La veille, je m'étais mise à dériver et à dormir sur le comptoir froid du bar. Et bien que mon sommeil avait été profond et réparateur, j'étais confuse de m'être laissée aller alors que j'étais toujours sur mes gardes....
Lorsque je me réveillai pour de bon, la pièce était éclaboussée par le soleil éclatant d'une matinée avancée. Un coup d'œil me permit de dire que j'étais seule dans le lit, une véritable surprise ! Je bougeai chacun de mes membres à titre d'essai avant de me lever. Aucun signe de mon Djinn dans les parages. Je me doutais qu'Iblis n'était pas pour rien dans mon endormissement...
Je pris de l'assurance et fouillai dans l'armoire pour trouver de quoi me changer. La conversation d'hier me revient en mémoire et je pris la peine d'ajouter une cape à la combinaison en velours marron que j'avais pioché. D'ailleurs cette garde-robe aussi bien féminine que masculine d'Iblis me perturbait : pourquoi avait-il des vêtements pour femme dans chacune de ses demeures ?
Je descendis les escaliers pour me retrouver dans le bar de la veille. Personne ne sembla se soucier de ma présence. Par précaution, je ramenai ma cape sur mes épaules et restai silencieuse un moment, à écouter le crépitement et les sifflements du feu. Encore une chose insensée dans ce monde qui avait le climat du Sahara !
Je poussai les battants de la porte pour rejoindre l'extérieur et trouver Iblis. Le vent me chahutait, dénouait la tresse mal faite de mes cheveux. Je fis un pas en avant dès que je l'aperçus pour le rejoindre avant de me rétracter. De loin, il n'avait pas encore remarqué ma présence, et j'en profitais pour l'observer parler. Son interlocuteur n'était autre que l'un de ses Gardiens que j'avais vu jouer, l'homme à six bras. Sans ses armes imposantes, et si l'on oubliait les quatre bras en trop, il avait l'apparence parfaite d'un humain vivant sur Terre.
À défaut de me dévoiler pour aller leur parler, je les observai avec curiosité. C'était toujours comme ça avec Iblis : pour avoir des réponses à mes questions, je devais juste ouvrir les yeux. Je me surpris à être captivée par son regard, il y avait quelque chose d'insolent dans les pupilles, un délicieux mélange d'arrogance et de protection paternelle.
À force de le dévisager, son guerrier intercepta mon regard posé sur yeux. Il me lança un sourire conciliant avant de me faire signe de les rejoindre avec sa main droi... Laissez tomber !
Je traversai la rue pour arriver à leur niveau. L'inconnu posa une de ses paumes sur mon front :
— Je m'appelle Irdean ! Enchanté de faire ta connaissance Mademoiselle !
Je clignais plusieurs fois des yeux. Minuscule face à ces deux hommes, le ton qu'il employait me fit retomber en enfance, comme lorsque mon père me présentait à ses collègues et que j'étais sa petite princesse. J'avais la sensation d'être une fillette bien entourée.
Je tendis une main vers lui pour me présenter :
— Hel, contente de te connaître.
J'étais honnête. Son visage d'un homme ayant vécu des années difficiles, son sourire honnête accentué par les ridules de ses yeux le rendait accueillant ; et ses cheveux couleur miel me rappelaient là d'où je venais.
Irdean tapota l'épaule d'Iblis comme s'ils étaient deux amis en train de discuter du beau temps.
— Pour une jeune fille intenable, je la trouve plutôt polie !
Mes lèvres se déformèrent dans une grimace et je fusillai le Djinn du regard. Savoir qu'il parlait sur mon dos ne me plaisait pas franchement. Bon, j'étais intenable, ce n'était pas un mensonge non plus !
Le plus ancien essaya d'apaiser les tensions en lançant un rite nerveux.
— Et si l'on jouait à un jeu ? lança-t-il.
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OSTIUM - Jeu [PAUSE]
Fantasy[Ostium : du latin « entrée, embouchure »] Avez-vous déjà rêvé de l'existence d'un autre monde ? Moi oui, seulement je n'ai pas uniquement rêvé ... J'en fais désormais partie. Et cet univers est régi par les voeux et les décisions prises grâce aux j...