VINGT-CINQ

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« Ton estime compte beaucoup à mes yeux. »


- Shaniya ? Murmure Eli.

- T'aimes pas ?

- Si, hoche-t-il énergétiquement la tête, j'aime beaucoup.

Toujours assise face à Eli, je ne peux m'empêcher de craquer un timide sourire.

Voilà une demi-heure qu'on s'est retrouvés, et je n'arrive toujours pas à réaliser qu'il est bel et bien face à moi.

Je ne sais pas comment je suis censée réagir ; dois-je m'énerver, me réjouir, le rejeter ?

- Comment tu as pu laisser ta mère t'en séparer ?

Je fronce les sourcils.

- C'est un reproche ? Parce que si s'en est un, il est carrément déplacé, Eli, mon cœur se serre et ma vue se floute, je n'ai rien pu faire, j'en ai pleuré et déprimé des jours entiers et toi tu...

- Eh, dit-il calmement en attrapant mes mains, je suis désolé, bébé, c'est pas ce que je voulais dire. Je suis désolé.

Tout en s'excusant une nouvelle fois, il m'attire à lui, m'embrasse le front et me prend dans ses bras. Le visage toujours serré de peine, j'essuie délicatement mes joues en reprenant :

- Mais tu ne sais pas ce que c'est, de supporter le poids d'un enfant dont personne ne veut, devoir expliquer aux gens à seulement 17 ans que mon petit-ami m'a enceintée avant de fuir, constamment devoir défendre le fait que je m'apprête à donner la vie. Et puis tu ne sais pas ce que c'est de souffrir 10 heures sans relâche pour au final voir ton œuvre moins de trente minutes avant qu'elle ne disparaisse, je me redresse et le regarde.

Il plante son regard dans le mien, longuement, puis s'humecte les lèvres :

- On va la récupérer.

- Non, je ris nerveusement. On ne fera pas ça. Je ne suis absolument pas stable, ni financièrement, ni émotionnellement. Je ne pourrais jamais assumer un enfant, Eli.

- Il ne s'agit plus de toi, mais de nous, maintenant.

- Oh je t'en prie ; range tes violons, je roule des yeux. Combien de fois est-ce que tu m'as juré présence et honnêteté, hein ?

- Si je suis revenu, Amy, c'est pour rester.

Ne parvenant plus à le regarder davantage, je baisse les yeux, déglutissant, et triture nerveusement mes doigts.

- Et puis, il reprend, le regard vide, si ce qui te dérange c'est l'argent, ça n'est plus un problème.

Je plisse les yeux, remontée :

- T'es en train de me dire que tu comptes financer le bonheur de ma fille avec ton argent sale ?

- Non ! Je suis un gars réglo, maintenant.

- Ne me mens pas, j'affiche une moue de dégoût.

- Je ne te mens pas, de la supplication se lit sur son visage. Demande à qui tu veux ; j'ai coupé les ponts avec les gars, c'est fini tout ça. J'ai bien failli te perdre à cause de ça, je ne vais pas replonger.

Pendant un moment interminable, je n'arrive pas à le lâcher du regard. Finalement, je parviens à reprendre la parole :

- Tu m'as perdue, Eli.

L'organisation de son mariage ღ The Wedding Planner [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant