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Clive

Ce qui reste de Céleste s'écroule sur le sol dans un bruit sourd, qui résonne aux oreilles de tous ceux présents dans la pièce comme une sentence irrévocable.

James me décoche un crochet du droit.
Je tombe à la renverse, et m'écroule sur le sol, un filet de sang coulant de ma tempe.

Sonné, mon regard se pose sur la silhouette au sol.

Léna se met à trembler, dans un semblant de lucidité, elle attrape la main d'Océane, et la plaque sur la poitrine de Céleste.

« - Vas-y ! Guérie la ! »

Océane qui a repris ses esprits réalise l'importance de la situation, et se met à fermer les yeux.

Sa bouche se tord sous la gêne, elle rouvre les yeux, les lèvent sur Léna, et chuchote :

« - Je ne peux pas prendre la douleur. Je ne sens pas de douleur.

- Comment ça tu ne sens pas de douleur !? Comment ça se fait !? S'énerve Léna, et c'est la première fois qu'on l'entend élever la voix.

- C'est parce qu'elle n'a pas mal. Je... suis désolée. C'est... trop tard...

- Océane pour une fois fais quelque chose d'intelligent et sauve la ! Hurle Léna, folle de rage. »

Léna ne comprend pas, elle est aveuglée par les larmes, elle n'arrive pas à comprendre.
Les mots ne font pas le chemin dans son esprit, elle voit le corps sans vie de Céleste gisant sur le sol, mais son cerveau refuse de comprendre.

Sa peau pâle, ses yeux bleus grand ouverts, exorbités, ses lèvres violettes, ses mains serrées sur sa gorge, son visage sans nuances, ayant perdu les couleurs qu'alimente la vie.

Il n'y a que trois mois pouvant décrire une telle situation, trois petits mots dévastateurs, trois petits mots qui font tout leur chemin jusqu'à la tête de Léna, ainsi qu'à la mienne, trois petits mots qui ne font qu'illustrer une vérité aussi sanglante que rapide et inexplicable.

Céleste est morte.

***

Parfois, quand le choc est trop violent, notre cerveau se met automatiquement en "veille".

Il se stoppe temporairement, et empêche le système nerveux de comprendre, il bloque la mémoire, et renie la vérité.

C'est un système naturel pour nous protéger, pour nous aider à supporter la douleur.

Seulement, quand on réalise, quand on comprend que plus jamais rien ne sera comme avant, on retient notre respiration.

On s'arrête de respirer, on regarde autour, cherchant un soutient sans vraiment trouver.

On retient notre respiration, jusqu'à ce que nos poumons s'enflamment, que la pression devienne trop forte, insupportable, et que tout explose dans notre poitrine, et que les larmes sortent enfin.

Dans ces cas là, dans un choc comme celui là, on oublie, on fait abstraction de ce qui se passe autour, et tout ce qui compte c'est de retenir sa respiration, de ne jamais laisser s'échapper un souffle, la moindre étincelle d'air qui puisse signer l'arrêt de mort.

Mais il y a un moment, un moment critique ou l'on n'est obligé de relever la tête, d'ouvrir les yeux, et de laisser le souffle s'échapper de nos poumons.

C'est le principe de la noyade, retenir sa respiration coûte que coûte, sans jamais relâcher la pression, de peur que l'eau ne s'engouffre dans nos poumons.

Les Zones  -Tome 1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant