ROMÉO

Chapitre 17 : Romain

Trois ans plus tard, Jeudi 20 Août, Domicile de Romain et Mathéo

Tout sauf cela ! Pourquoi faut-il que cela m'arrive à moi ? Il fallait que ces incompétents ré-ouvrent leur enquête trois ans et demi après les faits et en plus la veille de mon mariage ! Tout ceci ne peut être vrai ! Et s'ils avaient des preuves ? Ils ne mettront pas longtemps à remonter jusqu'à moi, le seul témoin oculaire. Même morte, Éléanore continue de m'attirer des ennuis. Il est hors de question que Mathéo soit au courant de cette nouvelle enquête car à vingt-quatre heures de la cérémonie, il serait dans tous ses états. Et puis il n'est pas sot : il comprendrait très vite que je l'ai poussée volontairement. Je ferme le clapet de l'ordinateur et je me prépare pour aller courir.

- Déjà réveillé, mon amour ? me demande gentiment Mathéo.

- Sapristi ! Tu m'as fait une de ses peurs, je m'exclame en sursautant.

- Sapristi ? Depuis quand dis-tu Sapristi ?

- Depuis toujours. Bon j'y vais, à tout à l'heure, je t'aime ! je coupe court à la conversation, car je suis incapable de le regarder dans les yeux.

Après deux bonnes heures d'efforts intensifs, je rentre finalement dans notre studio du centre-ville, le corps dégoulinant de sueur. En poussant la porte d'entrée, je vois l'ordinateur allumé et ouvert sur la page d'informations. Pris de panique, je jette un coup d'œil dans notre petit appartement et ouvre toutes les portes à la recherche de Mathéo. Finalement, je le trouve accoudé à la fenêtre, en haut dans la mezzanine, une cigarette dans sa main droite.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? je demande en désignant sa cigarette. Tu fumes ? Depuis quand ? Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé !

- Oui, une de temps en temps. Au lieu de t'énerver, tu pourrais m'expliquer cette histoire d'enquête ? Pourquoi ne pas m'en avoir informer ?

- J'avais besoin de digérer l'information, Mathéo ! Suis-je obligé de mentir pour ne pas avouer que je cherchais juste à l'éviter. J'étais là quand elle a décidé de se tuer. C'est très bouleversant que la Police décide de ressasser tous ces événements. Tu ne sais pas à quel point c'était traumatisant ! Pourquoi n'a-t-elle pas le droit de reposer en paix ?

- Hé, doucement, calme-toi ! Je suis désolé Romain. Mais cependant, tu n'es pas le seul à avoir souffert de sa mort et tu n'as pas le monopole du deuil !

- Le monopole du deuil ? je répète dans un rire hystérique. Tu sais quoi ? Je préfère m'en aller et clore cette conversation avant que tout ceci ne dérape et que l'un ou l'autre de nous deux dise quelque chose qu'il pourrait regretter. Donc je vais prendre une douche et tu vas m'éteindre cette clope !

- Non, je file au poste car je vais être en retard. Passe-moi mon uniforme s'il te plaît.

- En retard, mais pourquoi ? Tu n'étais pas censé avoir ta semaine, pour tu sais, le mariage par exemple.

- Si mais ma cheffe d'équipe veut me voir : elle a appelé ce matin. Et au téléphone elle semblait grave, plus que d'habitude.

Et si sa boss était au courant de quelque chose ? Il ne faut surtout pas que Mathéo discute avec elle ou bien je peux lui dire adieu !

- Mais ! je l'interpelle alors qu'il enfile sa veste bleue marine. On n'était pas supposé regarder un film ensemble cette après-midi ?

- C'était la semaine dernière et en plus nous avons quitté la salle de cinéma avant la fin car ce n'était pas fameux.

Dans une dernière tentative de le faire rester chez nous, je lui attrape le bras et je le tiens fermement.

- Non mais t'es malade ou quoi ? Lâche mon bras ! Tu me fais mal !