ROMÉO

Chapitre 7 : Mathéo

Vendredi 4 Novembre,Domicile des Rain.

- Merci Madame mais je préfère rentrer ... chez moi. Je ne veux pas que ma ... famille s'inquiète.

- Tu es sûr que tu ne veux pas rester te reposer un peu, au moins ? Va dans la chambre de Romain et essaie de fermer les yeux un petit peu. Je te réveillerai dans une heure.

- Si vous insistez, mais il faut que je sois rentré pour vingt et une heure.

- C'est entendu. Deuxième porte au fond du couloir à l'étage.

- Merci.

Je m'affale sur le lit de mon petit-ami ( utiliser cette expression est très étrange ! ), sans pour autant pouvoir trouver le sommeil. Je viens de passer une journée beaucoup trop dure pour qu'elle puisse être réelle : mon copain se fait draguer par son ex-petite-amie, puis il fait un malaise en plein centre-ville, et en refait un à l'hôpital. Puis sa mère apprend pour nous deux et pique une crise avant de nous avouer que c'était de l'humour. Sans oublier qu'un nouveau garçon arrive aujourd'hui dans la famille d'accueil car "Jack" est mort d'une overdose, et d'après ce qu'a dit l'autre enfant avec nous dans son message, le nouveau serait un peu déroutant.

- Mathéo ! crie d'un coup Romain, me faisant capter que j'ai finalement dû m'assoupir.

- Romain ! je lui réponds en m'approchant de lui pour l'embrasser, quand je me rends compte que quelque chose cloche. Euh ? Ro' ? Tu as l'air bizarre. T'es sûr que ça va ?

- Tu te fiches de moi, j'espère ?! son ton montant crescendo. Je croyais que tu me faisais suffisamment confiance pour pouvoir me parler de ce genre de choses ! Surtout que ça fait deux fois que j'essaye de savoir ! Mais non. Rien. Nada.

- Oh ! Calme toi Romain. Dis-moi ce qu'il se passe car tu me fais peur ! Et tu sais bien que je te porte une confiance aveugle.

- Non, je l'ignore. On ne se connaît même pas et on est déjà en couple. Je veux dire que je ne sais rien de toi. Par exemple, ton plat préféré : je suis incapable de dire ce que c'est. Mais où va-t-on si on part comme ça ? On fonce droit dans le mur et on n'y peut rien !

Je ne suis pas vraiment sûr de vraiment saisir l'enjeu de la conversation. Que faut-il faire dans ce genre de situation ? Je pense que je vais laisser Romain se défouler : après tout, il a passé une rude journée, lui aussi. Aussi, une fois la tempête apaisée, une certaine gêne s'installe. Paniqué, je cherche le moyen de briser la glace :

- Strudel.

- À tes souhaits.

- Non, tu n'as pas compris : c'est ça mon plat préféré. Il s'agit plus d'un dessert succulent à bases de pommes. Il faut vraiment y goûter pour pouvoir l'apprécier.

- Ah, répond-il vaguement.

Nos regards se croisent et nous explosons de rire. Et bien que ce ne sont que nos nerfs qui lâchent, je sens la tension se désamorcer.

- Sérieusement Romain, que se passe-t-il ?

- Il se passe que j'aurais aimé apprendre de ta bouche que tes parents t'avaient abandonné plutôt que par celle de ma meill... d'Éléanore ! Tu sais que tu peux m'en parler ! On est un couple, oui ou flûte ?

- Tu as dit à l'instant qu'on ne se connaissait ...

- Ne change pas de sujet, me coupe-t-il.

- Bon, très bien : j'ai essayé de t'en parler plusieurs fois mais à chaque fois, je n'ai pas réussi, je finis par lui avouer. Oh Romain ! J'éprouve tellement de honte, si tu savais comment je m'en veux ! Je savais que mes parents ne m'appréciaient pas énormément mais jamais je n'aurais pu songer qu'ils m'abandonnent de la sorte. Souvent, je n'en pouvais plus d'eux et j'ai imaginé tant de scenarii de fugue que ça n'est pas sensé m'atteindre. Mais je me sens horrible et monstrueux car ma propre mère m'a lâché comme si je ne représentais rien pour elle, hormis un obstacle à son bonheur !