainement extrêmement gênée, je rougis comme une pauvre gamine. Mais je ne devais pas ressentir cela, ça n'a aucun sens. Je ne devrais pas être gênée puisqu'il m'avait vu nue plusieurs fois auparavant.

Mais c'était différent. Avant, je pensais sincèrement qu'il m'aimait. Alors je ne ressentais aucune gêne mais maintenant que je connais ses vraies couleurs, je me sens honteuse. Je secouai la tête en tentant d'oublier ces idiotes pensées.

Une fois arrivée au manoir, je ne pris pas la peine de sonner et ouvris directement la porte. Chose que je n'aurais pas dû faire car la première chose qui m'accueillit fut une prostituée complètement nue, chevauchant Hernando, un des coéquipiers de mon frère.

"Oh mon Dieu, Hernando, tu as une chambre pour une raison. Emmène ton amie et réglez vos affaires là haut" dis-je dégoûtée par la scène à laquelle je venais d'assister

"Sois pas jalouse, ma belle. Tu peux nous rejoindre si tu veux" répondit-il avec un sourire plein de malice

"Dans tes rêves les plus fous." lui dis-je avec une fausse voix mielleuse

"Oh crois moi, fiorella, je te vois chaque nuit dans mes rêves" répondit-il d'un ton flatteur

Je perdis soudainement mon sourire à la mention de ce surnom. Enzo avait l'habitude de m'appeler comme ça. J'aimais bien ce surnom, il signifiait 'fleur' en italien. Pourtant, lorsque le mot roula sur la langue de Hernando, je me sentis presque dégoûtée qu'un autre homme me surnomme ainsi.

"Où est Jonah ?" demandai-je en changeant de sujet

"Dans le bureau avec le boss" répondit-il vaguement

Je ne répondis pas, me dirigeant tout de suite vers le bureau de mon père. Une fois devant la porte, j'ignorai les gardes du corps et entrai sans toquer -encore une fois. Espérons que je ne verrais pas Francesca sur mon père ou bien Spencer sur mon frère...

À mon plus grand bonheur, ils étaient assis l'un à côté de l'autre, lisant et examinant des documents de toute sorte, parlant de leurs futurs plans. Je déteste l'admettre mais mon père vieillit de jour en jour et bientôt il devra laisser sa place à Jonah. Même si Jonah est mon petit frère, il sera celui qui prendra en charge notre famiglia lorsque Papa se retirera. Et j'en suis heureuse, même si je suis l'aînée, je ne veux aucunement gérer de gang. Trop compliqué. Beaucoup trop compliqué.

Je m'avançais vers eux, attendant qu'un d'entre eux remarque ma présence mais ils semblaient tellement captivés par leur mission qu'ils ne me prêtèrent aucune attention. Je me raclai alors la gorge, ils me remarquèrent enfin.

"Ava, on est occupés" dit brièvement mon frère avant de se concentrer sur ses papiers

"Reviens tout à l'heure, ma chérie. Tu vois bien que nous sommes occupés" ajouta mon père

Une vague de chaleur envahit soudainement mon corps. Je tentai de me calmer et d'ignorer ce manque de respect à mon égard. Je ne bougeai pas, les regardant, attendant qu'ils lèvent à nouveau le regard mais il ne se passa rien.

"Il est revenu."

Ils s'arrêtent subitement, levant doucement la tête et fronçant des sourcils. Ils avaient tous les deux l'air extrêmement confus, m'interrogeant du regard et attendant une explication quelconque.

"De quoi parles-tu exactement ?" demanda Jonah

"Enzo Vescovi est revenu." expliquai-je clairement

Mon frère écarquilla les yeux, étonné et dérouté tandis que mon père plissa des lèvres et serra fort le stylo qu'il tenait dans sa main. Il avait l'air furieux malgré le fait qu'il essayait désespérément de ne pas le montrer. Je ne comprenais pas d'où venait cette colère mais je ne le questionnai pas. Pas maintenant, du moins.

"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?" demanda mon père d'une voix si sèche que je me sentis soudainement glacée sous son regard

"Rien. Pourquoi ?" demandai-je curieusement. Il agissait de manière extrêmement suspecte et je ne comprenais pourquoi.

"Pour rien. Cesse de poser tant de questions. La prochaine fois que tu le revois, passe lui le bonjour de ma part et dis lui de se souvenir de ce dont je suis capable." dit mon père avant de sortir du bureau, rouge de colère

"Qu'est-ce qui lui prend ?" demanda Jonah

"Je n'en ai absolument aucune idée..." murmurai-je abasourdie par sa réaction

"Alors c'est vrai ? Vescovi est de retour ?" demanda mon frère

"Oui. Tu sais ce que cela signifie n'est-ce pas ?" demandai-je avec un sourire en coin

"Qu'est-ce que cela signifie, grande sœur ?" demanda Jonah en réciproquant mon sourire

"Vengeance."

"Vengeance..." répéta Jonah après moi

Il ajouta alors "J'aime bien cet aspect de toi. Je préfère de loin la Avalon rebelle et bad girl contrairement à l'ancienne Avalon toute gentille et naïve" ricana-t-il

"Moi aussi" riai-je

"Je peux te poser une question ?" demanda-t-il

"Tu viens de le faire" souris-je comme une enfant

"Une vraie question." rectifia mon frère en roulant des yeux

"Vas-y" répondis-je, admirant la vue du balcon

"Comment as-tu pu changer radicalement en l'espace de quelques mois ? C'est comme si tu avais abandonné ton âme et que tu avais décidé de devenir quelqu'un d'autre. Comment ? Qu'est-ce qui t'a poussé à changer ?" demanda-t-il avec un ton plein de curiosité

Je ne dis rien pendant plusieurs minutes. Jouant avec les manches de mon chandail, me perdant dans mes pensées, examinant les lumières s'évadant des fenêtres de chaque demeure. Puis je trouvai enfin une réponse à sa question.

"La douleur, Jonah. Elle change les gens. Mais vois-tu, tu es le seul qui peut décider de la manière dont elle te change : pour le meilleur... ou pour le pire." dis-je sans jamais le quitter des yeux

"J'imagine qu'elle t'a changé pour le meilleur..." murmura-t-il d'un ton sarcastique

"Oh non chéri, la douleur a fait de moi un monstre."

EternitàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant