ROMÉO

Chapitre 14 : Romain

Vendredi 23 Décembre, Rue des Horaces.

- Où est-il ? Cela ne me rassure vraiment pas ! Pourquoi est-ce qu'il ne décroche pas son téléphone ?

- Réessaye, enfin ! Tu sais autant que moi que tout ceci ne peut pas attendre.

- Je sais Camille ! s'énerve Mathéo. Inutile de me le répéter toutes les trente secondes.

- Calme-toi mon chou ou tu vas faire un AVC.

Il est là. Avec une fille que je ne connais pas. Assis sur un banc. L'air est vraiment pesant aujourd'hui : pourquoi ai-je voulu porter une chemise à manches longues ? Cet hiver je n'ai eu de cesse de revêtir des tenues très estivales comme des t-shirts et des bermudas, mais aujourd'hui que le temps est exceptionnellement chaud, je suis en pantalon et en haut avec des manches. Je ne suis vraiment pas net.

Ils ne m'ont pas encore vu, ce qui me donne une idée : je vais me glisser derrière eux et leur faire peur.

- Bonjour ! dis-je coupant court à leur conversation.

- Ah tout de même, me dit Mathéo, d'un ton peu rassuré.

- Je vous dérange peut-être tous les deux ?

- Inutile de te vexer Romain, mais cela fait bientôt deux heures qu'on essaye de te joindre sans succès.

- Oui, c'est normal, mon téléphone m'a encore lâché mais je vais passer chez mon beau-frère qui s'y connaît un peu pour qu'il puisse changer la batterie ...

- Mathéo, s'il te plaît, on n'a pas le temps de tergiverser, lui intime la fille subrepticement.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? je demande pour cacher mon anxiété. Qu'y a-t-il Mathéo ?

- Et bien... Comment te dire ? hésite-t-il.

- Où, quand, et comment as-tu rencontré Éléanore ? dit finalement sa comparse.

- Camille !

Camille ? J'ai déjà entendu ce prénom quelque part. La sœur d'accueil de Mat' ne s'appelle pas comme cela ?

- Désolée d'avoir creusé l'abcès mais je ne comptais pas prendre racine, ironise-t-elle.

- Pourquoi voulez-vous le savoir ? Je ne sais pas, il y a bien quatre ans qu'on se connaît, sûrement. Il s'est passé quelque chose ?

- Où exactement ?

- On devait être dans la même classe, j'imagine, dis-je tout en sachant parfaitement que mon mensonge ne passera pas.

- Comment s'appelait le collège ?

- Certainement pas Henri IV, dis-je pour détendre l'ambiance. D'ailleurs, vous avez vu leurs résultats, ils sont vraiment très bons.

- Romain, s'il te plaît ! Que s'est-il passé durant ton année de Cinquième ?

- Mais enfin, rien du tout Mathéo.

- Souviens-toi ! S'il te plaît, c'est important.

- Puisque je te dis qu'il n'est rien arrivé ! je tente de me défiler, sans que cela ne fonctionne.

- Souviens-toi ! Souviens-toi ! scande Mathéo qui se met à pleurer. C'est l'été avant la rentrée et tu es chez tes grands-parents : il fait chaud, il fait beau et le lendemain c'est la rentrée des classes. Tu n'as pas oublié tout de même ?

- Stop. Tais-toi. Tu n'as pas le droit de savoir.

- R-R-Romain ! Ta voix ! Que t'arrive-t-il ?