OSTIUM - Jeu [PAUSE]

Chapitre 12 : Interrogatoire

Qu'est-ce ce qui me prenait à réagir au quart de tour sans me poser de questions au préalable ? En définitive, j'étais en train de regretter le choix que je venais de prendre.

Pourquoi fallait-il que je m'accroche à un quelconque désir de reconnaissance ? Ce n'était pas comme si je ne savais pas que j'avais commis un péché odieux et impardonnable, mais la sensation d'être transparente dans une foule et d'être normale était trop intense. Je ne pouvais pas résister.

Déambulant entre les rues rougeoyantes de la ville, le soleil était au plus bas à l'horizon. Dans quelques instants, je serais plongée dans le noir. Avec plus d'entrain, j'évitai de frôler les habitants que je croisais pour ne pas provoquer une situation compromettante. Sans quitter des yeux la cape noire devant moi, je le suivis sans chercher un seul instant à être discrète.

Il tourna à une intersection et j'accélérai la cadence pour ne pas le perdre. Arrivée à son niveau, il avait disparu. Hésitante sur la voie à suivre, j'avançai lentement devant moi. Un établissement semblait ouvert, il avait certainement dû y rentrer.

J'ouvris les battants de la porte et je me retrouvai dans un lieu qui m'était familier à une époque, un bar. Un sourire moqueur se dessina sur mes lèvres. Enfermée pour mes crimes, j'avais pensé être exécutée et non me retrouver dans un bar dans un autre monde.

Personne ne remarqua ma présence, il ne me fallut pas longtemps avant de trouver la personne que je recherchais. Près d'un comptoir fabriqué avec des cristaux rouges, il était accoudé et parlait avec un être tout aussi marginal. L'homme que j'avais suivi me fit signe de le rejoindre et je m'exécutai.

— Est-ce que tu m'aurais suivi jusqu'ici ? demanda Sin, amusé.

Il leva un sourcil pour me sonder. Face à son regard d'or, je ne savais pas quoi répondre. Je ne savais même pas pourquoi je l'avais suivi. En voyant sa silhouette, j'en avais juste senti l'envie. Pour seule réponse, je me contentai d'hausser les épaules.

Je m'assis à côté de lui et observai le barman. Un être avec une peau grisâtre dont le corps était parsemé de cristaux rougeoyants assortis au bar. Chauve, il portait une couronne faite de ces mêmes minéraux rouges. Une corne au centre et deux autres sur les côtés ressortaient plus que les autres. Il n'avait pas de pupilles, ce qui me déstabilisa.

— Que veux-tu boire Gabrielle ?

La voix de l'être me fit sursauter. Le son semblait sortit d'un modificateur de voix électronique. Et comment connaissait-il mon nom ? Je lançai un regard en biais à Sin qui me couvait du regard.

— Les Kristins sont des êtres qui peuvent lire à travers une personne d'un simple regard. Ils sont incapables de mentir mais ils n'aiment pas utiliser leur don pour les Djinns.

Avec une moue dubitative, je fronçais les sourcils. Ce monde allait me surprendre tous les jours. L'être déposa un verre en argile devant moi.

— Tu devrais apprécier cette boisson.

Le Kristin alla parler à d'autres clients sans se préoccuper de moi.

— Comment est-ce qu'on paye ici ? demandai-je à l'autre Quod.

— Il savait que j'allais te l'offrir, après tout je sens bien que tu ne me diras pas ce qu'il ne va pas tant que ne te détendra pas un peu !

Je tournai le verre dans mes mains sans pouvoir regarder l'humain. Il se comportait comme un gardien avec moi alors, qu'à l'évidence, nos Djinns étaient rivaux. La possibilité de participer à des jeux ou de tuer me terrifiait. Et le Djinn avec lequel je vivais pouvait me contrôler avec la marque sur mon poignet. Instinctivement, je touchais le cercle rouge épineux du bout des doigts.