L'organisation de son mariage ღ The Wedding Planner [ TERMINÉE ]

CINQ

« Cachez votre joie. »

Avez-vous déjà assisté à une bagarre ? Enfin, je veux dire, à une bagarre de cette ampleur ? Allez dire que je suis une chochotte si vous le souhaitez, mais c'est vraiment flippant.

Je vois des coups partir dans tous les sens, j'entends des passants crier d'inquiétude, de désapprobation ou d'énervement, et je vois même du sang gicler à petites gouttelettes sur le goudron.

Comme on me l'a ordonné, j'ai contacté Keith. Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait ; peut-être parce que celui qui m'a ordonné de le faire est vraiment, mais dans le genre vraiment flippant, avec ses tatouages sur le visage, sa carrure imposante et son regard noir.

Alors que je suis comme une idiote pétrifiée à bloquer devant la scène d'horreur qui se déroule sous mes yeux, je suis violemment poussée vers la droite.

Je n'aime pas être bousculée, et prévois de m'en plaindre, quand je reconnais l'auteur de ce geste comme étant Keith. Ce dernier fend rapidement la masse compacte que forment les bagarreurs et, en quelques secondes, attrape Bradley par le cou et le rejette avec violence sur le sol. Il lui attribue plusieurs coups au niveau des côtes, du torse, du dos et j'ai mal pour Bradley.

Soudainement, on peut entendre des sirènes de police au loin, et la panique s'empare de moi. Comme par magie, tous se dispersèrent comme des fourmis, laissant misérablement Bradley cracher son sang sur le sol.

Dans un élan de culpabilité inexpliquée, j'entreprends de le rejoindre et si possible lui attribuer les premiers soins de secours, quand je suis violemment attrapée par la manche de mon haut.

        - Eh ! Crie-je sous l'effet de la surprise.

Pas plus d'une minute plus tard, je suis dans la Range Rover de Keith. Il démarre en trombe et cogne même au passage deux voitures en stationnement.

Complètement perdue, je regarde à ma droite : certains des amis de Keith courent quelques misérables mètres avant d'être rattrapés par des policiers, plaqués au sol et menottés. D'autres, au contraire, parviennent à s'échapper de leurs griffes par je ne sais quel moyen.

Et Keith, lui, rumine en agrippant le volant si fort que les jointures de ses doigts virent pratiquement au blanc. Intimidée, je ne pipe pas le moindre mot et tout en essuyant mes mains moites sur mon jean, dirige mon regard vers l'extérieur de la voiture.

On s'éloigne de la ville, s'enfonçant au fur et à mesure dans les collines du pays. Tentant d'évacuer mon stress, je soupire dans un tremblement. Je ne serais jamais retournée au café à temps.

Après d'interminables minutes à rouler dans le silence, Keith se gare au milieu d'une plaine. Puis, aucun de nous deux ne parle, ou n'esquisse le moindre geste. En réalité, pour ma part, j'attends de lui qu'il le fasse en premier.

Le temps passe, et ce foutu silence perdure. Keith ouvre sa portière, sort ses jambes de sa Range Rover, et s'allume une cigarette. Je me tourne vers lui et, désormais face à son dos, me racle la gorge avant d'oser prendre la parole :

        - D'où est-ce que vous connaissez Bradley ?

        - Et vous ?

        - Ce n'est pas la question que je vous ai posé.

Keith me regarde, les sourcils froncés. J'ai l'impression de l'avoir énervé.

        - Vous êtes amie avec ce mec ? Grimace-t-il de dégoût.