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Céleste

J'étais en train de regarder par la fenêtre en me demandant à quoi ressemblait le monde en dehors d'Area quand ma mère a débarquée en trombe dans ma chambre.

« - Ton proviseur vient de m'appeler, c'est quoi cette histoire de gomme lancée dans le dos du prof d'histoire ? »

Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en coin, cet éternel petit sourire souvent plaqué sur mon visage.

J'ai répondu l'air de rien :

« - Une gomme ? Je ne sais pas moi tu sais très bien que je n'ai aucun intérêt à chercher des emmerdes avec mon prof d'histoire... »

Ma mère a affiché sa tête tiraillée entre l'envie de me gronder, ou de celle d'entrer dans mon jeu.

C'était souvent comme ça avec elle, nous avions une relation mère/fille assez spéciale. On se rapprochait plus des meilleure amies qu'autre chose, on rigolait beaucoup ensemble, mais on se disputait aussi assez souvent. Lors de nos disputes, ma mère ne me sortait jamais le couplet du « je ne suis pas ta pote », d'abord parce que c'était faux, et ensuite parce qu'elle savait qu'elle n'aurait fait qu'empirer les choses en disant cela.

Il est vrai que pour sa défense, je ne suis pas facile à vivre.

Je suis ce qu'on pourrait appeler « sauvage », en tout cas c'est ce que les gens disent de moi quand ils croient que je ne les entends pas.

Ma mère aussi le dit, et elle a sans doute raison, mais en générale elle rajoute que je suis rebelle, et que si les choses ne me plaisent pas je ferais tout pour les modifier à ma façon.

Elle a raison je l'avoue, mais c'est plus fort que moi.

Je collecte un bon nombre de défauts c'est vrai, mais la rébellion obtient de loin la première place.

Je suis froide, sauvage, irrespectueuse, sans aucun tact.

Mais s'il y a bien un défaut que je n'ai pas c'est l'égoïsme.

C'est sur que d'apparence on pourrait croire le contraire, mais malgré mon mauvais caractère dont je suis consciente je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour rétablir la justice, et pour aider les autres.

C'est assez contradictoire c'est vrai, mais j'ai en horreur l'injustice et la souffrance chez des personnes qui ne le méritent pas.

Ma mère dit que je suis altruiste, que je fais passer le bonheur des autres avant le moyen, et elle en parle avec beaucoup de fierté comme si c'était une immense qualité.

Personnellement, je vois plutôt ça comme un gros défaut.

« - Ah ? Ce même prof d'histoire à qui tu as mis une punaise sur sa chaise et qui t'as mis dans le bulletin comme appréciation « Que fais Céleste parmi nous ? » ? »

J'ai fis mine de réfléchir intensément, c'est-à-dire les sourcils froncés, la bouche qui fait la moue, et un petit regard vague.

« - Hum... Peut-être. Ou peut-être pas. »

J'ai asséné mes paroles d'un sourire provoquant.

Ma mère a levé les yeux au ciel et fait un geste de la main de désolation, mais non sans réussir à cacher un petit sourire au coin des lèvres.

Elle a quitté la pièce sans autre commentaire, ce qui ne fit qu'accentuer mon sourire satisfait.

En cours, je suis ce qu'on pouvait appeler une « perturbatrice ». J'aime élever la voix quand un prof dit quelque chose qui ne me plait pas, j'aime faire rire la population tout en restant affreusement distante. Je suis le genre à faire des petits commentaires drôles, mais à ne pas se laisser approcher par des gens qui veulent sympathiser.

Au fond je crois que j'aimerai me faire des amis, mais je suis assez solitaire, et je préfère les amitiés passives pour rigoler que des véritables sentiments profonds de partage.

C'est dommage pour les autres c'est vrai, il faut dire que j'attire le regarde, mais à première vue pas pour les raisons que je voudrais.

La première chose qu'on voit chez moi, comme chez tout le monde me direz vous, c'est mon physique.

Je ne suis pas moche, j'en suis consciente, mais croyez moi parfois j'aimerai être normale, ne pas être regardée comme une proie à afficher sur un tableau de chasse par tous les spécimens mâles qui me croisent.

Juste des fois j'aimerai être moche, ça me rendrait d'une part plus humaine, et d'autre part moins... froide peut être ?

Si je n'étais pas jolie je serais plus ouverte, je ne serai pas méfiante avec tout le monde, je ne serai pas « sauvage ».

Je me laisserai approchée, et je serais comme toute adolescente de dix huit ans en terminale, j'aurais des amis un petit ami aussi peut être.

Je sais, il y a pleins de filles qui quand elles me voient aimeraient me ressembler, j'en suis tout à fait consciente.

Mais l'on n'est jamais content de ce que l'on possède n'est ce pas ?

Les Zones  -Tome 1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant