ensemble

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Le gazouilli des oiseaux réveilla Gauthier. Les premiers rayons de soleil chatouillèrent ses paupières qui s'ouvrirent difficilement. Joyce n'était plus allongée sur le transat à côté de lui. Elle était sûrement retournée à l'intérieur de la maison, ne supportant pas la fraîcheur de l'aube. Il se leva et partit à sa recherche.

Il ne la trouva pas dans le salon, elle semblait avoir complètement disparu, comme tout le reste des invités. L'adolescent croisa Maia qui s'adonnait déjà aux tâches ménagères.

"-Maia, tu n'aurais pas vu Jo'?
-Si, elle est partie. Elle m'a dit qu'elle avait quelque chose à faire.
-Tu sais où est-ce qu'elle est allée? Et où est-ce que tout le monde est passé?
-À la gare. Ils sont tous rentrés chez eux quand la fête s'est achevée. répondit-elle comme si c'était évident."

Ses paroles lui firent un déclic. Il devina ce que la brune comptait faire. Il devait la rattraper, il n'était pas prêt à la laisser filer entre ses doigts cette fois-ci.

"-Mais... essayait-il de rappliquer.
-Allez, vas-y. Cours la retrouver. l'encouragea-t-elle."

Il quitta la maison en trombe, sous le rire de l'asiatique. Il se précipita chez lui pour rassembler quelques affaires qu'il emporta. Gauthier courut à toute allure vers la gare, espérant arriver avant qu'elle ne se volatilise. Il atteignit l'endroit à bout de souffle, son coeur s'affolant dans sa cage thoracique. La brise d'été lui provoqua un frisson dans la nuque alors qu'il était recroquevillé sur lui-même. Il se redressa et scruta les alentours. Il fut soulagé en apercevant la silhouette de l'adolescente, debout sur le quai.

"-Jo'... soupira-t-il."

Il se rapprocha lentement de la mi-asiatique qui regardait dans le vide, perdue dans ses pensées.

"-Je pensais que j'y arriverais Gauthier... que j'arriverais à surmonter ma phobie... soupira-t-elle quand il arriva à sa hauteur. Le train était arrivé et je suis restée tétanisée devant la porte ouverte. Je n'ai pas eu la force de monter dedans.
-C'est normal d'avoir encore peur, Joyce. Ça prend du temps de remédier ce genre de problème, ce n'est pas en un claquement de doigt que tu vas vaincre ta phobie. Il faut le faire pas à pas, petit à petit. Et on le fera ensemble. la rassura-t-il en prenant sa main froide."

Elle regarda leurs doigts s'entrelacer avant de remonter ses prunelles vers les siennes. Elle méditait les paroles qu'il venait de prononcer. L'adolescente réalisa la chance qu'elle avait de le connaître. Depuis leur première rencontre, Gauthier avait toujours fait en sorte de la faire sourire dans cette difficile période de sa vie. Même s'il s'était éloigné ces derniers temps, Joyce ne lui en voulait pas car elle savait au fond, que les meilleures relations passaient aussi par une mauvaise phase. Maintenant qu'ils s'étaient tout dit, ils allaient enfin savoir où leur histoire les mènerait.

"-Tu pars à Manse? lui demanda-t-elle après ses longues réflexions.
-Non, je vais quelques semaines à Hertford pour voir mon grand-père.
-On prend donc le même train. conclut-elle timidement."

"Le train de 8h12 en direction de Hertford, va arriver sur la voie 1." les interrompit cette voix monotone.

"-Tu veux qu'on attende le prochain? dit Gauthier en observant les portes de l'engin s'ouvrir.
-Non. souffla la brunette en resserant ses doigts autour des siens.
-Tu es prête?
-Prête.
-Ensemble?"

Jo' hocha légèrement la tête -en signe d'approbation- et ils montèrent tous les deux dans le train. Les premiers instants demeuraient pénibles, elle ressentait encore cette boule dans le creux de son ventre mais plus les minutes avançaient, plus son anxiété se dissipa. Elle regarda Gauthier qui contemplait les paysages urbains défiler devant ses yeux, tout en repensant aux dernières paroles de sa mère. C'était bien lui, ce quelqu'un qui lui avait permis d'aller de l'avant, de laisser son passé derrière elle. Longtemps, la peur avait pris le dessus sur son existence et elle avait failli le perdre à cause de cette raison. Maintenant, elle était déterminée à remettre de l'ordre dans sa vie pour redevenir heureuse. Elle savait qu'elle se sentirait encore seule dans le future mais elle n'était désormais plus effrayée car elle pouvait compter sur les personnes qui l'entouraient.

"-À quoi penses-tu? lui demanda l'adolescent à ses côtés.
-Je pense à ma mère et au fait que nous ne sommes plus sur deux voies opposées."

FIN.

Deux voies opposéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant