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4 aout 1789, l'après-midi,

Rue vieille du temple, Paris

Dans le salon familial, l'atmosphère était suffocante. Chacun des muscles du marquis tremblait d'appréhension et sa femme accentuait ses peurs : « Monsieur mon mari, ne pensez-vous point que par les temps qui courent, notre famille soit menacée ? Ne devrions-nous point partir ? Ne devrions-nous point rejoindre la campagne et séjourner à Biron ? » Le marquis jugea sa femme d'un air las quoique compatissant. Il comprenait ses inquiétudes et devait y faire face. Certes, la plus sage des décisions serait de rejoindre les terres de son père.

À Biron, ils seraient plus sains et saufs que dans nul autre endroit. Sa femme était une châtelaine et pour son mari, elle avait accepté de quitter sa Gascogne natale pour la vie Parisienne. Le mariage avec le marquis avait été pour elle un sacrifice.

Elle y voyait surement dans cette occasion le moyen de retrouver la campagne. Mais les terres de Biron étaient en danger et menacées par son frère lui même. Charles était le cadet de la famille et en aucun cas il n'aurait droit à la succession de l'héritage. Le seul moyen pour lui serait d'avoir recourt au couteau. Une mise à mort des moins honorable qui pourtant lui permettrait d'assouvir ses désirs. Louis repensa à son enfance, aux douces années qu'ils avaient passées tous deux, lui et son frère. Deux décennies à ne penser à rien d'autre qu'aux jeux, à la chasse et la baignade dans le lac du domaine. Il songea ensuite à ce qui avait pu le changer aussi radicalement. Leur mère les avait quitté alors qu'il venait d'atteindre son seizième printemps. À partir de ce tragique événement, Charles était devenu incontrôlable. S'il ne buvait pas, il se battait et inversement, des soirs et des nuits durant. Son père avait alors pris la lourde décision de l'envoyer en pensionnat. Il y resta enfermé pendant quatre ans. Abandonné, délaissé et incompris, il s'était enrôlé pour la guerre des Amériques et fit la victoire de la France. En fallait t-il autant pour justifier un désir de vengeance ? Charles méritait-il les droits de la succession ? Cependant, s'il avait eu recourt au couteau pour accélérer la justice, la seule chose dont il méritait était la potence. Après une longue réflexion, il se décida : « Nous allons partir certes, mais nous rendre à Biron serait fort périlleux. J'ai compris les intentions de mon frère lors de sa visite. Nous nous sommes trompés. Charles n'a guère changé et ses intentions n'en sont point moins terribles. »

Françoise se figea et son souffle se fit haletant. Il continua : « Mon père est mort et c'est ce qu'il est venu m'annoncer. Il veut récupérer l'héritage. Nous sommes sur sa route, et il faut envisager le pire. Je ne doute point qu'il ait pu engager un mercenaire pour nous tuer, et peut-être même qu'il est déjà en route, en ce moment même. Je suis l'ainé, à ma mort, c'est Louis l'héritier principal. Pour la survie de nos enfants, nous devons fuir Madame. Demain, vous ferez préparer le carrosse pour notre évasion, nous partirons dans la nuit. J'ai établi un plan d'action bien précis. »

Dans l'ombre de la lumière (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant