La Cité Engloutie [Namgi]

Partons à la recherche de l'Atlantide

« On estime, de façon réaliste, qu'un gigantesque raz de marée a dû venir ravager la côte nord de la Crête. Il y aurait eu une vague haute de 200 m, tandis qu'un nuage de cendres aurait obscurci le ciel de la mer Égée pendant une semaine.

Après quelques jours, ce nuage a probablement laissé sur le sol une couche de cendres d'une quarantaine de centimètres d'épaisseur, qui a rendu la vie impossible aux survivants. »

Yoongi fronçait les sourcils alors qu'il était à nouveau penché sur un livre ancien dans la bibliothèque centrale de Valladolid. Il était dans cette ville déjà depuis de longues semaines, écumant la bibliothèque sans relâche pour trouver ce dont il avait besoin, pour trouver toutes les informations qui puisse exister pour apporter des preuves de l'existence de la ville antique aux scientifiques. Il avait ouvert tous les livres modernes et anciens qui traitaient de près ou de loin le sujet des villes anciennes. Il avait lu et relu les écrits de Platon, cherchant un quelconque indice dans ses déclarations de l'époque, mais rien n'étayait jamais ses thèses. Il était donc à longueur de journée plongé dans la lecture, ses yeux se plissant derrière ses lunettes rondes toujours couvertes de poussières et de saletés. Yoongi, était le typique rat de bibliothèque, le garçon toujours caché derrière un livre et sa paire de lunettes. Lorsqu'on le voyait on ne voyait jamais l'aventure et l'excentrisme en lui, juste les études et la bonté. Il était ce genre d'homme, à toujours sourire même à ceux qui lui faisaient peur. Il ne cherchait pas les problèmes et ce passionné d'histoire préférait lire que se jeter à l'aventure. Or, récemment, son dévolu s'est jeté sur une histoire mythique, une histoire à laquelle plus personne ne croit à part les fous furieux. Il s'était éprit de l'histoire de l'Atlantide. Oui, dit ainsi notre petit rat de bibliothèque paraît bien inconscient, mais dans son petit carnet à la couverture pliée il avait su réunir plus de preuves que jamais personne n'avait su mettre en concordance. Il était persuadé que toutes les choses qu'il avait lues, toutes ces flottes disparues, tous ces écrits mystérieux qui parlaient de richesses à profusions, et toutes ces preuves scientifiques n'étaient pas idiotes une fois mises ensembles. A ces yeux un lien se plaçait entre toutes ces informations, et pour lui c'était indéniablement l'Atlantide. Il s'acharnait donc à réunir tout ce qu'il avait appris à l'université et toutes les informations possibles pour pouvoir passer devant un congrès de scientifiques avides de nouvelles idées et innovations. Bien sûr qu'il avait peur de se faire rejeter et huer, voilà pourquoi il se tuait à la tâche entre les murs non climatisés de la vieille bibliothèque de Valladolid. Il suait des seaux entiers entre ses murs et chaque soir il avait l'impression d'une douche fraîche ne suffisait jamais à calmer les brûlures incessantes de sa peau toujours trop exposée à la chaleur.

L'Espagne n'était pas faite pour lui, ou plutôt il n'était pas fait pour l'Espagne. Il ne supportait pas la chaleur, il détestait transpirer, et sa peau à peine exposée au soleil rougissait rapidement. Les coups de soleils étaient douloureux et même les crèmes les plus douces lui arrachaient la peau lorsqu'il tentait de soigner ses brûlures. Il avait, avec le temps, appris à ne pas s'exposer et avait choisi le coin le plus frais de la bibliothèque. Il s'agissait d'un coin où avait été posé une jolie table en bois ancien. Cette table était au bout d'une allée peu fréquentée par la populace, pourtant il s'agissait du rayonnage favori de Yoongi, celui traitant de l'antiquité, des civilisations romaines et grecques. Il n'y avait pas de fenêtre de ce côté si bien que la fraîcheur s'y conservait mieux, cela n'empêchait pas que la température avoisinait les trente-cinq degrés aux alentours de midi. En effet, même pour le déjeuner Yoongi ne quittait pas sa place et lisait sans relâche griffonnant parfois dans son vieux carnet tordu les informations intéressantes à ses yeux.

A l'heure où commence notre récit, le rat de bibliothèque avait plongé son regard dans un livre qui traitait de tous les éléments sismologiques au niveau des côtes crétoises et au niveau de la mer Égée. Il était persuadé que ces informations le menaient directement à cet emplacement précis qu'était le centre de la mer qui s'écrasait aux côtes Turques. Toutes les informations lui prouvaient que quelque chose y était et il était persuadé que s'il avait les moyens de voyager jusqu'à cet endroit et y lancer des recherches il aurait pu y découvrir de magnifiques ressources archéologiques. Malheureusement notre personnage avait tout perdu dans ses études et dans son récent voyage à Valladolid. Il était originaire d'une petite ville au nord de la Norvège. Sa mère était Coréenne et était tombée amoureuse de l'endroit, elle s'y était installée avec le père de Yoongi qui lui aussi était Coréen, mais surtout grand explorateur de carrière. Son père était son modèle si bien qu'il s'était mis à étudier sans relâche pour devenir à son tour un voyageur et un grand archéologue. Récemment, il avait quitté sa petite ville gelée pour venir à Valladolid où il avait entendu parler d'une conférence de presse à propos d'une expédition prochaine. Cette expédition était brillement menée par un jeune Coréen du Sud qui avait le culot de dire au monde entier qu'il était sur les traces de la cité engloutie. Yoongi avait assisté à la conférence de presse. Il avait regardé le beau brun parler et parler sans s'arrêter. Il parlait de dizaines de bateaux, de dizaines d'hommes et de centaines de moyens pour trouver la cité perdue. Avide de toutes ces informations Yoongi avait gratté les pages de son carnet avec toute l'encre qu'il possédait. Malheureusement, à la fin de la conférence, Yoongi réalisa une chose. Il n'était pas prêt de trouver cette cité si déjà quelqu'un la cherchait, et surtout si cette personne était au moins mille fois plus fortunée que lui. Il était fils d'un simple explorateur, l'autre était l'enfant d'un grand chef d'une multinationale. Face à lui il n'avait aucune chance.