Chapitre 16 : Alisée

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Mercredi 16 Août, Maternité de l'HôpitalRadley.

Enfin ! Après neuf mois de grossesse et plus de six heures d'accouchement sans péridural, mon joli bébé, mon magnifique bébé, mon merveilleux bébé est né. Déjà, je vois tout ces gens qui m'ont accompagnée durant ces derniers mois : mes anciens camarades de Seconde, mes professeurs de Première, Romain et Mathéo, ils sont tous là, même ma Nanny. Pour parfaire le tableau, il aurait fallu que Père soit là. Mais il n'a pas donné un seul signe de vie depuis l'annonce de ma grossesse. Tant pis pour lui ! Va bene : mon bébé n'aura pas de grand-père. De toutes manières, Nanny et Madame Rain rempliront très bien leur rôle de grand-mères. Car c'est ce qu'elles sont : toutes les deux ont été de véritables mères pour moi.

- Comment s'appelle-t-il ? C'est une fille ou un garçon ? me demande Camille, surexcitée. Oh allez, dis-le nous ! Depuis le temps qu'on veut le rencontrer ce petit bout de choux.

- C'est un garçon et il s'appelle Perdican, dis-je tout en essayant de rester neutre face aux visages étonnés qui accueillent le prénom de mon enfant.

- Perdican ? Mais c'est étrange ! Pourquoi ce prénom loufoque ? C'est pas un peu ridicule.

- Tais-toi Alex ! intime Mathéo.

- Non, il a raison pour une fois, dis-je avant d'expliquer le patronyme de mon enfant. Mais croyez-moi, j'ai effectué ce choix sciemment et même Mathéo et Romain en ignorent la raison. Quand j'habitais encore chez mon père, il y avait un livre que j'ai lu un nombre incalculable de fois. Il s'agissait d'une pièce de théâtre romantique d'Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'Amour. Lors d'une conversation houleuse, Camille et Perdican expriment tous deux leur vision de l'amour : l'un exprimant une idylle pure et sacrée ; l'autre revendiquant une passion plus ardente et inconstante. Selon moi, aucun des deux n'a tout à fait raison car aimer n'est ni pur ni impur, ni vertueux ni vice, ni honnête ni hypocrite. Non aimer est bien plus complexe que cela. C'est un peu comme dans un autre roman que j'avais lu, qui exprimait deux visions différentes d'un même sujet donné où la vérité n'était pas dans l'une ou l'autre des versions, mais bien à la jonction entre les deux parties.

- Je ne comprends toujours pas, avoue Ava, bientôt rejointe par tous les gens présents.

- Et bien, je poursuis. Mon adorable enfant est le fruit d'un amour perdu entre ces deux idéaux. Perdican représentait, quand il était dans mon ventre, la conséquence d'une erreur de jugement, mais maintenant, il symbolise le renouveau et la genèse d'un âge meilleur.

- C'est d'une complexité ! soupire Ava.

- C'est en général ce qu'est l'amour.

- Tout ce qu'il m'est nécessaire de savoir, c'est que je t'aime Perdican, dit Mathéo en l'embrassant sur le front, les larmes aux yeux.

- Perdican ? J'aime bien, reprend Romain, une main sur l'épaule de son copain.

- Il est trop mignon avec ses yeux bleus, continue Ava.

Une demi-heure après, tous mes visiteurs étant partis, je récupère enfin mon bébé et je l'emmitoufle dans ses couvertures. Puis je remonte avec lui dans ma chambre pour plus de tranquillité.

- Et moi, ta mère, je t'aime plus que tout Perdican, je conclus en m'endormant devant ses yeux grands ouverts.

ROMÉOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant