Belly

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Allongé dans son lit, Scorpius laissait ses pensées dériver. Il n'avait jamais été du genre à céder facilement au sommeil. Au contraire, il le fuyait presque. Le sommeil apportait des visions, des cauchemars. Des souvenirs. Souvent, Scorpius avait l'impression de sentir son esprit tourner à plein régime, se torturer, poursuivre des chimères dans la nuit, tout plutôt que de céder à ce grand vide qui lui tendait les bras, à cet abandon peuplé de cris, de sang et de larmes.

Dans ses rêves, Scorpius voyait sa mère. Il se rappelait très peu de choses d'elle, si ce n'était qu'elle avait les cheveux noirs, comme lui. Et il se rappelait le son de sa voix. Le son de sa voix tandis qu'elle criait...

Astoria Malefoy était morte lorsque Scorpius avait cinq ans. Aujourd'hui, plus de six ans après, sa mort était quasiment le seul souvenir qu'il conservait d'elle. Et cela, plus que tout le reste, lui broyait le cœur...

- Tu veux que je te chante une berceuse ? siffla soudain une voix au bout du lit.

Scorpius jura et agrippa sa baguette pour jeter un sort de silence sur le baldaquin :

- Belly ! articula-t-il alors. Tu sais que tu dois me prévenir avant de me faire ce genre de frayeur ! Les autres élèves me lyncheraient s'ils apprenaient que je suis Fourchelangue...

Sinueusement, Belly se glissa entre les draps pour parvenir jusqu'à son oreiller :

- J'étais parti explorer un peu les conduites d'eau, susurra le serpent. Tu sais que la plomberie est réellement immense ici ? Si immense qu'un Basilic tout entier a pu s'y déplacer sans que personne ne le voie !

- Oui, je le sais, Belly, répondit Scorpius, amer. Même que c'est le père de monsieur Albus Potter en personne qui l'a combattu.

Belly se coula tout contre sa joue, redressant la tête pour le regarder dans les yeux. Doucement, Scorpius caressa le tracé lisse et frais de ses écailles :

- Il m'a l'air gentil, cet Albus, déclara Belly.

Scorpius se fendit d'un sourire cynique :

- Il est dangereux. Et agaçant. Et stupide.

- Et drôle.

- Tu ne dois pas avoir un très grand sens de l'humour.

Belly lui lécha le bout du nez :

- J'ai plus d'humour que toi en tout cas.

Silencieux, le serpent s'enroula sur lui-même et prit confortablement place sur l'oreiller :

- Si tu avais si peur que je t'attire des ennuis, tu n'aurais pas dû m'emmener à Poudlard.

- Je n'avais pas le choix.

Scorpius caressa de nouveau le serpent du bout du doigt :

- Tu es mon seul ami.

Belly remua la tête, tout enorgueilli, mais il reprit malgré tout :

- Ton père va s'en apercevoir.

- Si tu veux mon avis, il s'en est déjà aperçu.

- Et tu crois qu'il ne va rien dire ?

Scorpius haussa les épaules :

- Il sait ce que ça fait de se sentir seul.

Tendrement, Belly pressa sa tête contre sa joue, pour le consoler. Alors, le petit serpent murmura :

- Bonne nuit, Scorpius.

- Bonne nuit, Belly.

XXX

Pandemonium (Scorpius x Albus)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant