Chapitre 2 - Relâche moi ✓

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Avec une prudence extrême, je redécouvris les petites choses du quotidien que tout le monde vivait sans concevoir la chance qu'ils avaient. Le soleil tapait mes pommettes avec une douce chaleur, un vent d'été caressa doucement ma peau, les odeurs s'accumulèrent. Mais toutes ses sensations, je les connaissais par cœur même après deux ans de captivité, assez pour me rappeler rapidement d'elles.

Derrière moi, il n'y avait qu'une porte en fer cachée dans les entrailles de la terre. La seule entrée de l'endroit qui avait été ma maison pendant plusieurs longs mois. Elle se referma aussitôt dans un bruit lourd d'impact, soulagée de mon départ autant que ses habitants. Les arbres cachaient cette entrée secrète où de nombreux monstres étaient enfermés, dissimulés aux yeux du monde comme si cette solution allait effacer leur existence.

Les oiseaux chantonnaient comme dans mes souvenirs pendant que le vent s'amusait à faire parler les branches des arbres. Les couleurs aussi m'avaient manqué. Le bleu du ciel, le vert de la végétation et le brun de la terre s'opposaient au lassant gris de mes anciennes murailles.

Iblis attendit patiemment que je reprenne mes marques. L'euphorie de la liberté passée, un espace aussi vaste m'effrayait. Je n'avais plus l'habitude d'être en dehors de quatre murs, et les limites manquaient.

Avant de me retourner, je pris soin de remonter l'échine. Je pris une grande inspiration avant de me lancer.

— Qui es-tu et que veux-tu ?

Si j'avais bien appris une chose de mon vivant, était que les personnes au pouvoir en France étaient loin de se laisser dicter leur action par n'importe qui. Encore moins de me laisser partir sans rien en retour alors que tout le monde me voyait comme un monstre sanguinaire.

— Je pense te l'avoir déjà dit.

Son ton était sec. Notre petite altercation ne l'avait pas laissé de marbre. Il évitait mon regard et gardait fermement ses mains dans ses poches. Il avait la même expression qu'un enfant auquel on aurait dit non. Les sourcils froncés et sa bouille boudeuse le rajeunissaient.

— Juste le strict minimum ! répliquai-je au tact-au-tac.

À mon tour, je croisais les bras sur ma poitrine et levai les yeux au ciel. En plus de son comportement d'enfant gâté, son bronzage montrait qu'il n'avait jamais eu besoin de se cacher du grand jour. Au contraire, je ressemblais à un cachet d'aspirine. Si je décidais de courir nue dans la neige, personne ne pourrait me différencier du paysage.

Iblis se décida enfin à me regarder et se frotta vigoureusement le front. Il me détailla de haut en bas et j'en fis de même. Mes yeux avaient la particularité de déceler des secrets. C'était dur à expliquer, mais une fois que leur couleur étrange s'illuminait, les mensonges devenaient évidents, certains détails sur le comportement ou l'expression de mes interlocuteurs devenaient clairs et mon instinct était plus développé. C'était entre autres de cette manière-là que j'avais fait fuir pas mal de mes visiteurs en les persuadant que je lisais dans leur pensée. Une odeur subtile de parfum féminin changeait et je pouvais deviner son adultère. Les micro expressions de la douleur et le pressentiment de la mort, et je devinais une maladie. Un battement de cœur irrégulier et un changement de pupille, un mensonge.

Malheureusement pour moi, déceler les sentiments ou les intentions de Iblis semblait peine perdue. Le suivre était ma seule option pour savoir s'il mentait ou non. Et c'est ce que mon instinct me disait de faire, le suivre.

Finalement, il se recentra sur mes yeux.

— Selon les rapports de ton arrestation, tu n'es pas dans les critères normaux, même pour une Quod.

OSTIUM - Jeu [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant